Récemment, un tribunal d’un district américain a intenté une importante action en justice à l’encontre de l’entreprise chinoise ByteDanceTechnology Co, propriétaire de l’application TikTok, un des plus populaires réseaux sociaux de partage d’informations et de vidéos. L’accusation portait sur la violation de la vie privée et des données personnelles de ses utilisateurs.
La société mère de TikTok est Beijing ByteDance Technology Co, bien que le logiciel ne soit pas accessible en Chine. L’application de partage de vidéos est très prisée des adolescents et des jeunes adultes du monde entier.
Action collective
Une action collective a été engagée contre TikTok pour avoir préinstallé un « logiciel de surveillance chinois ». Le recours en justice indique : « TikTok a clandestinement aspiré et transféré à des serveurs en Chine de grandes quantités de données d’utilisateurs privées et personnellement identifiables qui peuvent être utilisées pour identifier, profiler et suivre l’emplacement et les activités des utilisateurs aux États-Unis maintenant et dans le futur. TikTok a également pris subrepticement le contenu des utilisateurs, comme des ébauches de vidéos qui n’ont jamais été destinées à la publication, à l’insu et sans le consentement des utilisateurs. En bref, le plaisir que procure TikTok a un coût élevé ».
Vol d’informations
Tout a commencé au début de l’année 2019, lorsqu’une étudiante et résidente de Palo Alto, en Californie, a téléchargé l’application TikTok, sans pour autant créer un compte. L’étudiante a découvert que TikTok avait automatiquement créé un compte pour elle, sans son consentement. TikTok a généré un fichier contenant ses informations privées, y compris des données biologiques. Les informations recueillies à partir des vidéos qu’elle avait créées mais qu’elle n’avait pas postées étaient toutes contenues dans le système de stockage.
TikTok a transféré les données des utilisateurs vers deux serveurs en Chine. (Image : pixabay / CC0 1.0)
Selon les archives, TikTok a transféré les données des utilisateurs vers deux serveurs en Chine (bugly.qq.com et umeng.com) en avril 2019. Bugly est la propriété de l’une des plus influentes sociétés chinoises de logiciels pour téléphones portables, Tencent. Elle possède également le réseau social WeChat, et Umeng fait également partie du groupe Alibaba, géant chinois du commerce électronique. Au cours du procès, il a été précisé que le code source du géant chinois de la technologie Baidu est intégré dans l’application TikTok. L’entreprise a nié ces allégations.
Le gouvernement indien réclame l’interdiction de TikTok
L’année dernière, TikTok a été interdit par la Haute Cour de Madras, en Inde. Cette interdiction a ensuite été levée. Maintenant que le virus du PCC se répand comme une traînée de poudre à travers le monde, le gouvernement indien a repris l’initiative d’interdire TikTok. Plus de 10 000 tweets ont été reçus en moins de 10 heures pour soutenir l’interdiction.
Les directeurs du département informatique du BJP (Bharatiya Janata Party, le parti au pouvoir) et les membres du département des stratégies publicitaires du gouvernement de l’Uttar Pradesh, ont également demandé l’interdiction de TikTok. L’Uttar Pradesh est l’un des plus grands États de l’Inde, avec plus de 200 millions d’habitants.
L’avocat Varsha Madhukar a annoncé que TikTok est dans le collimateur du gouvernement car il représente un risque important pour la sécurité. Il a déclaré : « Nos données importantes sont transférées en Chine, ce qui a augmenté le risque de cybercriminalité. » Renu Mathur, une activiste sociale bien connue, a déclaré qu’à cause de TikTok, « nos enfants accèdent à la pornographie et s’impliquent dans la violence communautaire et la haine religieuse ».
En avril dernier, le sénateur républicain américain Josh Howley a soumis au Sénat un projet de loi visant à interdire l’application chinoise de médias sociaux sur tous les appareils utilisés par les employés du gouvernement fédéral.
Liberté d’expression
En outre, TikTok s’est excusé publiquement pour avoir suspendu « par erreur » une vidéo dénonçant le traitement des musulmans en Chine. TikTok est bien connu pour réprimer la liberté d’expression. Il interdit activement les minorités religieuses sur sa plate-forme.
TikTok est bien connu pour réprimer la liberté d’expression. (Image : Joffers951 / Wikimedia / CC BY-SA 4.0)
Les publications abordant le Falun Gong, une méthode de qigong de l’école bouddhiste, sont considérées comme une violation des termes, TikTok le qualifiant impunément de culte maléfique. Cette attitude concernant le Falun Gong s’inscrit dans la lignée du Parti communiste chinois (PCC), qui tente de l’éradiquer en Chine depuis 1999.
À la question de savoir si elle soutenait la censure du PCC sur la liberté d’expression et de croyance, TikTok a répondu qu’elle « ne le ferait pas si on lui demandait de ne pas le faire ».
Rédacteur Camille Lane
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