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Histoire. Les étudiants internationaux à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang (1/2)

CHINE ANCIENNE > Histoire

Après plusieurs siècles de développement, les cultures de différentes écoles de pensée, régions et ethnies ont fusionné sous la dynastie Tang (唐朝 – 618 à 690 et 705 à 907) pour former l’apogée de l’histoire chinoise. L’ouverture des transports terrestres et maritimes a amené un grand nombre d’envoyés, de marchands et d’étudiants internationaux, dont beaucoup ont étudié et séjourné à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang.

Comment la dynastie Tang admettait-elle et gérait-elle les étudiants internationaux ? Quel rôle ont-ils joué dans la diffusion de la culture chinoise ?

Les étudiants internationaux à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang
L’empereur Taizong de la dynastie Tang a ouvert, dans le manoir qu’il occupait lorsqu’il était Prince Qin, une Académie littéraire pour attirer les lettrés. Il a créé l’académie Hongwen pour sélectionner les lettrés de l’empire Tang. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0) 

Chang’an, capitale impériale de la dynastie Tang et carrefour des Mondes

Chang’an était la plaque tournante de la communication entre l’Orient et l’Occident. Depuis la dynastie des Han occidentaux, le trafic Est-Ouest se faisait principalement par voie terrestre et maritime. Les gens des régions de l’Ouest se rendant sur la Terre des Tang par voie terrestre devaient passer par Chang’an, tandis que ceux des pays d’Asie de l’Est et du Sud se rendant à l’Ouest, par voie terrestre et maritime, devaient également passer par Chang’an et s’y arrêtaient souvent. Chang’an affichait le dynamisme d’une ville de prospérité culturelle et de circulation des personnes et des richesses.

Chang’an était non seulement le centre politique de la dynastie Tang, mais aussi le centre culturel du pays. L’empereur Taizong de la dynastie Tang a ouvert, dans le manoir qu’il occupait lorsqu’il était Prince Qin avant de devenir l’empereur, une Académie littéraire pour attirer les lettrés. Il a créé l’académie Hongwen pour sélectionner les lettrés de l’empire Tang.

Également bureaux officiels pour la collecte et la correction des livres classiques, l’académie Hongwen rassemblait des livres, jusqu’à plus de 200 000 volumes. Elle était la bibliothèque centrale avec la plus grande collection de livres du pays.

En raison du dynamisme de la cour impériale, lors des festivals, des poèmes de la dynastie, des chants de banquet et de belles phrases ont été rapidement introduits dans le palais. Ils se sont tout aussi rapidement répandus loin à la ronde. À Chang’an, il y avait deux maisons d’enseignement : l’une où l’on créait les plus belles chansons et l’autre consacrée à la danse. Dans ces maisons, l’on chantait et dansait beaucoup. Les nouvelles chansons des pays étrangers étaient copiées et interprétées dans ces ateliers, et les artistes de la ville suivaient la tendance. La musique, le chant et la danse étaient extrêmement développés sous la dynastie Tang, et Chang’an était un lieu d’excellence en matière de musique et de danse.

En outre, la diffusion du bouddhisme a eu un grand impact sur les échanges culturels. Dès son retour en Chine, le moine Xuanzang a traduit les sutras dans le temple de Ci’en. Ainsi, Chang’an est devenue un lieu important pour le bouddhisme en Chine.

Grâce à l’initiative de l’empereur Taizong de la dynastie Tang, 1 200 nouveaux dortoirs ont été construits à l’Académie impériale, et plus de 8 000 étudiants Chinois et internationaux y ont été inscrits. La plupart des descendants des familles nobles étrangères sont venus en Chine pour étudier à l’Académie Impériale. Cet établissement a été une institution populaire sans précédent.

Les étudiants internationaux à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang
À Chang’an, il y avait deux maisons d’enseignement, dont l’une où l’on créait les plus belles chansons. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0) 

Admission et prise en charge financière des étudiants internationaux

De nombreux étudiants, envoyés par leur pays, étudiaient à l’Académie impériale de Chang’an. De nombreux moines, érudits des temples, venaient en Chine pour apprendre la Loi de Bouddha. Parmi ces étudiants et ces moines, les plus nombreux étaient ceux provenant des pays voisins de l’Asie orientale, dont Silla, un royaume historique de Corée, et le Japon.

Depuis que les fils royaux étaient envoyés à Chang’an pour étudier en 640 ap. J.-C., le nombre d’étudiants de Silla, venant dans la capitale des Tang, était le plus élevé parmi les étudiants étrangers. Le Japon a envoyé 19 fois des émissaires officiels dans la capitale de la dynastie Tang, dont un grand nombre d’étudiants étrangers et de moines érudits, selon certains historiens chinois et japonais.

Silla avait unifié la péninsule coréenne au cours de la deuxième année de Shang Yuan (675-676), sous l’empereur Gaozong de Tang. De nombreux étudiants de Silla ont également passé l’examen de Jinshi de la dynastie Tang. De la première année de Changqing (821) à la fin de la dynastie Tang, 58 étudiants de Silla ont réussi l’examen. Après avoir réussi, certains d’entre eux sont restés à Chang’an pour travailler au gouvernement de Tang en tant que fonctionnaires.

Les étudiants japonais se rendaient à Chang’an avec les missions japonaises dans la Chine des Tang, soit par bateau officiel, soit par l’intermédiaire d’un relais de poste, tous les frais étant pris en charge par le gouvernement de la dynastie Tang. Après l’arrivée à Chang’an, le premier séjour se déroulait dans la banlieue de la capitale, au relais de poste Changle. Puis des fonctionnaires du gouvernement venaient à cheval pour les accueillir autour d’un repas. Par la suite, guidé par les fonctionnaires dédiés, le groupe habitait dans le pavillon de Sifang, spécialement conçu pour recevoir les missions étrangères. Les diplomates chinois dédiés s’occupaient de la nourriture, des vêtements, du logement, du transport, etc. À la fin, les envoyés étrangers attendaient la convocation de l’empereur pour lui présenter des cadeaux. Lorsque les envoyés japonais rencontraient l’empereur, ils en profitaient pour demander des arrangements pour aider les étudiants à étudier en Chine. En général, l’empereur « accédait à toutes les demandes ».

La plupart des étudiants étrangers étaient affectés à l’Académie Impériale - le Guozijian (國子監) - qui était divisée en six facultés. La plupart des étudiants étudiaient l’histoire et les classiques dans les trois premières facultés, tandis que quelques-uns étudiaient le droit, la peinture, la calligraphie, et l’arithmétique dans les trois autres facultés.

Les étudiants internationaux à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang
Les étudiants japonais se rendaient à Chang’an avec les missions japonaises dans la Chine des Tang, soit par bateau officiel, soit par l’intermédiaire d’un relais de poste, tous les frais étant pris en charge par le gouvernement de la dynastie Tang. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0) 

Comme ces facultés étaient créées et gérées par le gouvernement, une fois les étudiants inscrits, toutes leurs dépenses telles que la nourriture, les vêtements, le logement et le transport étaient prises en charge par le gouvernement Tang comme pour les étudiants chinois. Mais, les frais des étudiants chinois étaient payés directement par l’Académie Impériale alors que ceux des étudiants étrangers étaient payés par le Honglu Si, le département des affaires étrangères des Tang.

Bien que le gouvernement Tang ait adopté une attitude positive à l’égard des étudiants étrangers, il y a eu des cas de « refus » en raison du nombre limité de places et du niveau insuffisant de maîtrise de la langue chinoise des étudiants. Par exemple, le moine japonais Tachibana no Hayanari n’a pas pu entrer à l’Académie Impériale, parce qu’il ne maîtrisait pas le chinois, il a dû rendre visite à des érudits célèbres à Chang’an pour devenir leur élève et a enfin réussi ses études. Toutefois, le nombre d’étudiants japonais venant en Chine à chaque fois restait faible, de sorte que les cas de refus étaient très rares.

Programme d’études et gestion des étudiants internationaux

Pendant leurs études, les étudiants internationaux devaient suivre les coutumes et les règlements académiques de la dynastie Tang. Tout d’abord, ils étaient tenus d’offrir un nombre limité de cadeaux symboliques à leurs professeurs lorsqu’ils les rencontraient pour la première fois. Deuxièmement, le matériel pédagogique et la période d’étude des étudiants japonais étaient les mêmes que ceux des étudiants chinois, à savoir :

  • un an au total pour le Classique de la piété filiale ou Xiao Jing (孝經) et les Analectes ou Les Entretiens de Confucius (論語),
  • un an et demi respectivement pour Le Classique des documents ou Shang Shu (尚書), les Annales des Printemps et Automnes ou Chun Qiu (春秋), le Classique de Guliang ou Guliang Zhuan (穀梁傳),
  • deux ans respectivement pour le Livre des mutations ou Yi Jing (易經), le Commentaire de Mao ou Mao Shi (毛詩), les Rites des Zhou ou Administration des Zhou (周禮) et le Classique des rites ou Li Jing (禮經),
  • et trois ans respectivement pour le Livre des rites ou Li Ji (禮記) et le Commentaire de Zuo ou Zuo Shi Chun Qiu (左氏春秋).

Toujours selon le système académique, les étudiants devaient passer trois types d’examens : l’examen de dix jours, qui se déroulait tous les dix jours et qui était suivi par un jour de repos, l’examen annuel qui portait sur l’ensemble des cours de l’année et l’examen de fin d’études qui portait sur tous les cours obligatoires.

Toutefois, les élèves qui n’avaient pas terminé tous les cours obligatoires, à la fin de la neuvième année d’études, ou qui avaient reçu des notes inférieures, trois années consécutives, ou qui avaient commis des délits, tels que le vagabondage, les jeux d’argent, les querelles ou les insultes envers les enseignants, ou qui avaient pris plus de 100 jours de congé en un an, se voyaient contraints de quitter l’école.

En outre, il existait également un « concours de fonction publique réservé aux étudiants étrangers » permettant aux candidats retenus de travailler au sein du gouvernement des Tang. Un étudiant japonais nommé Abe Nakamaro (nom chinois Chao Heng), a réussi dans l’examen impérial du plus haut niveau.

Les étudiants internationaux à Chang’an, la capitale impériale de la dynastie Tang
Le matériel pédagogique et la période d’étude des étudiants japonais étaient les mêmes que ceux des étudiants chinois, par exemple ils disposaient d’un an au total pour le Classique de la piété filiale ou Xiao Jing (孝經) et les Analectes ou Les Entretiens de Confucius (論語). (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0) 

L’accueil des moines étudiants étrangers

Sous la dynastie Tang, les moines étudiants étrangers qui avaient étudié pendant plus de neuf ans étaient assignés à l’ordre des moines chinois et traités exactement de la même manière que ces derniers. Au début de leurs études, la plupart des moines japonais étaient placés dans les temples royaux tels que le temple Ximing, le temple Liquan, le temple Ci’en, le temple Longxing et le temple Zhenguo.

Ils bénéficiaient de toutes sortes de traitements favorables. Le gouvernement de la dynastie Tang offrait « 25 pièces de soie par an et des vêtements pour toutes les saisons » aux moines étudiants étrangers. De plus, il leur accordait de temps à autre des récompenses exceptionnelles.

Lorsque ces moines étudiants se déplaçaient dans les monastères de différentes régions, le fonctionnaire leur délivrait à l’avance les documents d’identification, afin qu’ils puissent demander à être nourris et logés dans les monastères de chaque État et préfecture, ou bénéficier de l’accueil de la population.

Les monastères de chaque région accueillaient ces moines étudiants avec beaucoup d’enthousiasme : répondant à toutes sortes de questions et enseignant le bouddhisme avec sérieux, de sorte que les écoles bouddhistes populaires de la dynastie Tang ont été introduites au Japon et à Silla les unes après les autres.

À suivre...

Rédacteur Charlotte Clémence
Collaboration Yi Ming

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