Dans un contexte d’escalade des tensions mondiales et de surveillance accrue de la part de l’Occident, le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant chinois Xi Jinping ont fait front commun pour montrer leur stabilité et leur force lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui s’est tenu cette année.
Tenue à Astana, au Kazakhstan, les 3 et 4 juillet, la réunion du bloc de sécurité régional a souligné l’évolution du paysage géopolitique, les deux nations étant censées présenter un front uni contre l’influence de l’Occident.
Dans leurs discours au sommet, les deux dirigeants ont souligné l’augmentation du nombre de membres et le rôle central de l’OCS dans la promotion d’un ordre mondial multipolaire. Le président Poutine a souligné la contribution de l’OCS à « un ordre mondial multipolaire équitable », en insistant sur le fait que leur coopération n’est pas dirigée contre une entité particulière, mais qu’elle est plutôt axée sur les intérêts collectifs de leurs peuples.
Xi Jinping s’est fait l’écho de ces sentiments en soulignant l’importance de leur amitié de longue date et la nécessité de la maintenir dans une « situation internationale et un environnement extérieur turbulents ». Xi Jinping a également qualifié Vladimir Poutine de « vieil ami » et a souligné la planification stratégique des futures relations bilatérales.
L’Organisation de coopération de Shanghai considérée comme une force stabilisatrice
La rencontre entre Xi Jinping et Vladimir Poutine, la deuxième en deux mois, intervient alors que les deux nations sont soumises à une forte pression de la part de l’Occident, concernant leurs politiques régionales et internationales. Cette dernière interaction renforce l’idée d’une alliance sino-russe à la fois stratégique et profondément personnelle.
L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), fondée par la Chine et la Russie pour faire contrepoids à la puissance occidentale, comprend plusieurs pays d’Asie centrale, ainsi que l’Inde, l’Iran et bientôt la Biélorussie. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie début 2022, les liens entre Moscou et Pékin se sont considérablement renforcés, comme en témoigne l’accord de partenariat stratégique « sans limites » signé quelques jours avant le début du conflit.
Ce renforcement des relations s’inscrit dans un contexte où la Chine est accusée de s’affirmer dans la région Asie-Pacifique, notamment en ce qui concerne Taïwan. Dans le même temps, la Russie fait l’objet de sanctions internationales sévères en raison de ses actions en Ukraine, ce qui rend son alliance avec la Chine encore plus cruciale.
Officiellement connu sous le nom de République de Chine (ROC), le gouvernement de Taïwan a été fondé en 1912, mais ses forces ont été chassées du continent par les rebelles communistes en 1949. Cependant, le régime du Parti communiste chinois (PCC) considère Taïwan comme une province renégate et s’est depuis longtemps engagé à la reconquérir par « tous les moyens nécessaires ».
Implications mondiales
Au cours du sommet, Vladimir Poutine et Xi Jinping ont réitéré leur engagement en faveur de leur partenariat, Vladimir Poutine qualifiant cette période de « meilleure de l’histoire » pour les relations sino-russes. Leur discours a souligné l’idée que leur collaboration est une « force stabilisatrice » dans un monde chaotique.
« L’organisation s’est fermement imposée comme l’un des principaux piliers d’un ordre mondial équitable et multipolaire », a déclaré Vladimir Poutine, avant d’ajouter : « notre coopération n’est dirigée contre personne, nous ne créons aucun bloc ni aucune alliance, nous agissons simplement dans l’intérêt de nos peuples ».
Lors du sommet, Vladimir Poutine a également rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays, bien que membre de l’OTAN, entretient des liens commerciaux et financiers importants avec la Russie. Recep Tayyip Erdogan a proposé la Turquie comme médiateur dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine, plaidant pour une paix équitable qui pourrait satisfaire les deux parties. Toutefois, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a rejeté la possibilité d’une médiation du conflit par Recep Tayyip Erdogan.
La Biélorussie, proche alliée de la Russie et étape clé de ses actions militaires en Ukraine, devrait également rejoindre officiellement l’OCS dans le courant de l’année. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a souligné l’importance de l’OCS en tant que « plateforme internationale alternative » démontrant la présence de différents centres de pouvoir.
Des intérêts divergents
Malgré le front uni présenté par Xi Jinping et Vladimir Poutine, les pays membres de l’OCS ont souvent des intérêts divergents entre eux. La compétition pour l’influence en Asie centrale entre Moscou et Pékin en est un bon exemple. L’Asie centrale, riche en ressources, est au cœur de l’initiative chinoise Belt and Road, qui vise à renforcer les routes commerciales et à étendre son influence mondiale. De son côté, la Russie cherche à maintenir son influence historique dans la région.
Nigel Gould-Davies, chercheur principal pour la Russie et l’Eurasie à l’Institut international d’études stratégiques de Londres, a souligné que l’OCS présente des « différences significatives en matière de sécurité » entre ses membres. Il a toutefois également souligné que la principale valeur de l’Organisation de coopération de Shanghai réside dans le fait que des pays non occidentaux s’unissent et présentent l’image d’un bloc cohérent face à la domination de l’Occident.
Nigel Gould-Davies a déclaré à l’Associated Press qu’il pensait que la « valeur principale » du sommet était de montrer que la Russie, la Chine et ses alliés s’unissaient pour « augmenter le nombre de leurs membres plutôt que d’approfondir leur coopération ».
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
Source : Xi and Putin Strengthen Sino-Russian Ties at Shanghai Cooperation Organization Summit
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