Lorsqu’il est question de femmes général de l’armée dans la culture chinoise, les gens ne manquent pas de mentionner des noms connus de femmes militaires telles que Mulan. Mais combien de personnes savent que la première femme général de l’histoire chinoise est née sous la dynastie Shang (1570 à 1045 av. J.-C.) ? Cette femme général n’était pas seulement une guerrière courageuse, mais aussi une érudite et une militaire talentueuse. Et plus surprenant encore, elle était aussi une reine multitâche !
Une bonne épouse pour un bon roi
La dynastie Shang (aussi appelé Yin) régna sur la Chine des environs de 1600 à 1046 avant J.-C. et Wu Ding (武丁) était le 23ème souverain de la dynastie Shang, appelé aussi Gaozong (高宗) après son décès. Il a vécu jusqu’à 100 ans et a régné pendant 59 ans. C’était un bon roi qui vénérait le ciel, cultivait la vertu, soutenait les souffrances du peuple, respectait les sages et les capables, réalisait des mérites et faisait revivre la dynastie Shang en déclin. Les générations suivantes l’ont également décrit comme « le grand bienveillant de Yin » et lui ont donné l’appréciation historique de « roi de la Renaissance de la dynastie Shang », appelant ses réalisations « la Renaissance par Wu Ding ».
Il a créé sa propre armée « les Trois Divisions », a regagné le cœur des princes rebelles après des dizaines d’expéditions et étendu les frontières de la dynastie Shang.
Les Archives du Grand Historien ou Shiji rapportent que « Wu Ding a cultivé son gouvernement et pratiqué la vertu, et le monde est ravi, la voie de Yin a été ainsi ravivée ». Un si grand souverain n’était pas seulement assisté de bons ministres, mais aussi d’une bonne épouse. Wu Ding et sa reine, Fu Hao, étaient un couple parfait.
La reine bien-aimée du roi Wu Ding de la dynastie Shang
Le roi Wu Ding a eu de nombreuses concubines et épouses. On dit qu’il en a eu plus de 60, mais on n’en trouve que trois dans les rituels royaux. Fu Hao était sa première reine et celle qu’il aimait le plus.
Le patronyme de Fu Hao n’était pas Fu, son patronyme est le signe d’un « 亞 » (Ya) dessiné avec un « 兕 » (Si) au milieu. Lorsqu’elle a épousé Wu Ding, celui-ci lui a donné une quantité considérable de sujets et de terres. Sur son fief, elle a reçu le nom de clan « Hao » (好) et était connue sous le nom de « Fu Hao » (婦好), ou « reine Fu Hao » (後婦好). Son nom de temple (le nom donné après la mort d’un souverain ou un membre impérial) est « Xin » (辛), les descendants de la dynastie Shang l’appelaient « mère Xin » (母辛, 妣辛) et « reine mère Xin » (後母辛).
Avant d’épouser Wu Ding, elle devait être la cheffe d’une tribu ou une princesse, aux origines et à la perspicacité extraordinaires. Fu Hao était très cultivée et pouvait également graver des écritures ossécailles, de sorte que le roi Wu Ding la faisait souvent présider les rituels très importants et les discours des orateurs de l’époque. Elle a également été nommée devineresse, ce qui faisait d’elle une femme politique sous le règne de Wu Ding. Elle était également une femme militaire qui a mené de nombreuses guerres et obtenu de grands succès.
Une femme général qui était toujours victorieuse au combat
Selon les documents de divination sous forme d’écriture ossécaille, seules deux des épouses de Wu Ding étaient engagées dans la conquête, l’une étant Fu Hao et l’autre Fu Jing (婦妌) qui était aussi appelée « Si Mu Wu » (司母戊). Fu Jing n’a conquis qu’un seul royaume, Longfang, alors que Fu Hao a conquis cinq royaumes : Tufang, Xiawei (ou Xiawei), Yinfang (ou Bafang), Yifang et Longfang.
Fu Hao ramène toujours la victoire : elle a vaincu plus de vingt États, dont le Tufang du nord, le Yi et le Bafang du sud, ainsi que le Guifang… et a contribué à acquérir plus de territoires à la dynastie Shang. Lors de la bataille contre Qiangfang, Wu Ding lui a donné plus de la moitié des forces de la dynastie Shang : plus de 13 000 hommes.
Cette bataille a été la plus grande campagne militaire de la période Wu Ding. Le commandant suprême de cette bataille était Fu Hao. À cette occasion, tous les généraux les plus expérimentés et victorieux préférés de Wu Ding, tels que Qin et Yu étaient tous sous la direction de Fu Hao. À la suite de cette bataille, les Qiang ont été grandement affaiblis et la frontière occidentale de Shang a été stabilisée.
À cette époque, il existait une tribu puissante, les Tufang, à l’ouest de Anyang, la capitale de Shang. Les Tufang ont souvent envahi les frontières des Shang, ils enlevaient des personnes et des marchandises, devenant un problème majeur pour la dynastie pendant de nombreuses années. Wu Ding a donc ordonné à Fu Hao de mener ses troupes au combat et en une seule bataille, elle a repoussé l’ennemi envahisseur et remporté une victoire des plus puissantes. Elle fit suivre sa victoire d’une défaite complète des Tufang, qui n’osèrent plus jamais revenir offenser la dynastie Shang et seraient plus tard inclus dans le territoire des Shang. Les historiens considèrent que cette bataille est aussi importante que la bataille légendaire entre l’empereur Jaune (黃帝) et Chi You (蚩尤). C’est la plus grande bataille dans l’histoire de la dynastie Shang, telle qu’elle est enregistrée dans les écritures ossécailles.
En plus de cela, Fu Hao possédait également une arme : une hache de combat en bronze pesant neuf kilogrammes. La hache de guerre était principalement utilisée pour diriger l’armée. C’était autrefois un symbole du commandement militaire, c’est-à-dire du pouvoir royal et n’était pas une véritable arme de guerre. C’était une arme d’apparat symbolisant l’autorité de commandement de Fu Hao, montrant qu’elle détenait le pouvoir de conquête.
Une femme prêtre polyvalente
« Les grands événements de l’État sont les rituels et l’armée. » Sous la dynastie Shang, les dieux étaient vénérés pour chaque événement majeur afin de diviniser les cieux. Seules les personnes les plus honorables ou celles ayant la capacité de communiquer avec les dieux pouvaient être prêtres et présider les cérémonies.
Une douzaine de citations trouvées sur des écritures ossécailles témoignent de la façon dont Fu Hao présidait aux principaux rituels au nom de la dynastie Shang. En sa qualité de femme, elle a été la première personne de l’histoire à se charger des vaisseaux sacrificiels de l’État. Le fait qu’elle ait joué un rôle aussi important dans les rituels et la guerre, deux des événements nationaux les plus importants, témoigne de ses capacités extraordinaires et montre que Wu Ding avait confiance en sa reine.
De plus, elle a été la première femme dans l’histoire de la Chine à mouler les Ding (鼎), c’est-à-dire les vases tripodes en bronze (NDTR : un chaudron chinois sur pieds). Dans l’Antiquité, un Ding était une pièce importante de l’État ne pouvant être fabriquée à volonté. Puisque Fu Hao avait son propre fief, sa propre armée indépendante de plus de 3 000 hommes, un nombre inatteignable à l’époque pour un petit État et des conditions financières favorables, elle a pu forger ses propres objets en bronze de grande taille, dont le Si Mu Xin Ding.
Mais cette femme remarquable est décédée à l’âge de trente-trois ans. Après sa mort, Wu Ding lui a construit un mausolée à la limite de l’ancienne cité de Yin.
Dans les années 1970, les ruines Yin dans le village de Xiaotun à Anyang, province du Henan, ont été découvertes les unes après les autres, mais ces onze tombes des rois de la dynastie Shang étaient toutes pillées depuis longtemps. Seul le mausolée de la reine Fu Hao a été conservé intact à la surprise de tous. Il s’agit du seul mausolée royal Shang qui n’a jamais été profané, le seul à ce jour où l’identité du propriétaire peut être déterminée et le plus ancien mausolée chinois mis au jour avec la plus riche collection d’œuvres d’art et d’écritures ossécailles.
Rédacteur Jessica Wang
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