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Histoire. L’architecture durable dans les anciennes habitations troglodytes de la Chine : le yaodong

CHINE ANCIENNE > Histoire

Ceux qui recherchent une architecture durable trouvent des réponses dans la tradition. En Chine, les yaodongs, une forme d’habitat troglodyte ancien, ont résisté à l’épreuve du temps.

Contrairement à de nombreuses formes anciennes de logement et de vie, ces bâtiments sont encore utilisés aujourd’hui et font preuve d’une exceptionnelle efficacité, ce qui peut être précieux dans notre recherche actuelle d’alternatives énergétiques.

Les yaodongs (窰洞), qui signifient « grottes de four », ont été nommés en raison de leur intérieur arqué, conçu comme l’intérieur d’un four. On trouve de nombreux yaodongs dans le nord-ouest de la Chine, dans des provinces comme le Shanxi, le Shaanxi, le Gansu et le Henan, qui sont toutes situées sur le plateau de Loess.

L’architecture durable dans les anciennes habitations troglodytes de la Chine : le yaodong
La cour devient un espace commun pour toutes les chambres individuelles des yaodongs, permettant à une foule de personnes diverses de partager leurs journées ensemble. (Image : wikimedia / Kevin Poh / CC BY 2.0)

En fonction de la topographie des zones où ils sont construits, les yaodongs peuvent être construits de trois manières différentes

Les yaodongs construits sur les pentes des collines peuvent avoir plusieurs étages, tandis que les yaodongs dans les zones plates sont créés en creusant des puits rectangulaires d’environ cinq à huit mètres de profondeur avant de renforcer les murs de ces puits, les transformant en cours pour les résidents.

Il existe également des yaodongs qui utilisent la pierre ou la brique pour construire les intérieurs arqués, remplissant les espaces vides entre et autour de chaque yaodong avec de la terre pour les fermer.

On pense que les premiers yaodongs ont été construits pendant la dynastie Xia (2100-1600 av. J.-C.). À l’époque de la dynastie Han (206 av. J.-C. - 220 ap. J.-C.), les yaodongs sont devenus plus complexes, avec des cheminées, des cuisines et des lits de briques chaudes (qui rappellent nos poêles de masse actuels) inclus dans l’équipement de chaque bâtiment. Pendant les dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1912), l’utilisation des yaodongs s’est répandue dans tout le nord de la Chine.

Aujourd’hui encore, les yaodongs sont toujours habités par la génération actuelle, notamment sur le plateau de Loess. En fait, on estime que plus de 40 millions de personnes vivent encore dans ces habitations, soit quatre fois la population de la Belgique !

« Ces grottes sont l’une des plus anciennes formes architecturales humaines… il y a des grottes en France, en Espagne… des gens vivent encore dans des grottes en Inde », a déclaré David Wang, professeur d’architecture à l’université d’État de Washington à Spokane, dans un rapport du Los Angeles Times.

« Ce qui est unique à la Chine, c’est la continuité de cette histoire qu’elle entretient depuis deux millénaires », a-t-il ajouté.

L’architecture durable dans les anciennes habitations troglodytes de la Chine : le yaodong
Aujourd’hui encore, les yaodongs servent d’abri aux habitants du nord de la Chine, leur offrant chaleur et protection. (Image : wikimedia / Liuxingy / CC BY-SA 4.0)

Comment ces bâtiments anciens peuvent-ils rester en place à une époque où la modernisation domine notre vie quotidienne ?

La stabilité du yaodong est peut-être due à sa conception efficace et économe. La construction ne nécessite que le sol de lœss local. Ce sol qui a donné son nom au plateau de Lœss est bien plus abondant que le bois ou la pierre. Les murs épais en terre isolent bien de la chaleur, gardant les bâtiments frais pendant l’été et chauds pendant l’hiver.

Les lits de briques, appelés kang (炕), offrent un moyen astucieux de réchauffer les pièces et leurs occupants. Le lit sert d’entonnoir pour relier le poêle d’une pièce adjacente à la cheminée. Le kang creux permet à la chaleur et à la fumée de s’écouler du poêle vers la cheminée, utilisant efficacement un sous-produit chaud pour chauffer le lit.

Au fur et à mesure que les chercheurs se sont penchés sur l’art du yaodong, les habitations ont été hautement appréciées pour leur architecture durable, suivant un concept chinois traditionnel, qui transcende le yaodong lui-même – la relation harmonieuse entre l’homme et la nature.

L’architecture durable dans les anciennes habitations troglodytes de la Chine : le yaodong
Malgré l’utilité des yaodongs, ils présentent une fragilité en cas de tremblement de terre. (Image : wikimedia / Meier&Poehlmann / CC BY 3.0

Les yaodongs ont cependant un inconvénient frappant. Ils ne sont pas à l’abri des catastrophes naturelles. En 1556, le tremblement de terre de Shaanxi – considéré comme le plus meurtrier de l’histoire – a frappé la province de Shaanxi et tué 830 000 personnes. On dit que, le lœss étant très sensible à l’érosion, le tremblement de terre a dévasté les grottes et a donc emporté de nombreuses vies avec lui.

Avec ses avantages et ses inconvénients, l’architecture unique des yaodongs et leur rôle dans la culture et l’histoire chinoises continuent de fasciner les chercheurs. La conception et les points forts de ces habitations pourraient contribuer à réduire la consommation d’énergie et à promouvoir un mode de vie traditionnel.

Rédacteur Swanne Vi

Source : Sustainable Architecture in China’s Ancient Cave Dwellings: The Yaodong

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