Le Cheval de Troie du Parti communiste chinois
Ces dernières années, le Canada, l’Australie, les États-Unis, l’Allemagne et la Suède ont commencé ou voire continué à fermer les Instituts Confucius dans leur pays. Selon la National Association of Scholars américaine, depuis 2014, 45 universités américaines ont fermé leurs instituts Confucius. Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré le 1er septembre qu’il espère fermer tous les instituts Confucius du Parti communiste chinois (PCC) dans les établissements américains, avant la fin d’année 2020.
Le 13 août dernier, le Département d’État américain a annoncé que les Instituts Confucius aux États-Unis étaient classés comme « mission étrangère » de l’Etat chinois et qu’ils sont soumis aux mêmes contrôles administratifs que les ambassades et consulats étrangers aux États-Unis. Les Instituts Confucius doivent s’enregistrer auprès du Département d’État. Le gouvernement américain espère que les universités américaines seront conscientes que les Instituts Confucius ont d’autres intentions que l’enseignement du chinois, mais qu’il appartient à chaque établissement de décider s’il veut fermer les Instituts Confucius dans son campus.
Le 1er septembre, à l’émission « Lou Dobbs Tonight » de la chaîne Fox News Channel, Mike Pompeo a déclaré : « J’espère que tout le monde voit les risques que représentent les instituts Confucius, les risques que ces institutions universitaires courent en recrutant des espions et des collaborateurs. J’espère que nous pourrons tous les fermer d’ici la fin de cette année ».
La Chine a toujours nié les pratiques d’espionnage au sein des Instituts Confucius alors qu’en octobre dernier, les autorités belges ont déclaré que le directeur chinois de l’Institut Confucius (IC) de l’Université Libre de Bruxelles, Xinning Song, s’était vu refuser l’entrée du pays pour raison d’espionnage.
Institut Confucius : centre linguistique ou outil de propagande ?
Selon les informations du gouvernement chinois, l’Institut Confucius, fondé en 2004, est une organisation éducative à but non lucratif qui est subordonnée au Bureau national pour l’enseignement du chinois en tant que langue étrangère (Hanban), une unité relevant directement du ministère de l’éducation chinois. Selon le site Internet du Bureau, l’objectif de l’Institut Confucius est « Avec le développement de l’économie chinoise et l’augmentation des contacts internationaux, la demande d’apprentissage de la langue chinoise augmente rapidement dans tous les pays du monde. Afin d’accélérer la promotion de la langue chinoise dans le monde et de renforcer l’influence de la langue et de la culture chinoises ». En d’autres termes, ces instituts étaient censés être une institution d’échange purement linguistique et culturel, similaire à l’Alliance française et au Goethe-Institut allemand.
Mais depuis sa création, l’Institut Confucius est controversé parce qu’il est hébergé au sein des universités et des écoles dans les pays étrangers, mais financé par la Chine et ses enseignants sont sélectionnés et envoyés par la Chine, ce qui est très différent du modèle indépendant du Goethe-Institut.
Xu Lin, Directrice de Hanban, parle du véritable rôle de l’Institut. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Un rapport de 2018 de la Hoover Institution et de l’Asia Society sur l’opération du gouvernement chinois et du PCC aux États-Unis visant à renforcer leur influence sur la société américaine a déclaré que Hanban fournit généralement 150 000 dollars de fonds de démarrage aux universités américaines, suivis d’une subvention annuelle moyenne de 100 000 ou 200 000 dollars. Il fournit 50 000 dollars de fonds de démarrage pour les écoles secondaires, puis 15 000 dollars par an. En décembre 2019, la Chine a créé 550 Instituts Confucius et 1 172 classes Confucius d’écoles primaires et secondaires dans 162 pays (régions).
Mike Pompeo a expliqué que le Centre américain de l’Institut Confucius est en fait « une entité qui fait avancer la propagande mondiale de Pékin et exerce une influence néfaste sur les campus américains et les salles de classe de la maternelle à la terminale ». Il ne s’agit pas d’une déclaration sans fondement.
Deux reportages officiels sur le site Internet de Hanban – le siège de l’Institut Confucius – prouvent indirectement le point de vue du secrétaire d’État américain. En 2016, Ma Jianfei – secrétaire général du Comité du PCC de Hanban et vice-président de Hanban – a prononcé un discours public lors d’un séminaire du PCC pour les enseignants de l’Institut Confucius : « Nous avons planté des drapeaux rouges partout dans le monde ».
En août 2018, le siège de l’Institut Confucius a également invité Qiu Xiaoyun, Directeur de Recherche sur l’Esprit Révolutionnaire de l’École Normale du Sud de la Province de Jiang Xi, à dispenser une formation sur la manière de transmettre l’ADN rouge aux enseignants et aux directeurs chinois qui donneront des cours de chinois à l’étranger. Comme l’a mentionné Qiu Xiaoyun : « Il faut intégrer l’ADN rouge dans le sang et le transmettre de génération en génération (…). Cela relève de notre responsabilité en tant qu’enseignant ».
Institut Confucius : mission étrangère selon la loi américaine
La Loi sur les missions étrangères (Foreign Missions Act) des USA promulguée en 1982 pour contrôler étroitement la « propagande de la guerre froide », est directement administrée par la Maison Blanche. Les missions étrangères se divisent en deux catégories : premièrement, toute mission, agence ou entité participant à des activités diplomatiques, consulaires ou autres. La seconde est toute mission, agence ou entité qui est effectivement détenue ou contrôlée par un gouvernement étranger ou une organisation représentant une entité souveraine ou politique, comme les agences de presse soviétiques TASS et Pravda en Union soviétique. Il en va de même pour le Confucius Institut USA Center, qui entre dans la deuxième catégorie des missions étrangères. Cela signifie que les États-Unis l’identifient comme un outil de propagande détenu et contrôlé par le gouvernement chinois.
FAQ pour l’entretien d’embauche des enseignants de l’IC. (Image : Capture d’écran / Forum chinois Douban)
Selon les conventions signés entre Hanban et les enseignants chinois ainsi que les documents concernant la gestion de ces professeurs à l’étranger, à part l’enseignement, les professeurs doivent également accomplir d’autres missions confiées par l’Ambassade, le Consulat, le Siège de l’IC et/ou Hanban. Les professeurs doivent faire des rapports au Siège de l’IC / Hanban sur leur travail et leur séjour, y consigner tout changement d’adresse ainsi que tous leurs contacts. Ou encore, la comptabilité, le décaissement et la gestion des fonds concernant les enseignants à l’étranger relèvent de la responsabilité de nos ambassades et consulats à l’étranger et des agences désignées par le ministère de l’éducation. La désobéissance à la direction de l’ambassade ou du consulat ou de l’IC entraîne de graves conséquences.
Cliff Seagroves, directeur par intérim du Bureau des missions étrangères du Département d’État américain, a déclaré que les institutions désignées comme missions étrangères doivent fournir au Département d’Etat américain « des informations de base concernant leurs listes de personnel, leurs actifs immobiliers, et la nécessité d’obtenir une approbation préalable pour toute future acquisition immobilière aux Etats-Unis ».
En outre, le Centre américain des Instituts Confucius devra à l’avenir fournir au gouvernement américain une série de rapports périodiques sur le personnel et le financement opérationnel des Instituts Confucius et des salles de classe Confucius aux États-Unis, ainsi que des informations relatives aux cours et au matériel de formation.
Atteintes à la liberté d’expression et Liberté académique dans le monde
En France, l’Université de Lyon a fermé l’institut Confucius au sein de son établissement en 2013, car le nouveau directeur chinois nommé par Pékin voulait intégrer davantage l’institut dans cette université française. Après le refus de la partie française, Hanban a suspendu son financement.
Grégory Lee, alors président du conseil d’administration de l’Institut, et Florent Villard, son directeur français avaient expliqué plus tard dans un communiqué que « Cette ingérence d’une structure émanant de l’État chinois dans l’université nous est apparue comme inappropriée car susceptible de remettre en cause notre liberté scientifique ». Ce conflit a conduit la partie française à demander la fermeture du centre.
Interview de Xu Lin, Directrice de Hanban, à propos de la liberté académique au sein des IC. (Image : Capture d’écran / YouTube)
En juillet 2014, la directrice de Hanban, XU Lin, a ordonné à ses équipes de déchirer des pages se référant aux Instituts académiques de Taïwan dans un programme de l’association européenne pour les étudiants chinois, clamant que ces matériaux étaient « contraires aux lois chinoises ». Alors que l’événement a eu lieu au Portugal, non en Chine.
Rachelle Peterson, directeur des programmes de recherche de l’Association nationale des universitaires, a rédigé un rapport pour l’association en 2017, alléguant que l’Institut Confucius a délibérément évité certains sujets de droits de l’homme, insistant que Taïwan fait partie de la Chine et il est interdit de parler de l’événement de la place Tiananmen.
Discriminations et violation des droits de l’homme contre les enseignants chinois
Il existe des clauses discriminatoires dans les conditions de recrutement et les contrats de travail pour les enseignants. Tout d’abord, Hanban exige que les enseignants aient une forte qualité idéologique et politique, qu’ils soutiennent le PCC et donne la priorité aux membres du PCC lors du recrutement.
Deuxièmement, Hanban stipule que les enseignantes ou les membres de leur famille qui les accompagnent ne doivent pas tomber enceintes pendant leur séjour à l’étranger, faute de quoi leur contrat sera résilié immédiatement.
Hanban stipule également dans le contrat qu’il est interdit à tous les enseignants de pratiquer le Falun Gong ou de participer à des activités de Falun Gong. Cette dernière disposition a conduit à la fermeture de l’Institut Confucius de l’Université McMaster au Canada en février 2013, le premier du genre dans le monde. La réalisatrice sino-canadienne Doris Liu a mis trois ans pour tourner un documentaire intitulé Au nom de Confucius pour témoigner de cet événement et révéler les coulisses de l’Institut Confucius.
Problèmes de corruption dévoilés par la France
En 2017, la Chambre régionale des comptes de la Nouvelle-Aquitaine a épinglé l’Association Confucius et Hippocrate, en lien avec l’Institut Confucius hébergé au sein du CHU de Poitiers, pour ses problèmes de comptes. La Chambre a découvert que l’existence de cette association ne servait qu’à financer les déplacements et missions de son président en Chine.
Problème de corruption au sein de l’Institut Confucius épinglé en France par la Chambre régionale de la Nouvelle-Aquitaine. (Image : Capture d’écran / Twitter)
Institut Confucius du PCC : Diffuser l’idéologie communiste au nom de Confucius
Les Chinois d’autrefois appelaient Confucius « Grand Maître Confucius ». C’est un sage chinois qui a vécu il y a plus de 2 000 ans, et qui est vénéré depuis la dynastie Han comme « l’ancêtre le plus saint » et « l’enseignant de toutes les dynasties ». Avec le Taoïsme qui cultive l’authenticité et le Bouddhisme qui développe la bienveillance, le confucianisme a bâti les critères moraux pour la société laïque en préconisant les cinq vertus : 仁 (bienveillance, altruisme), 義 (droiture, justice, équité), 禮 (bienséance, attitude, politesse), 智 (savoir, sagesse), et 信 (fidélité, loyauté).
Après le vol du pouvoir par le PCC en Chine en 1949, son secrétaire général Mao Zedong qui n’était pas athé du tout en réalité, a lancé une Révolution culturelle sans précédent dans le but de « détruire l’ancien univers pour en bâtir un nouveau », détruisant toute la culture traditionnelle chinoise et qualifiant Confucius comme l’ennemi N°1 du PCC et « le plus grand bâtard ».
En 1966, pendant un mois seulement, les gardes rouges ont détruit plus de 6 000 statues et reliques de Confucius, brûlé plus de 2 700 livres anciens, plus de 900 calligraphies et peintures, détruit plus de 1 000 stèles et même exposé et blâmé la dépouille de l’un des descendants de Confucius en public.
Mao Zedong a voulu détruire la Chine de Confucius pour créer une Chine de Mao. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Mais alors pourquoi le PCC a nommé en 2004 son centre d’apprentissage de chinois au nom de son ennemie Numéro 1 ? « Confucius est celui qui a le plus d’influence, il ne provoquera pas de mauvaise interprétation politique » a déclaré QU Xing - ancien ministre de l’Ambassade de Chine en France - à l’Hebdomadaire chinois Oriental Outlook en 2006.
C’est en réalité un moyen utilisé par le PCC tout en profitant de l’ignorance des Occidentaux pour diffuser en douce son ADN Rouge et construire une soi-disant « communauté de destin pour l’humanité ».
Fermeture des Instituts Confucius dans le monde
L’Association National Association of Scholars a récemment révélé qu’au 30 juin, il existe un total de 75 Instituts Confucius aux États-Unis, notamment à l’Université de Stanford et à l’Université d’État de Savannah en Géorgie. 45 d’entre eux ont fermé ou sont en cours de fermeture. D’autres pays dans le monde ont également commencé ce processus, tels que le Canada, l’Australie, la France, la Suède, l’Allemagne, le Danemark, le Pays-Bas et la Belgique. En Europe, la Suède a maintenant fermé tous ses instituts Confucius.
Face au boycott mondial, le Ministère de l’éducation chinois a dû décider, début juillet dernier, de rebaptiser l’Institut Confucius « Centre d’échange linguistique sino-étranger et Fondation pour l’enseignement du chinois à l’international ».
Rédacteur Yi Ming
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