Pour les empereurs de la dynastie Qing, les activités du Nouvel An chinois étaient très variées : honorer les dieux et les ancêtres, organiser des banquets pour les ministres et les invités étrangers, participer au banquet familial, organiser le banquet pour mille vieillards. En plus des affaires courantes, ils devaient aussi organiser des cérémonies de bénédiction pour le pays et le peuple, saluer les seigneurs des quatre coins de la Chine et se réunir pour boire et chanter ensemble, afin de profiter pleinement de cette période festive !
L’empereur donnait ses bénédictions et reprenait son travail dès le premier jour du nouvel an lunaire
Au palais Qing, pour le Nouvel An chinois, on pratiquait les coutumes des Chinois Han, du 23ème jour du 12ème mois lunaire jusqu’à la veille du Nouvel An chinois. La cour du palais Qing s’occupait à dépoussiérer et nettoyer, enlever les vieux meubles pour les remplacer par des neufs : à l’intérieur tout comme à l’extérieur du palais, la joie pour accueillir le Nouvel An chinois se ressentait partout.
De la cour impériale aux fonctionnaires des différents ministères, il y avait un congé annuel qui commençait généralement le 23ème jour du dernier mois du calendrier lunaire et se terminait le 20ème jour du premier mois du calendrier lunaire : presque un mois de congé. Sous le règne de l’empereur Kangxi (康熙, de 1661 à 1722), par exemple, le congé annuel moyen était de 27 jours.
De la cour aux bureaux des ministères, les ministres en charge des sceaux devaient également « sceller » et étaient tous en congé. A la fin de la fête des lanternes, les ministères organisaient la cérémonie d’« ouverture du sceau », le congé annuel était considéré comme terminé, les fonctionnaires reprenaient officiellement leur travail.
Au début de la dynastie Qing, l’empereur « scellait la plume » et « scellait le Sceau Impérial de la Chine » le 26ème jour du dernier mois lunaire, c’est-à-dire que le Sceau Impérial de la Chine était « scellé » et les bureaux fermés.
Le premier jour du premier mois, l’empereur « rouvrait la plume » et le « sceau », et se mettait officiellement au travail le premier jour du Nouvel An chinois. Ce jour-là, les ministres s’étaient préparés tôt pour présenter les affaires à l’empereur. Les fonctionnaires du pays, grands et petits, saluaient également dans la direction de la capitale, donc vers l’empereur, pour manifester leur respect.
Le premier jour du premier mois lunaire, l’empereur Qing commençait à donner des bénédictions à ses sujets. L’empereur donnait des bourses « Ruyi » (如意), qui signifiait : « tout se passe comme on le souhaite », aux descendants des huit bannières, aux dames de cour et aux eunuques. Les Ruyi - un ornement de bonne augure - dans les bourses à distribuer étaient tous en or, en argent, en jade, ou de l’argent en direct.
Un banquet familial de fête au palais
Après leur entrée en Chine, les Mandchous ont également suivi les coutumes chinoises, et le 23ème jour du dernier mois lunaire, chaque famille devait adorer le dieu du foyer (comme Hestia dans la mythologie grecque). Le palais Qing, ayant hérité des coutumes des Chinois Han à cette époque aussi, avait mis en place des encens : ils brûlaient de l’encens, allumaient des bougies, et offraient de la confiserie et des gâteaux en sacrifice au dieu du foyer.
Le soir du réveillon, l’empereur organisait au palais de Qianqing (乾清宮) un grand banquet de famille dont il choisissait les participants. Les fils, petit-fils de l’empereur, clan des rois féodaux et princes de troisième rang, etc… tous étaient présents au palais de Qianqing, au banquet. Chaque table était occupée par deux personnes. Ils disaient des poésies et buvaient de l’alcool, saluant les uns et les autres selon les rituels familiaux. L’empereur retrouvait ses enfants et petits-enfants pour profiter de ce bon moment réservé à la famille impériale.
A la fin du banquet, la nourriture non consommée pouvait être emportée par les invités comme un « doggy bag » (emporte-restes), selon les coutumes des Mandchous.
L’empereur de la dynastie Qing dirigeait la cérémonie de sacrifice aux dieux
Chaque année, le premier jour du premier mois lunaire, qui est le jour du Nouvel An chinois, les empereurs de toutes les dynasties chinoises devaient faire des sacrifices, et les empereurs Qing ne faisaient pas exception. L’empereur Qing conduisait en personne les princes, les seigneurs féodaux et les princes de troisième rang à l’est de Pékin pour y tenir une cérémonie de sacrifice au ciel et aux dieux, et les membres impliqués dans la cérémonie devaient vénérer le ciel et les dieux comme l’empereur.
En plus d’offrir des sacrifices au ciel, les empereurs Qing offraient également des sacrifices au Bouddha Shâkyamuni, à la Bodhisattva Guanyin et aux autres dieux justes. L’empereur Qianlong (乾隆) avait l’habitude de se rendre au Temple des Bénédictions au Parc Beihai, brûler de l’encens et vénérer le Bouddha au Pavillon du Grand Bouddha. Les rituels étaient un mélange de cultures mandchoue, chinoise et mongole.
Le deuxième jour du Nouvel An chinois, l’empereur utilisait un cochon comme animal sacrificiel au Palais Kunning dans la Cité interdite. L’empereur emmenait les seigneurs, les princes, le premier ministre et les ministres des six départements participer au rituel.
Après la cérémonie, conformément aux coutumes de Mandchourie, l’empereur et les participants de la cérémonie se partageaient les offrandes sacrificielles. L’empereur était assis face au nord, d’autres princes et ministres, en tenue officielle, vénéraient les dieux et l’empereur, puis s’asseyaient pour manger les offrandes sacrificielles.
Le porc utilisé lors du sacrifice était également une spécialité célèbre du palais. Il était cuit de manière très simple, mijoté à feu vif jusqu’à ce qu’il soit extrêmement tendre, sans rajouter aucun condiment tel que la sauce de soja, le gingembre et le sel. Une fois le rituel terminé, le porc sacrificiel était distribué aux ministres qui participaient au sacrifice.
La très dynamique danse mandchoue : Qinglong
Pendant le Nouvel An chinois, le palais de la dynastie Qing organisait des activités, en plus des concours, de la poésie, du théâtre. L’empereur organisait également un « banquet pour mille vieillards ». L’empereur Kangxi invitait les fonctionnaires Mandchous, Chinois Han ou Mongols de plus de soixante-cinq ans, des ministres à la retraite, et demandait à ses fils et petit-fils de servir de l’alcool pour les personnes âgées, pour montrer la bienveillance de l’empereur envers les personnes âgées.
En plus du banquet pour mille vieillards, à la fin de chaque année, des seigneurs régionaux, les princes mongols, princes de troisième rang se rendaient à la capitale pour féliciter l’empereur de la dynastie Qing.
L’empereur devait organiser un banquet dans le Palais Baohe (保和殿) à leur égard, le banquet avait un caractère diplomatique et une signification de récompense. C’était un banquet cérémonial. Bien que le niveau était très élevé, les exigences de l’étiquette ne l’étaient pas, c’était accueillant.
Après le banquet, les rois et les princes vassaux pouvaient emporter les restes de fruits, de fruits secs et du lard du banquet, afin de ne pas gaspiller la nourriture.
Vers la fin du banquet, il y avait la danse mandchoue Qinglong. La danse Qinglong, appelée aussi à l’origine danse du python ou danse du style Mak (瑪克, qui signifie python dans la langue Mandchoue), était une danse mandchoue représentée au palais pour célébrer la fête, principalement par les princes et les ministres, même l’empereur Kangxi savait danser. La danse Qinglong était très festive et de grande envergure, et l’accompagnement musical en direct pouvait parfois réunir des centaines d’artistes.
Rédacteur Jessica Wang
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