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France. Un rapport de l’IRSEM met en garde contre la gigantesque campagne d’influence mondiale du Parti communiste chinois

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Un rapport sans précédent de l’IRSEM met en garde contre la gigantesque campagne d’influence du Parti communiste chinois à travers le monde. Le rapport de 650 pages, intitulé Les opérations d’influence chinoises - Un moment machiavelien, a été rédigé par Paul Cheron, spécialiste de la Chine et expert du renseignement, en collaboration avec le politologue Jean-Baptiste Jeangene Vilmer.

Le rapport indique que le Parti communiste chinois (PCC) a longtemps cherché à être aimé plutôt que craint par la communauté internationale. Mais récemment, il a commencé à basculer dans l’autre camp. « ses opérations d’influence se sont considérablement durcies ces dernières années et ses méthodes ressemblent de plus en plus à celles employées par Moscou. »

Citant le traité politique « Le Prince » , écrit au début du XVIe siècle par Nicolas Machiavel, homme politique et écrivain florentin, le rapport de l’IRSEM indique que le Parti communiste chinois estime aujourd’hui qu’il est « plus sûr d’être craint que d’être aimé ».

Selon le rapport, les opérations d’influence de Pékin à l’étranger ont deux objectifs. Le premier consiste à « séduire et subjuguer » les étrangers en les exposant à une image positive du pays. Le second est d’infiltrer et de contraindre, dans le but ultime de faire obstacle à toute action contraire aux intérêts du PCC. La coercition implique la « sanction systématique » de tout État, entreprise, organisation ou individu qui représente une menace pour le régime communiste.

Les opérations d’influence mondiale de Pékin

Le Parti communiste chinois cherche à contrôler la diaspora chinoise afin qu’elle ne devienne pas une menace pour son pouvoir. À cette fin, Pékin s’est engagé dans une campagne de répression transnationale, qui, selon l’ONG Freedom House, est « la plus sophistiquée, la plus globale et la plus complète au monde. »

Depuis 2008, le régime chinois a investi 1,3 milliard d’euros par an pour améliorer son image à travers le monde. Les grands médias chinois ont une présence mondiale, dans plusieurs langues sur tous les réseaux sociaux, y compris ceux bloquées en Chine comme Twitter, YouTube, Facebook et Instagram.

« Ils investissent beaucoup d’argent pour amplifier artificiellement leur audience en ligne… Le Parti-État s’intéresse également au contrôle des conteneurs, en influençant chaque étape de la chaîne d’approvisionnement en information mondiale, avec la télévision, les plateformes numériques et les smartphones », indique le rapport de l’IRSEM.

D’une part, les autorités de Pékin cherchent à exercer une influence sur les organisations et les normes internationales. À cette fin, l’État chinois met également en œuvre des opérations d’influence clandestines. D’autre part, les responsables adoptent de plus en plus une attitude de « loup  guerrier » qui implique de faire preuve d’une plus grande agressivité en ce qui concerne la protection des intérêts du PCC.

Le Parti communiste chinois utilise son économie comme levier pour atteindre des objectifs spécifiques. La coercition économique peut prendre la forme d’embargos, de restrictions des investissements, de sanctions commerciales, de restrictions de l’accès aux marchés et de quotas touristiques. Pékin fait également de la censure une politique à laquelle il est nécessaire d’adhérer pour pouvoir entrer sur le marché, ce que de nombreuses entreprises sont contraintes d’accepter.

Les actions en matière de politique, d’éducation et de culture

L’influence politique vise à impacter les mécanismes d’élaboration des politiques publiques. Pékin se serait ingéré dans au moins 10 scrutins dans 7 pays. « Entretenir des relations directes avec les partis et les personnalités politiques influentes permet d’infiltrer les entreprises ciblées, d’obtenir des soutiens officiels et officieux, et de contourner les blocages au sein du pouvoir en jouant sur les personnalités politiques de l’opposition ou retraitées », peut-on lire dans le rapport de l’IRSEM.

Le Parti communiste chinois cible les universités étrangères, générant une dépendance financière et les forçant à adopter des politiques d’autocensure. Il surveille également les étudiants et les enseignants chinois, tout en faisant pression sur les universités pour qu’elles modifient le contenu des cours. En outre, le PCC utilise les universités étrangères comme source d’acquisition de technologies et de connaissances, soit par l’espionnage et le vol, soit par des programmes de recherche conjoints. Les instituts Confucius constituent un autre bras de propagande du PCC dans les établissements d’enseignement étrangers.

Pékin met en place des groupes de réflexion chinois à l’étranger et établit des partenariats avec des groupes de réflexion locaux qui peuvent servir de « caisse de résonance » sur le marché local des idées.

Le Parti communiste chinois exerce une influence considérable à Hollywood. Pour ne pas contrarier le PCC, de nombreux studios de cinéma américains pratiquent l’autocensure, qui consiste non seulement à supprimer ou à modifier des scènes, mais aussi à donner aux personnages chinois le « bon rôle ». En refusant l’accès au vaste marché chinois, Pékin peut contraindre les artistes à modifier leurs œuvres.

Le PCC crée de fausses identités en ligne pour diffuser de la propagande sur les réseaux sociaux par l’intermédiaire de « commentateurs Internet » et de trolls rémunérés. Il paie pour que des contenus de propagande soient publiés par des tiers. Dans les médias sociaux, Pékin cherche à promouvoir le « modèle chinois », ce qui implique la dégradation d’autres modèles.

En plus de ce qui précède, Pékin utilise également des mouvements citoyens, des activités séparatistes, des influenceurs et des groupes pacifistes pour étendre ses opérations d’influence à l’étranger.

En janvier de cette année, l’armée française a publié un document d’orientation qui prévient que le pays pourrait être amené à rivaliser militairement avec la République populaire de Chine.

« Qu’il s’agisse de la Russie ou de la Chine, le retour de la compétition stratégique et militaire est désormais affirmé… La République populaire de Chine a doublé son budget de défense depuis 2012 - le poussant au deuxième rang mondial -, augmenté son arsenal nucléaire et démontré de nouvelles ambitions en termes de projection de puissance », indiquait le document.

En 2019, un rapport de l’UE sur la Chine a qualifié la nation asiatique de « rival systémique ». Au début de l’année, un rapport japonais sur la sécurité en Chine a alerté que les activités militaires unilatérales de Pékin « pourraient conduire à la perturbation de l’ordre international. »

Rédacteur Fetty Adler

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