Chiang Kai-shek avait un lien indéfectible avec la culture chinoise traditionnelle. Bien que Chiang se soit converti au christianisme après l’âge mûr, sa pensée était principalement ancrée dans la tradition chinoise. Tout au long de sa vie, il a été un fervent défenseur de la culture chinoise traditionnelle. Après avoir quitté la Chine continentale en 1949, il a fait beaucoup pour protéger et promouvoir cette culture vieille de 5 000 ans à Taïwan et dans le monde entier, notamment durant les dix ans de révolution culturelle lancée en 1966 par Mao Zedong en Chine.
L’attitude de la Chine continentale à l’égard de la culture traditionnelle pendant la révolution culturelle
En 1966, Mao Zedong a lancé la révolution culturelle en Chine continentale pour briser les « Quatre Vieilleries », à savoir les « vieilles idées », la « vieille culture », les « vieilles coutumes » et les « vieilles habitudes », causant de graves dommages à la culture traditionnelle chinoise. Pendant la révolution culturelle, la culture traditionnelle chinoise a été détruite, des livres ont été brûlés et des esprits chinois ont été emprisonnés. Quiconque osait lire les réalisations culturelles exceptionnelles de l’humanité, telles que les classiques chinois et la littérature étrangère, était rapidement accusé de « propager les toxines idéologiques du féodalisme, du capitalisme et du révisionnisme » et envoyé en prison.
Aujourd’hui, il est facile de trouver sur Internet des photos montrant les jeunes gardes rouges d’une école normale détruisant le temple confucéen, déterrant la tombe de Confucius et brûlant les classiques confucéens à Qufu, ville natale de Confucius, dans la province de Shandong. Cette folie et cette horreur sont sans précédent.
Mais comment le gouvernement de la République de Chine exilé à Taiwan, de l’autre côté du détroit, a-t-il réagi lorsqu’il a pris connaissance de la situation en Chine continentale ? Les témoignages recueillis jusqu’à présent peuvent être résumés comme suit :
1) Le choc
À l’époque, de nombreuses personnes exilées à Taïwan étaient incrédules, car la culture chinoise traditionnelle ne représentait pas une menace pour le pouvoir du Parti communiste chinois (PCC), sans parler du fait que le PCC avait lavé le cerveau des gens pendant tant d’années et que la pensée des habitants de la Chine continentale était depuis longtemps contrôlée par le PCC selon les termes du Guomindang (KMT), alors comment était-il possible que des reliques historiques soient détruites à une si grande échelle et que les intellectuels soient persécutés ?
2) La tristesse
La catastrophe subie par la culture chinoise traditionnelle a attristé profondément les érudits exilés à Taïwan. Xu Fuguan, un représentant du néoconfucianisme chinois installé à Taïwan avec Chiang Kai-shek, s’est dit très attristé par cette situation. Selon lui, la Chine continentale possède un riche patrimoine culturel, mais elle n’hésite pas à le détruire, alors que Taïwan, en tant que petite île isolée et gouvernée par le Japon depuis 50 ans, devait assumer la perpétuation de ce patrimoine.
3) Le Mouvement pour la renaissance de la culture chinoise traditionnelle à l’île de Taïwan en opposition à la révolution culturelle en Chine continentale
Le 10 octobre 1966, Chiang Kai-shek a publié la Lettre aux compatriotes, dans laquelle il déclarait : « Comme nous le savons tous, la survie d’une nation dépend de la qualité de sa culture traditionnelle, supérieure ou inférieure, civilisée ou barbare. Si sa belle culture est détruite, l’esprit national sera perdu, et la nation entière n’existera plus que de nom ! La raison pour laquelle la nation chinoise est grande et durable, peut traverser cinq mille ans sans tomber, c’est parce que sa culture se perpétue, se maintient éternellement, évolue avec son temps, elle peut donc aller de l’avant et rester éternelle… Les gardes rouges d’aujourd’hui qui sont les voyous maoïstes voudront détruire notre culture traditionnelle vieille de 5 000 ans en tant qu’objectif de leur action idéologique ».
Chiang a confié au régime KMT installé à Taïwan la tâche de « réaliser les trois principes du peuple, de sauvegarder l’histoire et la culture ainsi que de défendre les droits de l’homme et les libertés… La responsabilité de la préservation de la culture nationale et de l’histoire authentique ».
Afin de protéger la culture chinoise traditionnelle et de contrebalancer la révolution culturelle, en novembre 1966, 1 500 personnes à Taïwan, dont Sun Ke, le fils aîné de Sun Yat-sen - père fondateur de la République de Chine - ont lancé conjointement une campagne appelant à faire du 12 novembre de chaque année, jour anniversaire de la naissance de Sun Yat-sen, le Jour de la Renaissance de la Culture chinoise traditionnelle.
En juillet 1967, un congrès a été lancé par divers secteurs à Taïwan pour promouvoir la renaissance de la culture chinoise traditionnelle, avec Chiang Kai-shek lui-même comme président. Aussitôt après le congrès, le mouvement de renaissance a été lancé à Taïwan et à l’étranger.
Au début de la création du Comité pour la Renaissance de la Culture chinoise traditionnelle, Chiang Kai-shek a tout pris en main et, sous sa supervision, le comité a créé de nombreuses agences et commissions spécialisées : commission nationale d’orientation de la vie, commission pour la promotion de la recherche littéraire et artistique, commission pour la compilation et la traduction d’œuvres scientifiques et civilisationnelles chinoises, prix pour la recherche et l’invention scientifiques et technologiques, commission pour la promotion de l’opéra chinois et notamment la Commission pour la promotion de l’édition savante.
Cette organisation était responsable de la collecte et de la publication des textes de la pensée chinoise ancienne et de la popularisation de l’excellence académique auprès de la jeune génération. Elle a également publié un grand nombre de bibliographies de livres chinois anciens, tels que le Zhou Yi nouvellement annoté et traduit, le Laozi nouvellement annoté et traduit, le Shijing nouvellement annoté et traduit, le Mencius nouvellement annoté et traduit, ainsi que le Shiji en langue vernaculaire et le Ziji Tongjian en langue vernaculaire. etc.
À Taïwan, Chiang Kai-shek a également incorporé des termes culturels traditionnels dans le nom des routes: il a renommé plusieurs artères urbaines est-ouest et nord-sud de Taïpei comme Rue Zhongxiao (Loyauté et piété filiale), Rue Ren’ai (Bienveillance et amour), Rue Xinyi (Honnêteté et droiture), Rue Heping (Paix), Rue Siwei (Quatre principes fondamentaux) et Rue Badei (Huit vertus) dont les noms sont extraits des Quatre Livres et des Cinq Classiques, qui étaient les grands classiques du confucianisme chinois, ouvrages incontournables pour les lettrés de la Chine ancienne, et même du contenu des examens impériaux.
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