Vers 1046 av. J.-C., le seigneur Wu du royaume de Zhou décidait d’anéantir la dynastie Shang sous le règne du roi Xin (appelé par les futures générations le roi Zhou de Shang) et s’approchait de la capitale de Yin (Shang). Le ministre de Yin, Zu Yi, effrayé, courut prévenir le roi Xin : « La Grande Tortue ne peut pas donner de signes auspicieux et je crains que le Ciel ait abandonné Shang ». Le roi Xin lui répondit : « J’ai le mandat du Ciel, qui peut y faire quelque chose ? » Mais à la fin, la dynastie Shang a été détruite par les Zhou. Pourquoi le roi Xin, qui pensait avoir le mandat du Ciel, a-t-il été détruit ?
D’où venait la confiance du roi Xin ?
La période des trois augustes et des cinq empereurs au cours de la Haute Antiquité, était une époque où l’homme et les dieux coexistaient de manière merveilleuse. Les trois augustes mentionnés dans le Classique des documents ou Shangshu étaient Suiren, Fuxi et Shennong. Ils ont enseigné à l’humanité des compétences et des connaissances spécifiques de survie.
Suiren apprit à l’humanité à utiliser le feu. Fuxi lui a appris à fabriquer des filets pour attraper les poissons et apprivoiser les animaux sauvages. Shennong a apprit aux êtres humains à cultiver des céréales et à identifier les herbes médicinales. Ils ont ainsi guider l’humanité, lui permettant d'entrer progressivement dans une société agricole, stabilisant ses conditions de vie.
Le Roi Xin de Shang était un descendant de Xie et l’origine de son clan pouvait être retracée jusqu’à l’Empereur du Ciel. Il se considérait sous le mandat du Ciel qu’il pensait immuable. Lorsque le seigneur Wu de Zhou s’approchait de la capitale de la dynastie Shang, le roi Xin a dit : « Ah ! Mon destin n’était-il pas déjà décidé par le Ciel ? » Le résultat a été la chute de son royaume.
Ce que le roi Xin n’a pas compris
Deux ans après que la dynastie Zhou a remplacé la dynastie Yin (Shang), le monarque qui a succédé au trône était le roi Cheng qui était encore mineur. Durant cette époque transitoire où la Chine n’était pas encore en paix, le duc Zhougong et le duc Zhaogong sont devenus les ministres chargés de soutenir le jeune roi.
Alors que Xia et Shang étaient autrefois de grandes dynasties protégées par le mandat du Ciel, mais qu’elles étaient toutes deux tombées en ruine, le duc de Zhougong et le duc Zhaogong en ont tiré une leçon : le dernier roi de ces deux dynasties avait exagéré le mandat du Ciel en négligeant la vertu, alors que le mandat du Ciel peut se transférer lorsqu’une dynastie n’avait plus de vertu. Après avoir accepté le mandat du Ciel, il faut aussi faire attention à sa propre vertu et prendre la gouvernance vertueuse comme règle fondamentale et seulement ainsi, la dynastie durerait toujours.
Ainsi, lorsque Kang Shu, le demi-frère du roi Wu de Zhou, était intronisé dans l’ancienne contrée de Yin, le duc Zhougong, inquiet de la jeunesse de Kang Shu, lui recommandait de « prôner la vertu et minimiser les sanctions » et de « s’efforcer d’appliquer des politiques vertueuses ». Lorsque le duc Zhaogong construisait la nouvelle capitale, Luoyi (l’actuelle Luoyang), le duc Zhougong est venu l’inspecter. Le duc Zhaogong invita le duc Zhougong à transmettre un message important au jeune roi Cheng : « Si vous ne respectez pas la vertu, vous perdrez le mandat du Ciel ».
Après l’achèvement de Luoyi, le roi Cheng de Zhou a déplacé les survivants de Yin. Au nom du roi Cheng de Zhou, le duc Zhougong leur a dit : « Le mandat céleste de Yin a été achevé par le Ciel et nous a ensuite été transmis, sinon comment aurions-nous, le petit État de Zhou, osé vous prendre le trône ? La raison pour laquelle vous avez perdu votre royaume est que le roi Xin était extravagant et lascif et le ciel ne donnera pas un grand destin à quelqu’un qui n’exerce pas la vertu. Alors, cessez d’avoir du ressentiment et soumettez-vous à la dynastie Zhou ! »
La vertu est la véritable base du mandat céleste
Plus tard, le duc Zhougong a reçu l’ordre du roi Cheng de rester à Luoyi pour renforcer la supervision et l’administration des survivants de Yin et de la région orientale. Afin d’établir la « vertu » en une force concrète, le duc Zhougong a établi un système de rituels, connu sous le nom de Rites des Zhou ou Zhouli.
Selon l’érudit Wang Guowei : « Le système de rites et de cérémonies des Zhou est un instrument de moralité, son but est de gouverner les sociétés supérieures et inférieures avec la moralité, et d’unir les fils du Ciel, les vassaux, les ministres, les grands fonctionnaires, les érudits et les gens du peuple en une communauté morale. »
Les Zhou gouvernaient tous les niveaux de la société selon les rituels de la primogéniture, du patriarcat, de la féodalité, du deuil et du nombre de temples claniques, en utilisant les principes généraux du « respect », de la « parenté », de la « vertu » et de la « distinction entre hommes et femmes » pour gouverner les ancêtres, les descendants, les parents et les fonctionnaires… La décence humaine et les rituels étaient omniprésents.
Depuis l’époque où le roi Wu de Zhou a choisi Luoyi comme capitale et l’a appelé le centre du monde, où les pays voisins des quatre directions pourraient parcourir la même distance pour venir à Luoyi afin d’offrir le tribut au roi, jusqu’à l’époque où le duc Zhougong a fait des rites et de la musique à Luoyi, étendant le concept de respect de la vertu du centre aux quatre coins du monde et le transmettant d’une génération à l’autre, tous ces éléments ont pout but de rappeler aux Chinois de génération en génération : ce qui fait d’un pays un pays et ce qui fait d’un homme un homme est la vertu.
Rédacteur Yi Ming
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