Le dirigeant chinois Xi Jinping a rencontré le président russe Vladimir Poutine et d’autres dirigeants de l’Inde, du Pakistan, du Kirghizistan, du Tadjikistan et de l’Ouzbékistan pour son premier déplacement hors de Chine en plus de deux ans.
L’objectif de cette réunion, baptisée « sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai », est de « renforcer un groupe de sécurité formé par Pékin et Moscou pour faire contrepoids à l’influence des États-Unis », selon NPR News.
Cette visite constitue le premier voyage diplomatique de Xi Jinping à l’étranger depuis le début de la pandémie de Covid-19 dans la ville de Wuhan, début 2020.
L’arrivée de Xi Jinping au Kazakhstan, le 14 septembre, intervient un mois avant le 20ème congrès du Parti communiste chinois (PCC) à Pékin. Ce congrès, qui a lieu tous les cinq ans, devrait permettre à Xi Jinping d’obtenir un troisième mandat en tant que président de la Chine, ce qui constitue un fait sans précédent.
« Nous apprécions l’approche équilibrée de nos amis chinois »
Au cours de la réunion en Ouzbékistan, Vladimir Poutine a remercié Xi Jinping pour son « approche équilibrée » de la crise ukrainienne et a critiqué Washington pour sa « politique sinistre » et ses sanctions radicales contre l’énergie russe.
Vladimir Poutine a également déclaré qu’il était prêt à discuter des « préoccupations » non spécifiées de Pékin concernant l’Ukraine.
« Nous apprécions hautement la position équilibrée de nos amis chinois en rapport avec la crise ukrainienne », a déclaré Vladimir Poutine tout en faisant face à Xi Jinping, autour d’une longue table.
« Nous comprenons vos questions et vos préoccupations à cet égard, et nous allons certainement offrir une explication détaillée de notre position sur cette question lors de la réunion d’aujourd’hui, même si nous en avons déjà parlé plus tôt », a-t-il ajouté.
Une déclaration publiée par le ministère chinois des affaires étrangères à l’issue de la rencontre, indique que, bien que les deux dirigeants « n’aient pas spécifiquement mentionné l’Ukraine », ils ont pris note de la promesse de Xi Jinping de maintenir le « soutien ferme » de Pékin aux « intérêts fondamentaux » de la Russie.
Sur Taïwan et l’Ukraine
Bien que la déclaration n’ait pas donné plus de détails sur l’Ukraine, les experts ont noté que les « intérêts fondamentaux » évoqués par Pékin pour décrire les questions relatives à la souveraineté nationale, ainsi que la revendication territoriale du PCC sur Taïwan, jette une ombre inquiétante en ce qui concerne la volonté du PCC de récupérer par tous les moyens l’île autonome, même si cela doit se terminer par une guerre.
Les tensions se sont intensifiées entre la Chine continentale et Taïwan suite à la visite imprévue de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, à Taipei le 2 août. Le voyage de Nancy Pelosi a constitué la visite la plus importante d’un haut fonctionnaire américain depuis 25 ans, et a souligné l’obligation de Washington de fournir une formation militaire et toute autre aide nécessaire à Taïwan pur contrer une éventuelle invasion communiste, comme le prévoit la loi de 1979 sur les relations avec Taïwan(TRA).
« Nous condamnons les provocations des États-Unis et de leurs satellites dans le détroit de Taïwan », aurait dit Vladimir Poutine à Xi Jinping.
Le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov, a déclaré aux journalistes après la réunion que Moscou et Pékin étaient « sur la même longueur d’onde » en ce qui concerne les évaluations relatives à l’Ukraine. Sergey Lavrov a également qualifié d’« excellents » les entretiens entre les deux dirigeants et a déclaré que la réunion s’était déroulée de manière très professionnelle et concrète, avec une discussion sur « les tâches à accomplir par les différents ministères et agences. »
« Nous n’avons pas de divergences » et nous sommes entièrement d’accord sur cette question, a-t-il indiqué, ajoutant que les deux pays « continueront à coordonner leurs actions, y compris lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies. »
Signification politique
Certains observateurs voient dans le déplacement de Xi Jinping après une si longue période sans quitter le Chine, une indication comme quoi il est sûr de lui quant à sa candidature à un troisième mandat de président chinois.
« Les voyages de Xi Jinping à l’étranger en ce moment reflètent sa confiance dans sa position politique intérieure et un signe qu’il a déjà obtenu les points clés de l’agenda politique du 20ème Congrès du PCC », ont écrit les analystes de la société de conseil en risque politique SinoInsider dans une lettre d’information du 15 septembre.
Selon cette lettre, les dirigeants de Xi Jinping « cherchent à renforcer les relations avec les pays d’Asie centrale, en particulier ceux qui produisent du pétrole, afin de compenser quelque peu les pressions exercées sur la République populaire de Chine (RPC) par l’ordre mondial dirigé par les États-Unis et son programme climatique ».
En outre, Pékin cherche à mettre à nouveau l’accent sur ses investissements dans les infrastructures de la « Belt and Road », en réaction aux opinions de plus en plus négatives sur la Chine communiste et sa diplomatie agressive de « loup guerrier », ainsi qu’aux « revers découlant de la guerre Russie-Ukraine. »
« Des pays comme le Kazakhstan et l’Ouzbékistan espèrent que la Chine et la Russie leur lanceront une bouée de sauvetage économique et renforceront leur sécurité nationale à mesure que les États-Unis et leurs alliés abandonneront les combustibles fossiles », a écrit SinoInsider, spécialisé dans la prévision de la politique des élites en RPC.
Dans le même temps, Xi Jinping est sur la corde raide lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine, car « le renforcement de l’amitié et des liens bilatéraux entre la Chine et la Russie pourrait inciter l’Occident à exercer des pressions supplémentaires et indésirables sur Xi Jinping et la RPC avant le 20e Congrès du PCC », indique l’analyse.
Pékin espère renforcer sa position en Asie centrale
Lors de sa rencontre avec le président kazakh Kassym-Jomart Tokayev le 14 septembre, Xi Jinping a souligné son soutien à l’intégrité territoriale du Kazakhstan, et pourquoi il était important de renforcer les relations diplomatiques entre les deux nations.
« Quelle que soit l’évolution de la situation internationale, nous continuerons à soutenir fermement le Kazakhstan dans la protection de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale, ainsi qu’à soutenir fermement les réformes que vous menez pour assurer la stabilité et le développement, et à nous opposer fermement à l’ingérence de toute force dans les affaires intérieures de votre pays », a déclaré Xi Jinping dans un communiqué publié par le gouvernement du Kazakhstan.
L’ancienne république soviétique, connue pour être un proche allié de la Russie et de la Chine, se serait sentie « plus intimidée par les menaces potentielles à son intégrité territoriale » depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie lancée le 24 février.
La région fait également partie de l’ambitieuse initiative chinoise « Belt and Road », qui a été mise en place dans l’intention de promouvoir l’essor de la Chine sur la scène internationale. Le projet vise à développer le commerce par le biais de ports, de chemins de fer et d’autres projets d’infrastructure dans plusieurs pays, du Pacifique Sud au Moyen-Orient, en passant par l’Asie, l’Europe et l’Afrique.
Les experts ont souligné que les percées économiques et les investissements de la Chine en Asie centrale ont alimenté le malaise de la Russie qui considère la région comme faisant partie de sa sphère d’influence.
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
Source : Xi Meets Putin, Other Leaders During First Trip Outside China in Over 2 Years
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