En 1966, lorsque le président Mao Zedong lança la Révolution culturelle, la culture traditionnelle chinoise fut confrontée à une crise sans précédent : les universités, les collèges et les écoles primaires de Chine continentale furent paralysés. Selon Hu Meiqi, l’épouse du célèbre historien Qian Mu, ce dernier arpenta la maison nuit et jour, silencieux, pendant un à deux mois. Un jour, Qian Mu déclara son intention de compiler le Mandarin Self-Study Reader for All, afin de permettre aux Chinois de continuer à étudier la littérature chinoise classique, même s’ils n’avaient pas accès à des professeurs ou à des écoles, et de sauver la tradition menacée par le communisme.
Qian Mu a prédit que le communisme serait pire encore à l’avenir en Chine
En 1969, Qian Mu donna une conférence à des officiers militaires à Kinmen. Il fit une prédiction qui faisait froid dans le dos : « Le communisme rampant en Chine à l’heure actuelle… n’est qu’un cadavre ambulant avec des os et de la chair. Le régime continental est comme une pierre géante tombant d’une haute montagne, plus il s’approche de l’effondrement, plus son élan est grand… Les atrocités des gardes rouges et de la Révolution culturelle sont terrifiantes, mais il y a des choses encore plus horribles à venir ».
En 1978, Qian Mu retourna à l’université chinoise de Hong Kong, où il continua à critiquer avec véhémence le Parti communiste chinois et Mao Zedong, affirmant que « Mao n’a fait qu’imiter Staline, dans le but de redistribuer la richesse et la production dans le pays. Cette action a inévitablement conduit à la faillite de la société chinoise, la laissant dans un état pire que celui de l’Union soviétique ».
Profondément respecté par Chiang Kaï-chek
L’amour et l’adhésion de Qian Mu à la culture chinoise traditionnelle étaient profondément respectés par le président de la République de Chine, Chiang Kaï-shek. En 1942, Chiang Kaï-shek tenta de rencontrer Qian Mu à plusieurs reprises, mais essuya un refus poli. L’année suivante, cependant, Qian Mu accepta l’invitation de Chiang Kaï-shek. Au cours de leur rencontre, malgré la centaine de personnes qui attendaient une audience avec Chiang Kaï-shek, Qian Mu eut droit à une conversation prolongée et à un déjeuner partagé, un honneur qui témoignait de la haute estime de Chiang Kaï-shek à son égard.
Dans les années 1950, Qian Mu, en proie à des difficultés financières lors de la création du New Asia College à Hong Kong, demanda de l’aide à Taïwan. Ayant appris cela, Chiang Kaï-shek demanda au ministère de l’éducation de fournir des fonds et s’engagea à verser des subventions mensuelles du bureau présidentiel pour soutenir le New Asia College, une contribution qui dura quatre ans.
Une dernière prédiction de Qian Mu
À la fin de sa vie, Qian Mu, bien que malvoyant, restait un intellectuel infatigable. Il rédigea un article intitulé The Potential Contributions of Chinese Culture to the Future of Humanity (Les contributions potentielles de la culture chinoise à l’avenir de l’humanité). Rédigé un peu plus de cent jours avant sa mort, cet article a souvent été considéré comme son « testament » académique.
Dans ce testament académique, Qian Mu affirme qu’historiquement, « la contribution la plus profonde de la culture chinoise réside dans l’étude de la relation entre le " ciel " et " l’humanité ". Les Chinois aiment parler du " ciel " et de " l’humanité ". J’ai dit un jour que le concept "d’harmonie entre le ciel et l’humanité" était la plus grande contribution de la culture chinoise à l’humanité ».
Plus loin, il a précisé en ces termes : « Si l’on observe les flux et reflux de la culture mondiale, on constate que la culture occidentale, une fois qu’elle connaît un déclin, peine à renaître. La culture chinoise, en revanche, a connu des chutes et des remontées répétées, ce qui lui a permis de perdurer pendant des millénaires. Cela s’explique sans doute par l’esprit inhérent à la culture chinoise traditionnelle qui, depuis les temps anciens, met l’accent sur l’harmonie avec la nature et le respect de l’ordre naturel ».
Qian Mu a fait ensuite une prédiction : « Je suis convaincu que la trajectoire future de la culture mondiale sera probablement guidée par la culture chinoise traditionnelle ».
Qian Mu décéda à Taïwan le 30 août 1990, à l’âge de 96 ans.
Malgré le communisme destructeur, Qian Mu laissa un héritage culturel abondant.
La grande majorité des intellectuels de haut niveau qui crurent à la propagande du PCC et restèrent en Chine continentale en 1949 furent persécutés de diverses manières au cours des campagnes politiques successives lancées par le PCC. Nombre d’entre eux durent faire face à la désintégration de leur famille et à la ruine personnelle.
Cependant, Qian Mu, dont les résultats académiques furent inégalés parmi ses contemporains du continent, connut non seulement un grand succès dans son travail, mais il mena également une vie de famille heureuse. Il laissa un héritage abondant aux étudiants. Sa vision de la destruction de la culture chinoise traditionnelle par le Parti communiste chinois reste aujourd’hui encore éclairante et digne d’éloges.
Rédacteur Albert Thyme
Source : Qian Mu: Guardian of Chinese Tradition in the Shadow of Communism (Part 2)
www.nspirement.com
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