Formée sous la dynastie Zhou de l’Ouest (environ 1046 à 771 av. J.-C.), pendant la période des Printemps et Automnes (environ 771 à 481/453 av. J.-C.) et dans l’État de Chu (aujourd’hui province du Hubei), la culture Chu est un trésor de la culture régionale chinoise ancestrale, ayant comme berceau le cours moyen du fleuve Yangtze. C’est une culture très développée et distinctive, un patrimoine historique exceptionnel créé par le peuple Chu au cours de sa longue histoire.
La culture Chu, mais qu’est-ce que c’est ?
Lorsque les Chinois pensent à la culture Chu, ils l’associent immédiatement au poète Qu Yuan et au festival des bateaux-dragons, aux cloches chinoises en bronze du marquis Yi de Zeng, uniques dans l’histoire des instruments de musique du monde, à l’épée du roi Goujian qui dort sous terre depuis plus de 2 000 ans sans rouiller, aux tissages de la soie de Ma Shan, salués par les experts comme le musée de la soie du monde, à la riche collection de livres en lamelles de bambou de Chu & Han considérée comme une bibliothèque souterraine, ainsi qu’au travail exquis du bois laqué local des dynasties Qin (221 av. J.-C. – 206 av. J.-C.) et Han (206 av. J.-C. – 220), etc.
Le terme « culture Chu » a généralement deux significations. La première est la culture Chu au sens culturel régional, qui se réfère à la culture de la région Chu de l’Antiquité à nos jours. La seconde est la culture Chu au sens culturel historique, qui se réfère principalement à la culture créée par l’État et le peuple Chu durant l’ensemble de la période qui précède la dynastie Qin.
L’étendue géographique de la culture Chu
Géographiquement parlant, la majeure partie de l’actuel Hubei et les parties sud-ouest et sud du Henan étaient le berceau de la culture Chu primitive. Le Jiangsu, le Zhejiang et la partie nord de l’Anhui étaient les centres de la culture Chu postérieur. Le Hunan et le Jiangxi étaient les centres de la culture Chu à partir du milieu de la période des Printemps et Automnes. Certaines parties du Guizhou, du Yunnan, du Guangdong et du Shandong ainsi que la Corée du Sud ont également été influencées par la culture Chu.
En contraste avec la culture Chu, il y a la culture des plaines centrales (les cours moyen et inférieur du fleuve Jaune, avec le Henan comme région centrale), la culture Bashu (Sichuan), la culture Wu-Yue (les régions actuelles du Jiangsu et du Zhejiang), et la culture de Qi-Lu (la région centrée sur l’actuelle province de Shandong). Ensemble, ces cultures régionales forment le corps principal de la culture divine chinoise - la culture Huaxia chinoise (également appelée la culture Han après la dynastie Han).
L’origine et l’histoire de la Culture Chu
Le développement de la culture Chu a coïncidé avec l’essor de l’État Chu. Selon les documents historiques, les ancêtres de Chu sont issus du clan Gao Yang, empereur ZhuanXu (2597 av. J.-C. et mort en 2435 av. J.-C.), le petit-fils de l’Empereur Jaune.
D’après le livre Shiji -Les Chroniques de Chu de l’historien Sima Qian (145-86 av. J.-C.), de la dynastie des Han occidentaux, les premiers dirigeants de Chu étaient les descendants de l’empereur ZhuanXu : Xiong Yi et ses descendants. Ces derniers ont été les premiers pionniers des vallées du fleuve Yangtze et de la rivière Han au début de la dynastie des Zhou occidentaux, et ont formellement établi l’État de Chu (VIIIe siècle – 223 av. J.-C.), l’un des États vassaux de la période des Printemps et Automnes et de la période des Royaumes combattants. Chu était l’un des cinq hégémons de la période des Printemps et Automnes et l’un des sept Royaumes combattants.
Depuis l’époque où Xiong Qu, l’arrière-petit-fils de Xiong Yi, a fait de ses trois fils des rois, jusqu’à l’époque où le roi Wu de Chu (?-690 av. J.-C.)s’est fait roi, où le roi Wen de Chu (?-677 av. J.-C.) a établi sa capitale à Ying et où le roi Zhuang de Chu (?-591 av. J.-C.) a dominé les plaines centrales, pendant près de trois cents ans, l’État de Chu est passé d’un clan « barbare » dans le sud du pays au plus grand royaume de la période des Royaumes combattants, avec un territoire d’un rayon de « 5 000 miles », grâce à un développement laborieux et des conquêtes du sud au nord.
À son apogée, Chu couvrait tout le sud de la Chine et comptait cinq millions d’habitants, soit un quart de la population totale de la Chine pendant la période des Royaumes combattants. La région a abrité des personnages célèbres de l’histoire chinoise telle que le taoïste Lao Tseu, l’agronome de Xu Xing (environ 372-289 av. J.-C.), l’astronome Tang Mei (?-301 av. J.-C.), Nangong de l’école du Yin-Yang, l’éducateur Xunzi (environ 313-238 av. J.-C.) et le musicien Zhong Ziqi (413-354 av. J.-C.). La culture Chu, ancienne et profonde, avec une histoire de 800 ans, a également pris forme progressivement.
La tolérance et la générosité du peuple Chu ainsi que leur ouverture d’esprit ont contribué au développement rapide du pays
La générosité du peuple de Chu et leur ouverture d’esprit ont été l’une des principales raisons intrinsèques du développement rapide de l’État de Chu, qui est passé d’un petit État à un grand, et d’un pays faible à un pays puissant.
L’État de Chu a annexé de nombreux États, s’étendant sur onze des provinces (villes) actuelles. La civilisation des différentes régions était très variée, avec des origines historiques différentes, mais Chu était capable de les pacifier toutes. Chu n’a jamais décapité des dizaines de milliers de personnes à la guerre aussi facilement que l’armée Qin, et n’a jamais enregistré un grand nombre de captifs.
La manière habituelle de traiter avec un État vaincu par l’État de Chu, consistait à permettre à son dirigeant et aux membres de sa famille de déménager ailleurs, à préserver leur temple clanique, à compter son territoire dans l’État Chu, à apaiser ses sujets et à utiliser ses talents vertueux et compétents. Même pour les barbares, les Chu étaient assez généreux.
C’est pour cette raison que Chu a pu obtenir le soutien de tous les groupes ethniques, faisant preuve d’une grande tolérance, d’une grande ouverture et d’une grande capacité de cohabitation, et créant en Orient une civilisation Chu qui rivalisait avec celle de la Grèce antique en Occident, s’étendant sur un vaste territoire le long du fleuve Yangtze.
Bien que l’État de Chu ait été détruit par Qin, la culture Chu, avec le Tao dans son cœur, n’a pas disparu avec la chute de l’État Chu. À la fin de la dynastie Qin, Liu Bang (256-195 av. J.-C.) et Xiang Yu (232-202 av. J.-C.), originaires de l’État de Chu, sont revenus conquérir la dynastie Qin et ont fait revivre la culture Chu. Cependant, après que l’empereur Wu de la dynastie Han (159-87 av. J.-C.) n’ait vénéré que le confucianisme, la culture Chu, en tant que système autonome, a cessé d’exister.
La culture Chu et les cinq mille ans de culture chinoise traditionnelle
Toutefois, la spiritualité pure de la culture Chu, associée à la culture traditionnelle des plaines centrales, a formé les cinq mille ans de culture chinoise de transmission divine.
La culture Chu regorge de personnages historiques légendaires, d’objets rituels et d’instruments de musique en bronze d’une grande finesse et subtilité, d’objets en bois laqué décorés et aux formes fantastiques, les tissages de soie plus délicats que le naturel, ainsi que de coutumes et de folklore purs et simples.
En dévoilant le mystère derrière la philosophie, la littérature, l’artisanat, l’architecture, les tissus, les costumes, la gastronomie, l’art, la musique et la danse de la culture Chu, nous espérons faire revivre la beauté profonde de cette culture dans notre cœur et retrouver notre véritable identité.
Rédacteur Tchen Sixuan
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