L’Alliance des Huit Nations et la chute de la dynastie Qing
En raison de l’influence croissante des puissances étrangères au début du XIXe siècle en Chine, une aversion pour les étrangers et pour les colons fit surface. Les Boxers, nom donné par les Occidentaux, ou encore Yihequan en chinois (Poings de la justice et de la concorde), représentaient ce sentiment qui déboucha sur une rébellion. Cette société secrète fut donc à l’origine d’une révolte.
La guerre des Boxers commença à la fin des années 1890. Ses membres attaquèrent des missionnaires chrétiens, chinois et étrangers du nord de la Chine. En juin 1900, la révolte était au sommet de sa gloire: les Boxers s’étaient emparés de la capitale, Pékin.
De nombreux ouvrages historiques présentent la révolte, soutenue par l’impératrice de la Dynastie Qing, comme une force d’opposition aux puissances étrangères influentes en Chine (dont les chrétiens). Penchons nous sur cette période complexe et essayons d’en comprendre les enjeux.
Des Boxers, photo de 1900. (Image : Wikimedia)
La Chine connut de nombreuses dynasties. Pays fier de son héritage et de sa culture traditionnelle, il se confronta soudainement à une force qui broyait et brisait lentement son héritage millénaire. L’influence coloniale grandissait de jour en jour et entrait en contradiction avec le mode de vie traditionnel chinois. Ceux qui avaient fondé leur existence sur ce mode de vie traditionnel se sentaient particulièrement menacés.
Les jésuites catholiques romains furent les premiers à s’introduire en Chine. Les mandarins acceptèrent leur présence au cours du XVème siècle. Durant le premier siècle de cohabitation, les chrétiens importèrent des connaissances occidentales et exportèrent des éléments de la pensée chinoise. Plus tard, de plus en plus de puissances étrangères arrivèrent en Chine, comme la Grande-Bretagne (grande puissance de l’époque).
Des soldats de l’Alliance des Huit Nations au centre de l'attention à Pékin en 1900. (Image : Wikimedia)
Au fil du temps, la population sentit une menace naître. L’intervention complexe des forces étrangères semblait mener la Chine traditionnelle à sa perte, tant du point de vue institutionnel que culturel. Ainsi, protéger l’héritage dynastique contre les envahisseurs devenait essentiel pour les chinois traditionnels. Aucune différence n’était faite entre les troupes militaires des forces étrangères, les entrepreneurs, ou les missions chrétiennes. Aux yeux des chinois, il s’agissait d’un seul et même corps envahisseur.
L’Alliance des Huit Nations
L’Alliance des Huit Nations, une coalition militaire internationale, fut créée dans le but d’affronter la révolte des Boxers dans l’empire Qing de Chine. Cette Alliance était composée d’unités militaires des États-Unis, de l’empire britannique, de l’Allemagne, de la France, de l’Autriche-Hongrie, de l’Italie, de la Russie et du Japon. Au cours de l’été 1900, ils réunirent leurs troupes pour protéger leur influence en Chine.
En juin 1900, les Boxers encerclèrent le quartier de la légation de Pékin, aujourd’hui simplement Pékin. Un grand nombre d’étrangers et de ressortissants chinois furent pris au piège. A cette époque, le gouvernement chinois soutenait la révolte des Boxers et déclara la guerre à la coalition internationale.
La chute du château de Pékin de septembre 1900. Des soldats britanniques et japonais assaillent les troupes chinoises. (Image : Wikimedia)
L’Alliance réussit à repousser la résistance chinoise au bout de deux assauts. Le 4 août, suite à une contre-attaque massive, elle réussit à briser le siège du quartier de la légation de Pékin, et mit fin à une guerre courte, mais violente.
Terrain d’essai militaire
À l’époque de l’Alliance des huit nations, les puissances occidentales apportèrent sur le champ de bataille un mélange de fusils de fabricants d’armes. Les fabricants se livraient une bataille de concurrence sans merci des deux côtés de l’Atlantique pour dominer le marché. L’armée américaine essaya plus de 50 modèles différents avant d’adopter le Krag-Jorgensen en 1892. Les Français portaient leurs fusils Lebel Model 1886 à Pékin, tandis que les troupes allemandes apportaient leurs nouveaux fusils Gewehr Model 98 sur le champ de bataille. Les soldats austro-hongrois défilaient avec leurs fusils Mannlicher M1888. Les Italiens brandissaient leur modèle Carano 1891. Les Japonais se battaient avec leurs nouveaux Arisakas de type 30 et leurs anciens Muratas de type 13 Meiji. Les Russes, entrés en guerre avec le Japon en 1905, furent fidèles à leur M1891 Mosin-Nagant. D’un point de vue économique, les conflits armés ouvraient des opportunités aux entrepreneurs militaires.
Soldats allemands près de Pékin avec leurs fusils Gewehr Model 98. (Image : Wikimedia)
La chute de l’impérialisme
La dynastie Qing a établi le territoire de la Chine tel qu’on le connaît actuellement. Son premier empereur est célèbre : il fut le premier à unifier la Chine. Il laissa à son pays l’un de ses plus grands héritages : la Grande Muraille de Chine. La dynastie Qing s’installa en 1644. Elle fut la dernière dynastie impériale à gouverner la Chine, et se termina en 1912. Après la révolte des Boxers, la dynastie Qing perdit le pouvoir. La Révolution républicaine fit basculer la balance et renversa l’empereur. S’établit alors la République de Chine qui mit fin au système impérial.
Chute de la République et montée des communistes
L’histoire de la transition ne se termine pas avec la chute de la dynastie Qing. Après seulement 37 ans d’existence ( de 1912 à 1949), la République de Chine, y compris la Chine continentale et Taïwan, tomba entre les mains des communistes chinois en 1949. La Chine continentale devint la République populaire de Chine. Taïwan souhaitait garder une certaine forme d’autonomie et rester la république de Chine (jusqu’en 1971, Taïwan occupait le siège de la Chine à l’ONU). Jusqu’à ce jour, aucun traité de paix n’a été signé. La tension demeure.
Conclusion
L’histoire n’est pas une science exacte: elle se construit à partir de bribes de mémoires qui modulent dans le temps, de perspectives et points de vue qui évoluent. Nous n’aurons jamais tous les éléments pour la composer. Analyse imparfaite, car incomplète, du passé, elle reste matière à réflexion. Elle se transforme en véritable professeur moral si on dépasse le simple jugement du «bien» ou du «mal»: analysons en profondeur les décisions prises et leurs conséquences. Car, d’une certaine manière, l’histoire contient les principes profonds et intemporels sur lesquels nous pouvons nous appuyer. Ces principes nous aideront à prendre de meilleures décisions pour façonner notre avenir.
Rédacteur Lia Suzuran
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