Dans la Chine antique, dynastie après dynastie, l’éducation et l’instruction étaient basées sur les valeurs morales, l’art de la calligraphie, de la rhétorique et des arts de la guerre. Durant ces siècles, l’enseignement s’est affiné et enrichi. Lorsque la dynastie rouge a pris le pouvoir, elle a réécrit l’histoire lors de la révolution culturelle, éliminant les valeurs morales et la relation entre les hommes et le ciel.
Heureusement, il reste des documents hors de Chine qui donnent une idée de ce qu’étaient l’éducation et l’instruction durant ces millénaires. L’éducation et l’instruction de la Chine féodale attachaient beaucoup d’importance à la vertu, la discipline et la bienveillance. Comme le pays était souvent en guerre, les arts martiaux, le tir à l’arc et l’équitation faisaient partie de l’instruction. Suivant les périodes, les paysans étaient aussi formés de manière à être enrôlés si besoin. Les principes de Confucius ont été transmis tout au long des siècles.
Qu’est-ce que le Confucianisme
Confucius (孔子, a vécu de 551 av. J.-C. à 479 av. J.-C.)
Ce philosophe développe un enseignement, le confucianisme, qui était enseigné jusqu’au début du XXe siècle. Sous la dynastie Han, le confucianisme est même devenu une religion d’État. Selon lui, chacun a sa place et doit respecter les règles qui incombent à son rang. Plus la personne a de responsabilités, plus elle doit faire preuve de bienveillance et être responsable des individus qui dépendent d’elle. Sa doctrine n’étant pas religieuse, ses valeurs peuvent être reconnues par toutes les religions. Ses principes favorisent la stabilité, l’harmonie et la prospérité du pays, quelle que soit la société.
Confucius, c’est aussi la bienveillance universelle. Il demandait d’aimer tous les êtres humains. Il conseillait de ne pas flatter les riches et de ne pas mépriser les pauvres. Il enseignait six vertus principales : la bonté, la droiture, la bienséance, la sagesse, la loyauté, le respect des parents et celui de la vie et de la mort. Il disait que ceux qui ne suivent pas ces valeurs disparaissent dans le chaos. Selon lui, l’éducation assure le règne de la vertu en améliorant la nature humaine. C’est la société toute entière qui en bénéficie. C’est pourquoi l’éducation morale devait nécessairement occuper la première place.
Mencius (孟子, 380 av. J.-C.-289 av. J.-C.) a développé la pensée de Confucius et a parcouru les royaumes combattants sans relâche offrant des conseils aux différents dirigeants. Selon lui, les humains sont naturellement bons et ont besoin d’un bon environnement pour s’épanouir. Si les enfants doivent obéissance, soumission et respect à leurs parents et enseignants, ceux-ci se doivent d’être bienveillants en retour. Il en va de même pour les serviteurs et leurs maîtres, les dirigeants et leurs sujets.
Xun zi (荀子, 298 av. J.-C. à 235 av. J.-C.) contrairement à Mencius, pense que l’homme ne naît pas bon, mais le devient. Ayant vécu les guerres incessantes et leurs horreurs, il est un fervent défenseur des devoirs moraux qu’il considère comme une barrière sûre à la méchanceté de la nature humaine. Il met l’accent sur l’importance des vrais talents qui aura un impact profond sur les générations futures.
La morale enseignée aux enfants dans la Chine antique
Les relations familiales étaient régies comme suit : Les aînés ont de la bienveillance envers leurs cadets et ces derniers respectent leurs aînés. Les enfants peuvent contester avec douceur les agissements de leurs parents et si ces derniers n’écoutent pas, avec patience, ils attendent le moment propice. Quand les parents appellent, les enfants veillent à répondre rapidement.
Ils apprennent à ne pas craindre les difficultés et n’hésitent pas à poser des questions. Il est important de ne jamais dire de mauvaises choses et de se tenir loin des scènes de bagarre. Avant d’utiliser les affaires de quelqu’un, il faut le demander clairement et le rendre à temps. Il est conseillé d’être généreux et de prêter facilement. Lorsque quelqu’un fait du mal sans le faire exprès et qu’il rectifie, les choses s’arrangent mais s’il le cache, alors la situation s’aggrave.
L’apprentissage des rites formalise par avance les rapports sociaux. Chacun doit se conformer à la norme sociale s’il ne veut pas perdre la face. De cette manière, les règles étaient généralement bien respectées car perdre la face avait des conséquences non seulement pour l’intéressé mais aussi sur sa famille.
Les étudiants travaillent sur six talents fondamentaux imposés par le confucianisme de la Chine antique. Avant l’enseignement de Confucius, sous la dynastie Zhou (西周, 1045 av. J.-C. à 771 av. J.-C), l’éducation était destinée aux aristocrates et traitait déjà des rites, musique (poésie), tir à l’arc, équitation, calligraphie et mathématiques. Depuis la dynastie Han (西漢 , 206 av. à J.-C. à 220 ap. J.-C.), les six disciplines intègrent également les six classiques, (poésie, calligraphie, rituel, musique, Yi, et la période des Printemps et Automnes) (春秋 aux environs de 771 av. J.-C. à 453 av. J.-C).
Livres étudiés en Chine antique durant les derniers millénaires. L’écriture chinoise est inventée au XXVIe siècle av. J.-C. durant le règne de l’Empereur Jaune (黃帝).
Le Classique des trois caractères est un livre adapté à la lecture des élèves du primaire. Il est divisé en cinq chapitres et présenté en couplets de quatre vers de trois caractères. C’est une façon simple d’apprendre les idéogrammes en même temps que la morale et d’autres sciences comme l’arithmétique. L’histoire et les personnages illustres motivent les enfants à étudier et se comporter en suivant l’exemple de grands hommes.
Le Zhong Yong (中庸, littéralement : impartialité et invariabilité) est le premier des Quatre livres. Il enseigne la voie du milieu, la tempérance, la modération.
Le Guiguzi (鬼谷子) a été compilé par Guiguzi, fondateur de l’école des diplomates (Zonghengjia 縱橫家). C’est une collection de textes écrits durant la période des royaumes combattants et qui s’intéressait particulièrement à la rhétorique et à la tactique militaire.
Le Classique des documents Shu Jing (書經) est un recueil des documents politiques et administratifs des souverains de Chine antique, depuis Yao et Shun (IIIe millénaire av. J.-C.) jusqu’à la fin des Zhou occidentaux (627 av. J.-C.). Des chansons rituelles et populaires s’y trouvent aussi. Confucius a fait connaître ce document. Selon les historiens, il ne reste que la moitié du document utilisable.
Le Classique des documents Yi Jing (易經) qui se traduit par Livre des mutations est à l’origine un traité de divination qui laisse la place à de nombreuses interprétations. Environ 500 ans av. J.-C. il est modifié pour acquérir une dimension philosophique. Il occupe une place fondamentale dans la pensée chinoise pour décrire les états du monde et leurs évolutions.
Le Classique des rites, Liji (禮經) traite des rites sociaux en relation avec l’administration et la politique durant la période Zhou. Confucius l’a utilisé pour son enseignement mais depuis lors, certaines parties du livre ont été modifiées ou sont perdues.
Les Annales des Printemps et Automnes (春秋), relatent les règnes des douze princes de l’État de Lu, de 722 à 481 av. J.-C. Elles décrivent les principaux événements politiques, diplomatiques et militaires intervenus à Lu et chez ses voisins ainsi que quelques phénomènes naturels.
Le Classique de la musique Yuè Jīng (樂經) était un texte confucéen détruit vers 213 av. J.-C. sous la dynastie Qin. Il reste quelques fragments retrouvés dans le Zuoshi Chunjiu (左氏春秋) qui commentent également les Annales des Printemps et Automnes.
Le Classique des vers (詩經) datant du Xe au VIe siècle av. J.-C. compte trois cent cinq poèmes provenant de la Plaine centrale. Il est l’un des rares textes de la Chine antique à avoir survécu à la destruction des livres par l’empereur Qin Shi Huang en 221 av. J.-C. Il est composé de chansons populaires, d’odes mineures, majeures et religieuses.
Il est facile de remarquer que durant tous ces siècles, certaines dynasties ont détruit ou modifié les enseignements selon leurs intérêts. Quand Mao Zedong prend le pouvoir, en 1949, l’armée du Kuomintang fuit à Taïwan alors appelée Formose. Le général Tchang Kai chek emporta sur l’île beaucoup de trésors de la cité interdite. Ils sont présentés au musée national de Taipei à Taïwan. De cette façon, un grand pan de l’histoire chinoise a pu être sauvée de la révolution culturelle.
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