Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s’entretenant avec le président chinois Xi Jinping lors de la réunion du G20. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Le 16 novembre, le président chinois Xi Jinping a réprimandé le Premier ministre canadien Justin Trudeau au sujet de fuites présumées de leur réunion à huis clos lors du sommet du G20, une rare manifestation publique du mécontentement du dirigeant chinois.
Dans une vidéo publiée par des diffuseurs canadiens, on peut voir Xi Jinping et Justin Trudeau se tenant l’un près de l’autre et conversant par l’intermédiaire d’un traducteur lors du sommet du G20 sur l’île indonésienne de Bali.
« Ce n’est pas approprié, et en plus, ce n’est pas la façon dont la discussion s’est déroulée », a déclaré Xi Jinping en mandarin, en souriant.
« S’il y a de la sincérité, alors nous devrions avoir une discussion basée sur le respect mutuel, si tel n’est pas le cas, difficile d’en attendre trop. »
Une référence aux rapports des médias
Le mécontentement de Xi Jinping était probablement une référence aux rapports des médias selon lesquels Justin Trudeau a soulevé de « sérieuses préoccupations » au sujet de l’espionnage présumé et de l’« ingérence » chinoise dans les élections canadiennes, lors de sa rencontre de mardi avec Xi Jinping, la première rencontre entre les deux dirigeants depuis 2019..
Dans la vidéo, on peut entendre un traducteur de Xi Jinping dire à Justin Trudeau « tout ce dont nous avons discuté a fait l’objet de fuites dans les journaux, ce n’est pas approprié ».
La vidéo a capturé un rare moment de franchise de la part de Xi Jinping dont l’image est soigneusement entretenue par les médias d’État chinois.
Le Canada fait confiance à ses citoyens
Justin Trudeau a répondu à la critique initiale de Xi Jinping en disant : « au Canada, nous croyons au dialogue libre, ouvert et franc, et c’est ce que nous continuerons à faire. Nous continuerons à chercher à travailler ensemble de manière constructive, mais il y aura des choses sur lesquelles nous ne serons pas d’accord. »
Avant qu’il ne finisse de parler, cependant, Xi Jinping, l’air légèrement exaspéré, lui coupe la parole : « À vous de créer les conditions (nécessaires à l’amélioration des relations) ». Souriant, il serre la main de Justin Trudeau et les deux hommes se séparent.
Ni le ministère chinois des affaires étrangères ni les médias d’État n’ont publié quoi que ce soit sur les pourparlers entre Xi Jinping et Justin Trudeau. Les deux hommes ont eu une réunion informelle de 10 minutes en marge du sommet du G20 mardi, selon une source gouvernementale. D’après le site Web du ministère chinois des affaires étrangères, Xi Jinping a tenu neuf réunions bilatérales officielles avec d’autres chefs d’État pendant le sommet.
Le Canada n’a jamais publié de compte rendu officiel de la réunion, mais Justin Trudeau a confirmé la conversation et les points qu’il a fait valoir à Xi Jinping lors d’une conférence de presse à la fin du sommet du G20.
« Le Canada fait confiance à ses citoyens pour les informer des conversations que nous avons en leur nom en tant que gouvernement », a déclaré Justin Trudeau, selon la transcription de la conférence de presse.
Le Premier ministre a ajouté que toutes les conversations avec les dirigeants ne seraient pas faciles, soulignant que les « systèmes » des deux pays sont différents et qu’en Chine, « il n’y a pas toujours la même ouverture qu’un dirigeant démocratique peut et doit avoir avec ses citoyens.»
L’échange court mais révélateur entre Xi Jinping et Justin Trudeau a mis en lumière les tensions entre la Chine et le Canada, qui ont augmenté depuis la détention de la dirigeante chinoise de Huawei Technologies, Meng Wanzhou, en 2018, et l’arrestation subséquente par Pékin de deux Canadiens pour espionnage, bien que ces trois personnes aient été libérées par la suite.
Les tensions ont récemment resurgi
Selon une déclaration récente de la police canadienne, un employé du plus grand producteur d’électricité du Canada, Hydro-Québec, qui participait à la recherche de matériaux pour les batteries, a été accusé d’espionnage pour avoir prétendument tenté de voler des secrets commerciaux au profit de la Chine.
La nouvelle de l’arrestation est arrivée alors que Justin Trudeau et Xi Jinping assistaient au sommet du G20.
Au cours de ce mois, le gouvernement canadien a ordonné à trois entreprises chinoises de céder leur participation dans des sociétés canadiennes du secteur des minéraux rares, invoquant des raisons de « sécurité nationale ».
