Soong Mei-ling (1898- 2003), issue d’une famille prestigieuse, était une femme politique, diplomate, mondaine, femme d’affaires de la République de Chine (Taïwan aujourd’hui) et seconde épouse du président de la République de Chine Chiang Kai-shek. Ayant profondément marqué l’histoire de la Chine moderne et les relations entre la République de Chine et les États-Unis, Soong Mei-ling est reconnue comme la « première dame de la République de Chine pour toujours ».
La vie de Soong Mei-ling correspond à la quasi-moitié de l’histoire moderne de la Chine
Soong Mei-ling est issue d’une famille chrétienne prestigieuse : son père, Charlie Soong, était le vingt-neuvième petit-fils de Han Qi, un des premiers ministres de la dynastie des Song du Nord (960 - 1279), et sa mère, Ni Guizhen, était une descendante de Xu Guangqi, promoteur des échanges culturels et techniques entre la Chine et l’Occident sous la dynastie des Ming (1368 - 1644).
À la fin de la dynastie Qing, elle a étudié au Wesleyan College en Géorgie et au Wellesley College dans le Massachusetts, où elle obtient son diplôme avec mention. Elle parlait couramment le français et l’anglais.
Soong Mei-ling aimait regarder des films, lire des journaux et des magazines anglais et porter des qipao. Sa maison était remplie de tissus de soie de haute qualité destinés à la fabrication des qipao.
De retour en Chine, elle s’est consacrée à la charité et aux services sociaux de l’Église. Sa vie a traversé trois siècles, ayant témoigné de la fondation de la République de Chine (aujourd’hui le gouvernement à Taïwan), de la guerre sino-japonaise et de la guerre civile entre le Kuomintang et le Parti communiste chinois (PCC). La vie de cette première dame perpétuelle correspond presque à la moitié de l’histoire moderne de la Chine.
La « Mère fondatrice de l’armée de l’air » de la République de Chine
À l’époque où Chiang Kai-shek dirigeait les militaires et les civils dans la lutte contre les Japonais, Soong Mei-ling a initié et dirigé le mouvement anti-japonais chez les femmes chinoises, créé des orphelinats et des écoles sur le front intérieur, et cousu personnellement les vêtements pour les soldats de première ligne.
Elle a également écrit une lettre au général américain Claire Lee Chennault pour l’inviter à venir en Chine pour devenir le conseiller militaire de Tchang Kaï-chek. Inspiré par le modèle du Corps aérien de l’Armée américaine, Claire Lee Chennault a créé une force aérienne - 1st American Volunteer Grouples (Premier Groupe de volontaires américains) qui est plus connue sous le nom de Tigres volants (Flying Tigers) - destinée à venir en aide au gouvernement chinois pendant la deuxième guerre mondiale. Ce qui a valu à Soong Mei-ling le surnom de « Mère fondatrice de l’armée de l’air » de la République de Chine.
Invitée aux États-Unis à prononcer un discours pour exhorter le Japon à se rendre.
Fin 1941, les États-Unis entrent dans la Seconde Guerre mondiale. En 1943, Soong est invitée au Congrès américain pour prononcer un discours intitulé Guerre et paix, appelant le peuple américain à soutenir la guerre de la Chine contre le Japon, ce qui fait d’elle la première Chinoise à s’exprimer devant le Congrès américain.
Anti-communiste durant toute sa vie
Après la victoire de la Chine dans la guerre contre le Japon en 1945, le Comintern s’est infiltré dans le monde entier, soutenant le régime communiste chinois en Chine, qui s’est emparé du pouvoir en 1949, tout en prenant le contrôle de la politique et de l’opinion publique américaines. Après la prise du pouvoir par le PCC, les alliés internationaux de Taïwan étaient largement convaincus que le gouvernement nationaliste finirait par perdre la guerre.
À ce moment critique, Soong Mei-ling a prononcé son Discours aux États-Unis depuis New York, dans lequel elle affirme, sans condescendance, que « Quelle que soit la situation, la République de Chine combattra le PCC jusqu’au bout, et que cette guerre n’est pas une guerre civile chinoise, mais une bataille entre le bien et le mal dans le monde entier. » Elle a prédit qu’« à l’avenir, tous les pays du monde devront choisir entre la liberté et le communisme, c’est-à-dire entre le bien et le mal, et qu’à la fin, la justice l’emportera sur le mal ! » Elle a également déclaré un jour : « Tant que la République de Chine existera, le communisme ne pourra pas s’emparer de l’Asie … »
En 1986, Soong est retournée à Taïwan pour prononcer son dernier grand discours I Will Rise Again, dans lequel elle a réaffirmé l’importance de Taïwan comme base de l’anticommunisme en Extrême-Orient pour toute l’humanité, et a souligné que la force du rajeunissement de la nation chinoise provenait de ses 5 000 ans de culture et de moralité.
Tragédie : sa sœur Soong Ch’ing-ling a fait défection au Parti communiste chinois
Soong Mei-ling avait deux sœurs, dont la deuxième, nommée Soong Ch’ing-ling, a connu un parcours politique très différent, voire opposé.
Soong Ch’ing-ling a épousé Sun Yat-sen (1866-1925), le père fondateur de la République de Chine. Cependant, après la disparition de son mari, Soong Ch’ing-ling est allée à l’encontre des idéaux de Sun Yat-sen et a collaboré avec les communistes chinois.
Au début des années 1930, l’Internationale communiste à Shanghai a formé Soong Ch’ing-ling en tant que membre du Parti communiste. Dans les années qui ont suivi, elle a servi non seulement l’Internationale communiste, mais aussi le Parti communiste chinois pendant la seconde guerre sino-japonaise (1937-1945), notamment dans le cadre d’activités de renseignement.
Après la prise de pouvoir du PCC en Chine, Soong Ch’ing-ling est passée du statut de favorite du PCC à celui de personne froidement traitée en raison de ses interrogations répétées sur Mao Zedong. Pendant la révolution culturelle lancée par le PCC, les tombes des parents de Soong Ch’ing-ling à Shanghai ont été déterrées et une statue en bronze de Sun Yat-sen à Nanjing a été enlevée.
Pour Soong Mei-ling, au cours de sa vie Soong Ch’ing-ling n’a pas été loyale envers le pays et ne s’est pas montrée bienveillante envers le peuple parce qu’elle a aidé le Parti communiste chinois pervers qui tourmentait le peuple chinois ; elle n’a pas fait preuve de respect et de piété filiale envers ses parents parce qu’elle a permis qu’ils soient déterrés après leur mort ; elle n’a pas respecté son devoir envers son mari et ses amis… En bref, la vie de la deuxième sœur de Soong Mei-ling incarne le côté tragique de l’histoire de la Chine.
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