L’empereur Kangxi (4 mai 1654 - 20 décembre 1722) a été l’un des plus grands empereurs de la Chine ancienne. Sous son règne durant la dynastie Qing, la puissance militaire et politique de la Chine a atteint son apogée, et ce fut également une période de grande prospérité culturelle. Mais Kangxi fut aussi un père : il ne ménageait pas ses efforts pour éduquer les princes, ainsi son fils Yongzheng et son petit-fils Qianlong sont tous deux devenus de grands empereurs. Jetons un coup d’œil à la méthode éducative de Kangxi, qui trouve encore un écho chez les parents d’aujourd’hui.
La tradition des empereurs Qing de valoriser l’éducation princière
Kangxi, sage souverain de l’histoire de la Chine, a été éduqué au confucianisme dès son plus jeune âge, lisant les livres classiques du confucianisme (les Quatre Livres et les Cinq Classiques) et pratiquant la calligraphie chinoise.
Outre la gouvernance du pays, Kangxi attachait une grande importance à l’éducation des princes. Il a dit : « Depuis les temps anciens, aucun empereur n’a manqué d’éduquer son prince, ce qui constitue un élément fondamental de l’État. »
La plupart des descendants de Kangxi étaient bien éduqués et très courageux au combat. Ils ont été influencés par l’héritage moral de l’empereur Kangxi ainsi que par le livre Instructions familiales de l’Empereur Kangxi à ses fils, un livre sur les enseignements de l’empereur Kangxi à ses fils à la maison, consignés par l’un de ses fils, l’empereur Yongzheng.
Les origines de l’éducation des princes de la dynastie Qing remontent à l’époque de Nurhachi, le grand ancêtre de la dynastie Qing. À cette époque, la culture et l’éducation mandchoues étaient relativement arriérées. Afin de former des talents qui pourraient travailler à l’unification de la Chine, Nurhachi s’est occupé de l’éducation des jeunes hommes au sein de son clan familial et a créé de nombreuses écoles, allant jusqu’à verser au professeur de ses princes un salaire somptueux.
Il avait compris que pour régner sur un peuple plus nombreux et plus cultivé que le sien, et pour que son règne soit long et harmonieux, il devait s’imprégner de la culture de l’Empire du Milieu et renforcer l’éducation de ses descendants.
Le point de vue de l’empereur Kangxi sur l’éducation impériale
L’empereur Kangxi, qui avait été éduqué dans le confucianisme dès son plus jeune âge, attachait une grande importance à l’éducation de ses fils impériaux tout en gouvernant son État.
Yinreng était le fils de Kangxi et de l’impératrice Xiaochengren. L’impératrice Xiaochengren étant décédée en couches, Yinreng a été aimé par Kangxi dès son plus jeune âge et, à l’âge de deux ans, il a été nommé prince héritier. Lorsque Yinreng eut quatre ans, l’empereur Kangxi lui apprit personnellement à lire. A ses six ans, Kangxi engagea de grands érudits tels que Zhang Ying et Li Guangdi pour enseigner à Yinreng, et le forma assidûment dans l’espoir de faire de Yinreng un sage dirigeant de la dynastie des Qing jusqu’en 1712, date à laquelle il fut allégué que le prince héritier Yinreng faisait la fête et buvait avec des gangsters qui mettaient le pays hors-la-loi, et l’empereur Kangxi décida d’abolir le statut de prince héritier de Yinreng.
Au cours de la 26ème année du règne de l’empereur Kangxi (1687), il s’adressa aux professeurs du prince au sujet de l’éducation du prince héritier, en présence de ce dernier, des quatre princes aînés et de nombreux ministres de la garde du palais. Ce discours se concentre davantage sur son point de vue concernant l’éducation des héritiers impériaux.
Il a avancé : « Depuis les temps anciens, les empereurs ont toujours fait de l’éducation de leur prince héritier un élément fondamental de leur dynastie. J’ai constaté que dans la Chine ancienne, les monarques sages qui n’éduquaient pas leur prince héritier de la bonne manière conduisaient à la subversion de leur régime. Cette situation était très fréquente. Par exemple, l’empereur Tang Taizong de la dynastie Tang était également connu comme un empereur sage, mais trois de ses quatorze fils sont morts jeunes et neuf sont morts dans des rébellions. Je connais très bien les raisons de cette situation, et même si je ne me prétends pas être un sage, je n’ai pas d’autre choix que de faire de mon mieux pour éduquer le prince héritier. »
L’empereur Kangxi a personnellement choisi des personnes érudites et prudentes pour apprendre à lire à ses fils, et la hutte sud-est du palais Qianqing où Kangxi gérait les affaires du gouvernement a été choisie comme l’endroit où les princes commençaient à étudier, afin qu’il puisse suivre les lectures de ses fils.
L’éducation des princes par l’empereur Kangxi
À partir de cette époque, le palais a créé une « école pour les princes » (上書房, shàng shu fáng). L’empereur Kangxi lui-même vérifiait souvent l’apprentissage de ses fils, et pendant son temps libre pour les affaires politiques, il enseignait souvent aux princes sans interruption. Outre la lecture et l’écriture, Kangxi enseignait tout à ses fils, de leurs études à leur comportement.
Plus tard, l’autre fils de Kangxi, Yinzhen, compila ces contenus dans le livre Instructions Familiales de l’Empereur Kangxi à ses Fils lorsqu’il devint l’empereur Yongzheng. Les mots d’instruction de Kangxi et les allégories étaient principalement tirés des Quatre Livres et des Cinq Classiques.
L’empereur Kangxi accordait également une grande importance à l’enseignement de l’équitation et du tir à l’arc à ses fils, conformément aux enseignements de sa grand-mère. En outre, il exposait ses fils à la science et à la technologie et les emmenait en voyage d’inspection à travers le pays afin d’élargir leur horizon. L’approche et l’attitude de Kangxi à l’égard de l’éducation des princes ont eu un impact profond sur l’éducation impériale ultérieure de la dynastie Qing.
Kangxi expliqua un jour à ses fonctionnaires : « Je pense souvent à la tâche importante qui m’a été confiée par mes ancêtres. L’éducation du fils de l’empereur doit commencer tôt et je n’ose pas la négliger. Avant l’aube, je me lève, vérifie et supervise personnellement leur leçon. Le prince héritier et les autres princes montent au palais dans l’ordre, récitaient l’un après l’autre les écritures, jusqu’au coucher du soleil. Mais je leur fais aussi apprendre à écrire et à tirer à l’arc. L’enseignant répétait les points essentiels des cours et les princes étudiaient jusqu’à tard dans la nuit. Du printemps à la fin de l’année, il n’y avait aucun jour d’interruption. »
Joachim Bouvet, missionnaire français envoyé en Chine par le roi français Louis XIV à l’époque, rapporte à Louis XIV que l’empereur chinois avait porté une attention particulière à l’éducation morale de ses fils et s’était efforcé de leur donner toutes sortes de formations adaptées à leur statut, leur apprenant l’écriture, l’histoire, la poésie, la peinture et la calligraphie, la musique, la géométrie, l’astronomie, le tir à l’arc, la natation, les armes à feu, etc.
Extraits du livre Instructions Familiales de l’Empereur Kangxi à ses Fils
Le livre Instructions Familiales de l’Empereur Kangxi à ses Fils, a été écrit par l’empereur Yongzheng et raconte les admonestations que son père, l’empereur Kangxi, aimait faire à ses fils dans leur vie quotidienne.
Le livre se composent de deux cent quarante-six enseignements de Kangxi sur la lecture, la culture de la qualité morale, la conduite à tenir, le traitement des autres, le respect des personnes âgées, la filiation, le traitement des serviteurs et les petits détails de la vie quotidienne. Parce qu’ils ont été expliqués par l’empereur à ses fils, ils sont très précis, vivants et réalistes, sans fioritures.
La plupart des fils et petits-fils de Kangxi savaient écrire et combattre, en particulier les deux empereurs exceptionnels qui l’ont suivi : l’empereur Yongzheng, qui était un homme de grand mérite et de grande perspicacité, et l’empereur Qianlong, qui était si raffiné et élégant qu’il s’appelait lui-même « l’empereur parfait ». Tous ont été influencés directement ou indirectement par l’héritage moral de l’empereur Kangxi consigné dans le livre Instructions Familiales de l’Empereur Kangxi à ses Fils dont nous avons choisi deux extraits ci-dessous pour découvrir en partie l’éducation familiale d’un grand empereur chinois :
« L’homme bienveillant voit toutes les choses comme une seule, et sa compassion et sa sympathie se répandent partout. Il traite son peuple comme ses frères et sœurs et toutes les choses de la même manière, et son amour et sa compassion se font sentir partout. Lorsqu’il s’agit de son cœur, son cœur est bon et heureux, et cette bonté et ce bonheur sont omniprésents. Tout ce qui est bénéfique aux autres, il le fera. Tout ce qui est préjudiciable aux autres, il ne le fera pas. Quelle que soit l’importance de l’affaire, sa bienveillance est infinie ; il ne fait qu’exercer sa bienveillance, et toutes les choses reçoivent la bienveillance qu’elles méritent en fonction de leur destin. »
« Les sages des temps anciens, les paroles qu’ils ont prononcées constituent les Classiques qu’on étude, et les actes qu’ils ont accomplis constituent les plus importantes leçons dans notre histoire. Par conséquent, si vous ouvrez les livres classiques, les livres d’histoire, vous serez en mesure de vous cultiver. Ce que vous lisez dans votre vie quotidienne devrait être principalement les classiques et l’histoire. Quant à la récitation et de la création des poèmes, bien que ce soit le talent des lettrés, vous l’apprendrez également au fur et à mesure que vous lisez les classiques et l’histoire. Les enfants ne devraient pas être autorisés pendant leur éducation à lire des fictions dont le contenu n’est qu’une invention superficielle. Si l’on permet aux enfants de lire ces fictions, ils risquent de les croire vrais, et ceux qui sont complaisants peuvent même agir comme les personnages de ces fictions. Comment peuvent-ils connaître le but réel de ceux qui écrivent des fictions lorsqu’ils utilisent des métaphores et des allusions ? Telles sont les vérités à enseigner aux enfants, vous devez donc vous en souvenir. »
Rédacteur Simone Yang
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