Il est « absolument inexcusable » que le gouvernement communiste chinois ait été autorisé à « appliquer ses propres règles », a déclaré un commissaire de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF).
« Il ne fait aucun doute que la Chine est le premier violateur des droits de l’homme et de la liberté religieuse au monde », a déclaré le commissaire de l’USCIRF, Johnnie Moore, dans le cadre de son rapport annuel 2020 publié le 28 avril.
« Elle ne peut être comparée à aucun autre pays du monde, non seulement en raison de ses actions inexcusables, mais aussi en raison de la façon dont elle aide et encourage des actions similaires d’autres pays, dans le monde entier », a déclaré Moore, qui est également président du Congrès des dirigeants chrétiens.
« Pendant ce temps, l’ordre international, dans la poursuite de ses propres intérêts, continue de laisser la Chine appliquer ses propres règles, et en particulier aux Nations unies. C’est absolument inexcusable, et les nations du monde entier qui ne font aucun cas de la malveillance de la Chine pourraient finir sous sa soumission », a-t-il déclaré.
« Il est plus que temps pour nos organismes mondiaux, et nos démocraties libérales, d’exiger davantage de la Chine ».
Plus tôt le 8 avril, l’USCIRF a condamné la nomination de la Chine au sein du groupe consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, qui est composé de cinq États membres chargés d’examiner les candidatures initiales et de faire des recommandations aux experts indépendants des Nations unies.
Dans le rapport de l’USCIRF, la Chine était l’un des 14 « pays particulièrement préoccupants ».
Des détenus dans un camp de la préfecture de Hotan, dans le sud-ouest de la région du Xinjiang. (Image postée sur les réseaux sociaux en avril 2017 avec un message du gouvernement chinois)
Les principales conclusions du rapport ont montré que l’année dernière, les conditions de la liberté religieuse en Chine ont continué à se détériorer et ont mis en évidence des cas de répression et de violations.
« Le gouvernement chinois a mis en service un système de surveillance de haute technologie, utilisant la reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle pour surveiller les minorités religieuses », indique le rapport.
« Le 1er avril, un nouveau règlement exigeant que les lieux de culte aient des représentants légaux et des comptables professionnels est entré en vigueur. Certains lieux de culte restreints, en particulier dans les zones rurales, ont trouvé ces exigences impossibles à remplir », a-t-il déclaré.
Le rapport résume le sort des musulmans turcs dans l’extrême ouest de la Chine.
« Des experts indépendants estiment qu’entre 900 000 et 1,8 millions de musulmans ouïgours, kazakhs, kirghizes et autres ont été détenus dans plus de 1 300 camps de concentration au (Xinjiang) - une estimation révisée à la hausse depuis le précédent constat », dit ce rapport, en précisant les raisons pour lesquelles des personnes ont été envoyées dans ces camps.
Des personnes ont été envoyées dans ces camps pour avoir porté de longues barbes, refusé de boire de l’alcool, ou pour d’autres comportements que les autorités considèrent comme des signes « d’extrémisme religieux », a-t-il déclaré.
Certains des abus commis dans ces camps ont été détaillés dans le rapport.
« D’anciens détenus ont déclaré avoir subi des tortures, des viols, des stérilisations et d’autres sortes d’abus », selon le rapport.
« En outre, près d’un demi-million d’enfants musulmans ont été séparés de leur famille et placés dans des pensionnats », ajoute-t-il.
Le rapport indique ensuite que les camps de rééducation s’orientent de plus en plus vers le travail forcé, les prisonniers étant obligés de travailler dans des usines de coton et de textile.
« En dehors des camps, le gouvernement a continué de déployer des fonctionnaires pour vivre avec les familles musulmanes et pour signaler tout signe de comportement religieux " extrémiste ". Pendant ce temps, les autorités du Xinjiang et d’autres régions de Chine ont détruit ou endommagé des milliers de mosquées et retiré les panneaux en langue arabe des commerces musulmans », indique le rapport.
Actuel Dalaï -Lama du Tibet, en exile en Inde depuis 1959 à la suite de la répression des Tibétains. (Image : Christopher Michel / wikimedia / CC BY 2.0)
Le rapport a souligné comment le régime communiste a maintenu sa stratégie d’assimilation forcée et de suppression du bouddhisme tibétain, en adoptant des lois, comme celle destinée à contrôler la prochaine réincarnation du Dalaï Lama et celle d’autres lamas tibétains importants.
« Les moines et les nonnes qui ont refusé de dénoncer le Dalaï Lama ont été expulsés de leurs monastères, emprisonnés et torturés », indique le rapport, qui donne également des détails sur la façon dont les autorités ont détruit les résidences du centre bouddhiste tibétain Yachen Gar dans la province du Sichuan et ont refusé à l’Académie bouddhiste Larung Gar de nouvelles inscriptions.
« Les autorités ont également intensifié la répression en ce qui concerne la possession ou l’exposition de photos du Dalaï Lama, ont continué à surveiller les fêtes religieuses et, dans certaines régions, ont interdit aux étudiants d’assister aux fêtes pendant leurs vacances scolaires », dit-il.
Le rapport indique que les autorités chinoises ont effectué des raids ou fermé des centaines d’« églises de maison » protestantes l’année dernière. Il stipule que le régime a libéré certains des fidèles de l’Early Rain Covenant Church, arrêtés en décembre 2018, mais qu’en décembre 2019, son fondateur, le pasteur Wang Yi, a été accusé de « subversion du pouvoir de l’État ».
Le pasteur Wang a été condamné à 9 ans de prison.
Ci-après une vidéo de Bitter Winter sur la démolition d’une croix et de caractères chinois pour « Église chrétienne », dans une église locale du mouvement Three-Self church à Linfen, dans la province du Shanxi (nord), sur ordre du gouvernement :
Les autorités locales n’ont cessé de harceler les ecclésiastiques catholiques, notamment en détenant dans la clandestinité l’évêque Guo Xijin et l’évêque Cui Tai, qui ont refusé d’adhérer à l’association catholique étatique.
« Plusieurs gouvernements locaux, dont ceux de la ville de Guangzho, ont offert des primes en espèces aux personnes qui donnaient des informations sur les églises clandestines. En outre, les autorités de tout le pays ont retiré les croix des églises, interdit aux jeunes de moins de 18 ans de participer aux services religieux et remplacé les images de Jésus-Christ ou de la Vierge Marie par des photos du président Xi Jinping », indique le rapport.
L’USCIRF a déclaré que selon les rapports, « des milliers de pratiquants de Falun Gong ont été arrêtés en 2019 pour avoir pratiqué les exercices de méditation ou distribué des informations sur leur croyance ».
Les pratiquants de Falun Gong sont persécutés par le régime communiste depuis 1999 et le rapport mentionne la façon dont les pratiquants sont pris pour cible pour les prélèvement forcés d’organes.
« Les défenseurs des droits de l’homme et les scientifiques ont présenté des preuves alléguant que le prélèvement d’organes sur les prisonniers - dont beaucoup sont des pratiquants de Falun Gong - a continué à une échelle significative », selon le rapport.
Ci-dessous, un court documentaire sur la persécution du Falun Gong, par Swoop Films.
Le rapport contient de nombreux témoignages révélant que les autorités chinoises ont détruit des statues appartenant aux religions bouddhistes, taoïstes et confucéennes du Mahayana, sous prétextes qu’elles ne sont pas « autorisées ».
Dans son son rapport, l’USCIRF recommande d’imposer des sanctions ciblées aux agences gouvernementales et aux fonctionnaires chinois responsables de graves violations de la liberté religieuse, d’exprimer publiquement ses préoccupations concernant l’accueil des Jeux olympiques d’hiver de 2022 à Pékin et pour les fonctionnaires du gouvernement américain, de déclarer qu’ils n’assisteront pas à l’événement si la répression du régime communiste contre la liberté religieuse se poursuit.
L’USCIRF est une entité gouvernementale fédérale indépendante et bipartite créée par le Congrès américain pour surveiller, analyser et rapporter sur les menaces à la liberté religieuse à l’étranger.
L’USCIRF fait des recommandations sur la conduite de la politique étrangère au président, au secrétaire d’État et au Congrès, dans le but d’empêcher les persécutions religieuses et de promouvoir la liberté de religion et de croyance.
Rédacteur Fetty Adler
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.