Dans la culture chinoise traditionnelle, la loyauté est un élément très important dans l’éducation morale et l’amélioration du caractère. Elle est le synonyme de droiture, de désintéressement et d’altruisme, si bien que les personnes déloyales étaient très mal vues par toute la société.
Signification de la loyauté « 義 (Yi) » en caractère chinois
En caractère chinois, la « loyauté » (義 Yi) est composée de deux parties : l’« agneau » (羊, Yang) en haut et « moi » (我, Wo) en bas, mais pourquoi ? Dans l’ancien temps, les Chinois croyaient au Ciel, ils offraient toujours le meilleur aux divinités. L’agneau était symbole de bonté et sa chair était tendre, raison pour laquelle l’agneau était offert aux divinités en guise d’offrande. Ainsi, le caractère chinois « loyauté » (義, Yi) signifie se sacrifier de manière désintéressée pour une bonne cause, selon la volonté du Ciel. La pensée confucéenne parle également de cette notion qui est divisée en cinq vertus : la bienveillance (仁, Ren), la droiture (義, Yi), la bienséance (禮, Li), la sagesse (智, Zhi) et l’honnêteté (信, Xin).
L’illustration de la loyauté dans la littérature chinoise traditionnelle
Dans la littérature chinoise traditionnelle, l’esprit de « loyauté » est omniprésent, tels que les romans classiques L’Histoire de la Nomination des Dieux (封神演義, Feng Shen Yan Yi) et Le Roman des trois royaumes (三國演義, San Guo Yan Yi ). Bien que L’Histoire de la Nomination des Dieux raconte une histoire de nomination des dieux dans le royaume céleste, l’œuvre est centrée sur le thème « loyauté ». Selon le roman, Jiang Ziya a aidé le roi Zhou dans la croisade contre le dernier roi tyrannique de la dynastie Shang, afin de rendre la paix au peuple. Cette guerre est considérée comme une action de « loyauté ». De même, Le Roman des trois royaumes semble parler d’une compétition pour l’hégémonie entre trois royaumes, mais le vrai fil rouge de ce roman est d’illustrer ce qu’est la loyauté. Mencius a dit un jour : « J’aime la vie comme j’aime la loyauté, mais s’il n’y a pas moyen de trouver l’équilibre entre les deux, je préfère abandonner ma vie pour préserver ma loyauté. »
L’histoire de Yu Rang, l’incarnation réelle de l’esprit de loyauté
Yu Rang, l’un des quatre grands assassins de la dynastie des Zhou orientaux, a sacrifié sa vie pour la loyauté, laissant derrière lui une histoire émouvante. Yu Rang a d’abord travaillé pour Fan et Zhonghang, deux grandes familles du royaume de Jin, sans pour autant bénéficier de faveurs. Plus tard, il s’est mis au service de Zhi Bo Yao, l’un des quatre ministres du royaume de Jin, qui l’appréciait beaucoup. Lorsque Zhi Bo Yao a été battu et tué par Zhao Xiang Zi, un haut fonctionnaire du royaume de Jin, Yu Rang a décidé de tuer Zhao Xiang Zi pour venger la mort de son maître Zhi Bo Yao. Il s’est d’abord déguisé en peintre avant de tendre un piège dans les toilettes afin d’assassiner Zhao Xiangzi, mais il s’est fait arrêter. Sachant que Yu Rang voulait seulement venger la mort de Zhi Bo Yao, Zhao Xiangzi l’a épargné en raison de sa loyauté envers Zhi Bo Yao. Plus tard, Yu Rang s’est couvert de laque sur le corps, s’est rasé la barbe et les sourcils, s’est défiguré, s’est déguisé en mendiant et a même avalé du charbon de bois pour se rendre muet, puis il s’est caché sous un pont où Zhao Xiangzi devait passer. Lorsque Zhao Xiangzi était sur le point d’arriver à la cachette de Yu Rang, son cheval a soudainement poussé un cri, et Zhao Xiangzi a compris que Yu Rang était venu l’assassiner à nouveau.
Zhao Xiangzi a demandé à Yu Rang : « N’avez-vous pas déjà servi le clan Fan et le clan Zhonghang ? Zhi Bo Yao les a tous deux anéantis, mais au lieu de les venger, vous vous êtes engagé à servir Zhi Bo Yao. Maintenant que Zhi Bo Yao est également mort, pourquoi insistez-vous à le venger ? » Yu Rang lui a répondu : « Lorsque je servais les clans Fan et Zhonghang, ces derniers me traitaient comme un homme ordinaire, et je leur rendais donc la pareille. Quant à Zhi Bo Yao, il m’a traité comme un homme de confiance, et je lui rends aussi la pareille. » Zhao Xiangzi a soupiré et pleuré, puis il a dit : « Hélas, Monsieur Yu ! Ce que vous avez fait pour Zhi Bo Yao a suffi à vous rendre célèbre, et ce que j’ai fait pour vous, c’est également beaucoup. Préparez-vous car je ne peux plus vous épargner aujourd’hui ! »
Yu Rang lui a dit : « J’ai entendu dire que les seigneurs sages ne taisent pas la bonne réputation d’autrui, et que les sujets loyaux doivent mourir pour leur honneur. Tout à l’heure, vous m’avez pardonné. Je dois subir la peine de mort pour ce qui s’est passé aujourd’hui, mais je souhaite simplement obtenir vos vêtements et les poignarder, afin d’accomplir ma volonté de vengeance sans laisser de regrets. Je n’ose pas vous demander quoi que ce soit, mais j’insiste à vous dire ce qu’il y a dans mon cœur ! » Touché par la loyauté de Yu Rang pour Zhi Bo Yao, Zhao Xiangzi a accepté le dernier souhait de Yu Rang. Il a enlevé et passé ses vêtements à Yu Rang. Après avoir touché trois fois les vêtements de Zhao Xiangzi avec son épée, Yu Rang a annoncé : « Je peux enfin aller rejoindre Zhi Bo Yao sans regrets ! » Puis il a mis fin à ses jours. Les sujets du royaume de Zhao ont tous pleuré pour sa loyauté et sa disparition.
Rédacteur Yi Ming
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