Dans le nord-ouest de la province du Hubei en Chine, il existe un endroit appelé « Shennongjia », qui a préservé la végétation forestière subtropicale la plus intacte du 31e parallèle nord. Cette région est également le théâtre de nombreuses légendes anciennes et magnifiques, dont la plus répandue est celle de Shennong, l’un des ancêtres du peuple chinois. Il est à l’origine de l’agriculture, de la médecine traditionnelle et de la culture du thé en Chine. Le nom « Shennongjia » vient justement de « Shennong ».
Shennongjia : un pays vert merveilleux à 31° de latitude nord
Dans le nord-ouest de la province du Hubei en Chine, il existe un endroit appelé « Shennongjia », qui a préservé la végétation forestière subtropicale la plus intacte du 31e parallèle nord, et qui est connu comme le « miracle vert » de l’hémisphère nord à la même latitude.
La zone ouverte de Shennongjia est habitée par quelque 80 000 personnes et abrite des animaux albinos rares, tels que des ours blancs, des serpents blancs, des singes blancs, des tortues blanches, des araignées blanches et des écureuils blancs. Elle abrite également plus de 1 800 espèces de plantes médicinales de sorte que l’on parle de jardin médicinal naturel. La région est également riche en minéraux tels que le fer, le phosphore, le magnésium, le plomb et le zinc, le silicium, etc.
Jusqu’à présent, même si des activités touristiques ont été lancées dans les environs de Shennongjia, on est encore loin d’avoir une vue d’ensemble de la région.
La légende de Shennong goûtant à cent herbes
L’intérieur de la forêt de Shennongjia a toujours été inaccessible et constitue l’une des régions les plus mystérieuses de Chine. C’est un lieu ancien et mystérieux qui renferme de belles légendes, la plus répandue étant celle de Shennong, l’un des pères fondateurs de la Chine préhistorique à l’époque des Trois Augustes et des Cinq Empereurs.
Dans les temps lointains, les céréales et les mauvaises herbes poussaient ensemble, les herbes et les fleurs fleurissaient ensemble, et nul ne savait quel aliment pouvait être mangé, quelle herbe pouvait guérir les maladies. Les gens devaient compter sur la chasse pour gagner leur vie. Les oiseaux dans le ciel devenaient de moins en moins nombreux et les bêtes sur terre de plus en plus rares, si bien que les gens finissaient par manquer de nourriture. Les hommes malades ou blessés ont dû périr sans traitement ni remède.
Face à cette situation, Shennong, inquiet, se creusa les méninges et réfléchit longuement avant de trouver une solution. Il décida de partir de sa ville natale, avec un groupe de sujets, en direction du nord-ouest vers les montagnes.
Ils traversèrent de nombreuses rivières, escaladèrent de nombreuses montagnes et parcoururent de nombreux kilomètres. Lorsque le soleil se leva à l’est pour la quarante-neuvième fois, ils arrivèrent à un endroit. Là, les chaînes de montagnes se chevauchaient, les ravins et les ravines étaient profonds, les nuages flottaient et les brouillards se répandaient, l’air était parfumé.
Alors qu’ils s’apprêtaient à gravir la montagne, une meute de loups, d’insectes, de tigres et de panthères émergea soudain du ravin et les encercla. Aussitôt, Shennong demanda à ses sujets de brandir leurs fouets divins et de battre les bêtes. Ils se battirent pendant sept jours et sept nuits avant de réussir à repousser les bêtes. Les tigres, les panthères et les pythons étaient recouverts de cicatrices causées par les fouets divins, qui devinrent par la suite des tâches sur leur peau.
Les sujets se disaient que cet endroit était trop dangereux et conseillèrent à Shennong de retourner sur ses pas. Mais Shennong leur répondit avec fermeté : « Les gens ont faim, ils sont malades et n’ont pas de médicaments, comment pourrions-nous faire demi-tour ? »
Il se tenait sur une petite colline rocheuse, regardant autour de lui et se demandant ce qu’il devait faire. Soudain, quelques singes grimpèrent le long du rotin en surplomb et du bois tombé sur la falaise. Shennong eut une idée et demanda à ses sujets de fabriquer des poteaux en bois et des bandes de rotin afin de construire une échelle contre la falaise, un étage par jour.
Le printemps et l’été se succédèrent, l’automne et l’hiver aussi, et il fallut une année entière pour construire 360 couches avant d’atteindre le sommet de la montagne. La légende veut que les échafaudages utilisés par la suite par les hommes pour construire des bâtiments aient été inspirés de la méthode de Shennong.
Selon la légende, Shennong était né avec un pouvoir divin, il était grand et beau, avec une grande bouche et des lèvres épaisses. De plus, il avait un corps de cristal, un corps transparent. Grâce à ce corps, il pouvait observer clairement les couleurs de ses cinq viscères et les six intestins ainsi que leurs changements, les vaisseaux sanguins et les méridiens, de même que la circulation du sang.
Il pouvait ainsi étudier les effets des plantes, dont le thé, sur le corps humain, afin de déterminer quelles plantes pouvaient être consommées et lesquelles devaient être évitées. Il pouvait également distinguer les vertus médicinales et la toxicité des plantes, tout en étant capable de les désintoxiquer à temps.
Outre le fait de goûter aux plantes, Shennong se servait également des instruments divins. L’historien de la dynastie des Jin de l’Est, Gan Bao (286-336), a consigné dans son recueil de romans et de nouvelles, intitulé À la recherche des dieux, que Shennong possédait un fouet divin de couleur ocre. Dès lors qu’il passait le fouet sur des plantes de toutes sortes, il était en mesure de savoir la nature et le goût des plantes, par exemple si elles étaient neutres, vénéneuses, froides, chaudes, etc.
Le jour, Shennong emmenait ses sujets dans les montagnes pour goûter toutes sortes d’herbes. La nuit, il demandait à ses sujets de faire du feu pour noter les détails à la lumière du feu.
Shennong parcourut toutes les montagnes et collines et goûta à toutes sortes d’herbes et d’arbres pendant soixante-dix-sept ou quarante-neuf jours. Il lui arriva même de goûter à plus de soixante-dix sortes d’herbes vénéneuses en un jour, et d’être empoisonné soixante-dix fois de suite.
Il fit la distinction entre les herbes vénéneuses et les herbes médicinales et découvrit 365 sortes d’herbes pouvant guérir plus de 100 types de maladies. Il écrivit le Shennong bencao jing (神農本草經; le Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste, dans lequel il précisa quelles herbes étaient amères, chaudes, froides, capables de calmer la faim et de guérir les maladies, et demanda à ses sujets de les rapporter sur terre afin de guérir les maladies du peuple.
Shennong découvrit également que le blé, le riz, les céréales, les haricots et le sorgho pouvaient nourrir les gens. Il demanda donc à ses sujets de rapporter les graines au peuple pour la plantation, et ce furent les cinq céréales connues sous le nom de « Cinq Grains ». C’est la raison pour laquelle Shennong fut surnommé le Laboureur Céleste.
Lorsque Shennong s’apprêta à redescendre de la montagne, il regarda autour de lui et s’aperçut que les échelles en bois construites sur la montagne avaient disparu. Les poteaux de bois avaient pris racine et poussé sous la pluie pour devenir une véritable forêt. Au moment où Shennong se demandait comment descendre, une troupe de grues blanches apparut soudain dans le ciel et l’emmena, lui et plusieurs de ses sujets, au Palais céleste.
Pour célébrer l’exploit de Shennong, qui avait goûté aux herbes pour aider l’humanité, le peuple nomma cette vaste mer de forêts « Shennongjia », ce qui signifie « l’échelle de Shennong ».
Shennong n’était pas avide de gains personnels et gagnait le respect en résolvant les problèmes du peuple
Pour faciliter la vie des gens ordinaires, Shennong inventa et fabriqua également des poteries. Conscient des désagréments causés par l’obscurité, il faisait de son mieux pour trouver des herbes et des arbres combustibles pour l’éclairage et les transformer en bougies. Il désigna également des responsables pour combattre les incendies.
Shennong inventa également la cithare à cinq cordes,dont le son servait à apaiser l’esprit des gens et à éliminer leurs mauvaises pensées, afin que les différentes couches de la société soient en harmonie, qu’elles s’assimilent aux vertus des dieux et retrouvent leur esprit céleste.
Grâce à la méthode de moralisation de Shennong, le cœur de ses sujets restait simple, et les gens ne se disputaient pas. L’essor de l’agriculture avait rendu la nourriture et les richesses plus abondantes. C’est pourquoi Shennong créa des marchés où les gens pouvaient échanger leurs biens pour obtenir ce dont ils avaient besoin, et ils vivaient dans la paix et le bonheur.
Shennong n’était pas avide de gloire et de prestige dans le monde. Il ne se vantait pas de sa propre sagesse et de sa supériorité sur les autres, et c’est pour cette raison que les Chinois le respectaient autant.
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