Après que le président Trump ait signé un décret qui interdirait effectivement l’utilisation de WeChat en Amérique à partir de septembre, certains ont critiqué la nécessité d’une telle mesure.
Pour autant, les analystes font savoir que WeChat n’est pas seulement un risque pour la sécurité des États-Unis dans le sens où il peut permettre à Pékin d’accéder aux données personnelles des citoyens américains, l’application est également connue pour mettre en œuvre une censure pro-Parti communiste chinois (PCC) au niveau international.
Les pratiques de censure de WeChat
Lorsque le Covid-19 a éclaté, les gens du monde entier partageaient des informations sur le virus afin de se mettre en garde les uns les autres. Mais WeChat a essentiellement trahi ses utilisateurs en censurant les contenus liés à l’épidémie. Un rapport du groupe de recherche Citizen Lab a découvert que WeChat bloquait des contenus avec des mots-clés critiquant le président chinois Xi Jinping. L’infection s’étant intensifiée, la censure est devenue encore plus stricte.
L’année dernière, Citizen Lab a analysé les pratiques de censure de WeChat et a découvert que l’application met en œuvre une censure automatisée et en temps réel des images dans un chat en fonction du texte qui est associé aux images. Les images censurées comprenaient celles qui traitaient des élections de mi-mandat aux États-Unis en 2018, de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et de l’arrestation du directeur financier de Huawei, Meng Wanzhou.
Adam Segal, le directeur du programme de politique numérique et du cyberespace du Council on Foreign Relations, a souligné que la société mère de WeChat, Tencent, subit une pression énorme pour mettre en place une technique de censure selon les instructions de Pékin. En plus des dizaines de milliers de censeurs humains, WeChat utilise de nouvelles approches comme l’apprentissage automatique pour censurer les contenus.
La société mère de WeChat, Tencent, subit une pression énorme pour mettre en place une technologie de censure selon les instructions de Pékin. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Des tests montrent que WeChat a censuré le contenu des médias aux États-Unis. De nombreux médias de langue chinoise connus pour être anti-PCC ont vu leur contenu bloqué aux États-Unis. Les sites en langue chinoise d’organismes comme le New York Times et la BBC ont été bloqués et parfois autorisés. En 2018, une étude portant sur 1,04 million d’articles postés sur 4 000 comptes publics WeChat a révélé que près de 11 000 articles « sensibles » avaient été retirés par l’application.
Compte tenu de la censure pro-PCC pratiquée par WeChat, il est dans l’intérêt des États-Unis que l’application soit interdite dans le pays. L’activiste des droits de l’homme Zhou Fengsuo, basé aux États-Unis, trouve consternant que la censure chinoise ait pu s’épanouir sur le sol américain. « L’erreur des États-Unis a été que leur Internet libre et ouvert a permis au PCC d’occuper un territoire ici, et de construire des forteresses [virtuelles] qui traitent les gens comme des captifs (virtuels)... WeChat étend les frontières de l’Internet chinois à l’étranger... Il est sans précédent d’utiliser la liberté d’un pays dans l’intérêt d’un pays qui restreint la liberté... C’est une sorte de blanchiment. Cela me met très en colère de le voir », a déclaré M. Zhou à Radio Free Asia.
Les retombées sur les entreprises américaines
Alors que l’administration Trump tente de protéger les libertés du peuple américain en interdisant WeChat, des sociétés comme Apple et Disney feraient pression pour mettre fin à cette interdiction. Ces entreprises affirment que l’interdiction nuirait aux entreprises américaines qui opèrent en Chine.
Des entreprises comme Apple et Disney feraient pression pour mettre fin à l’interdiction de WeChat. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Un analyste a prédit que l’ordre d’interdire WeChat sur l’App Store d’Apple pourrait entraîner une chute de 30 % des ventes d’iPhone en Chine. Le WeChat fait partie intégrante de la vie quotidienne de la nation asiatique. En tant que tel, il serait difficile pour les gens de ne pas pouvoir utiliser l’application. Près de 95 % des utilisateurs d’iPhone en Chine sont apparemment prêts à passer à un appareil Android si Apple ne prend pas en charge WeChat.
Rédacteur Fetty Adler
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