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Histoire. Sun Yat-sen, le père de la Chine moderne, et les trois principes du peuple

CHINE ANCIENNE > Histoire

Sun Yat-sen (1866-1925) est originaire de la province du Guangdong. Il est le pionnier de la révolution démocratique en Chine, fondant la République de Chine et proposant les trois principes du peuple : démocratie libérale, nationalisme et bien-être du peuple. Tout au long de sa vie, il a lutté pour l’indépendance et la liberté de la Chine, en faisant preuve d’intégrité, et avec des réalisations notables. 

L’enfance de Sun Yat-sen

Le 12 novembre 1866, Sun Yat-sen nait dans une famille de six enfants. Il est le cinquième enfant d’une famille de villageois ordinaires de Guangzhou, sous l’empire Qing. 

Depuis son enfance, Sun a toujours été une personne droite et courageuse, et il s’est toujours battu pour les enfants victimes de brimades. Jamais avide, il ne joue pas à des jeux d’argent et conseille aux villageois de s’en abstenir.

Sun Yat-sen, le père de la Chine moderne, et les trois principes du peuple
Une femme chinoise Han aux pieds bandés à Pékin au début du XXe siècle. (Image : wikimedia / (FIRMIN LARIBE,1855-1942) / Domaine public)

Il s’oppose également à la coutume pédante de bandage des pieds. C’était très à la mode de bander les pieds des femmes à l’époque car on croyait que les pieds d’une femme étaient beaux s’ils étaient petits. Si une femme n’avait pas les pieds assez minces, on se moquerait d’elle, ce qui l’empêcherait peut-être de se marier. Pourtant, le bandage des pieds rendait la marche difficile aux femmes, les faisait souffrir de manière insupportable, et nuisait à leur santé. Depuis son plus jeune âge, Sun Yat-sen est défavorable au bandage des pieds pour les femmes et à la vente d’esclaves.

Sun Yat-sen, brillant étudiant en médecine, prône la révolution pour changer la Chine

Sun Yat-sen commence à partager ses idées révolutionnaires lorsqu’il étudie à Hong Kong. Hong Kong étant un endroit relativement libre et ouvert d’esprit, il lui est facile de prôner la révolution, et Sun s’est donc inscrit à l’École de médecine de Hong Kong.

À l’âge de 26 ans, Sun Yat-sen sort diplômé de l’École de médecine, major de sa promotion, il obtient 100 points sur 100 dans chacune des douze matières qu’il a suivies, ce qui constitue le record parmi toutes les promotions de son école. Le directeur de son école lui confère le titre de « Docteur en médecine » pour ses résultats exceptionnels.

Son diplôme en poche, Sun travaille comme médecin à Macao. En décembre de la même année, il ouvre une pharmacie et clinique de médecine chinoise et occidentale à Macao et voyage fréquemment entre Macao et Guangzhou, utilisant son métier comme couverture pour ses activités prorévolutionnaires.

Au début de l’année 1894, âgé de 28 ans, Sun Yat-sen écrit une lettre à Li Hongzhang, le gouverneur général de la province de Zhili (Hubei, Pékin, Tianjin) à l’époque et surintendant du commerce pour les ports du Nord. Dans cette lettre, Sun préconise le développement de la technologie et de l’industrie.

Sun Yat-sen, le père de la Chine moderne, et les trois principes du peuple
À Tientsin, en 1879, Li Hongzhang et Ulysses S. Grant, le 18ème président des États-Unis. (Image : wikimedia / See page for author / Domaine public)

Dans sa Lettre de dix mille mots à Li Hongzhang, Sun avance que « le plus grand moyen de prospérer, renforcer un pays et le vrai fondement de la gouvernance du pays », c’est que « les gens puissent utiliser au mieux leurs talents, que le territoire puisse exploiter au mieux ses avantages, que les objets puissent servir au mieux selon leur utilité et que la circulation des marchandises puisse être facilitée ». Cependant, il ne reçoit malheureusement aucune réponse favorable de Li Hongzhang.

À la mi-juin de 1894, il abandonne son travail de médecin pour se consacrer à la révolution. Sun Yat-sen se rend à Tianjin dans le nord de la Chine et envoie de nouveau une lettre à Li Hongzhang, mais ce dernier refuse toujours de lui répondre. Le 25 juillet de la même année, la seconde guerre sino-japonaise éclate et Li Hongzhang refuse toujours de rencontrer Sun Yat-sen. Dès lors, Sun Yat-sen n’a plus aucun espoir sur le gouvernement Qing et ses fonctionnaires, il est déterminé à mener des actions révolutionnaires contre la dynastie Qing.

Les trois principes du peuple défendus par Sun Yat-sen

Dans son livre Histoire de la révolution chinoise écrit en novembre 1923, Sun Yat-sen donne un bref résumé et une introduction à la théorie des Trois principes du peuple.

Sun Yat-sen, le père de la Chine moderne, et les trois principes du peuple
Les trois principes du peuple, écrits dans la première page de la Constitution de la République de Chine (qui est actuellement à Taïwan). (Image : wikimedia / National Arichive Press / Domaine public)

1. Le nationalisme

Dans cet article, Sun Yat-sen définit son nationalisme parmi ses trois principes de la manière suivante. Il déclare : « Le nationalisme que je défends consiste uniquement à mettre en valeur et développer ce qui a été laissé par les ancêtres et à combler leurs défauts. Dans le cas de la Mandchourie (ndlr : les dirigeants de la dynastie Qing), on ne cherche pas à se venger d’eux, mais à coexister avec eux sur un pied d’égalité en Chine. C’est de cette manière que le nationalisme que je propose doit agir envers tous les peuples de Chine. »

« En ce qui concerne les autres peuples du monde, nous devons maintenir l’indépendance de notre nation, promouvoir et développer notre propre culture, absorber les cultures du monde et les promouvoir, afin d’être en mesure de progresser avec les autres peuples du monde et de s’intégrer progressivement dans la communauté de l’humanité. C’est ainsi que mon nationalisme doit agir envers les autres peuples du monde. »

Sun Yat-sen, qui vit et participe à la révolution vers la fin de la dynastie Qing, a certainement eu raison de présenter sa théorie du nationalisme de cette manière. En effet, la Chine de cette époque est malmenée à l’extérieur par les puissances orientales et occidentales, démocratiques ou autocratiques. À l’intérieur de la Chine, il y a le régime autocratique de la dynastie Qing, ainsi que la discrimination des Chinois Han par l’aristocratie Mandchoue.

Sun Yat-sen insiste sur l’héritage du pays et l’excellente culture traditionnelle, laissés par les ancêtres, sur l’assimilation des bonnes civilisations du monde, sur l’indépendance de la nation chinoise face aux pays étrangers et sur l’égalité de traitement de tous les groupes ethniques à l’intérieur de la Chine. Quant aux derniers Mandchous de la dynastie Qing, qui ont tué un grand nombre de révolutionnaires, ils ne subiront pas de représailles.

En outre, après avoir mené avec succès la révolution Xinhai, Sun Yat-sen n’imite pas le Parti communiste chinois (PCC) après leur vol du pouvoir en 1949. Le Kuomintang dirigé par Sun Yat-sen ne brutalise pas ses propres compatriotes. Il ne réprime ni les soi-disant « contre-révolutionnaires », ni brutalise les propriétaires terriens, les paysans riches et les capitalistes, ni entame diverses campagnes pour persécuter les intellectuels… Quelle noblesse dans son nationalisme !

2. La démocratie

Dans cet article, Sun évoque également sa doctrine en matière de démocratie parmi ses trois principes. Il expose : « Je me suis engagé dans la révolution pour que la Chine devienne démocratique. Il y a trois raisons pour cela. … Comme nous savons que le peuple est la base de l’État. Si toute personne est égale dans un pays, il n’y a pas de place pour l’existence d’un monarque. … L’invasion de la Mandchourie en Chine a mis la nation chinoise en position d’un pays conquis, et les douleurs du peuple chinois Han ont été toujours aussi grandes au cours des deux cent soixante dernières années (du règne de l’empire Qing). Par conséquent, les monarchies constitutionnelles d’autres pays, où le peuple et le dirigeant ne sont pas profondément perplexes, peuvent être conservées pendant un certain temps, mais en Chine, elles ne le pourront pas. C’est la première chose à apprendre des faits historiques. … Les révolutions dans l’histoire de la Chine, et la prolongation de leur période chaotique, sont toutes dues au fait que chaque personne cherche à avoir son propre système impérial, et se font ainsi une concurrence sans fin. Si un système démocratique est mis en œuvre, les différends seront éliminés, et c’est également le cas du point de vue de la construction future…. »

Sun Yat-sen est très clair : l’inégalité existe parce qu’il y a des empereurs, parce que les Mandchous gouvernent de manière autocratique et parce que les rebelles de l’histoire veulent être empereurs et créer l’inégalité, donc « la Chine doit avoir la démocratie ». Ce n’est qu’en raison de ces trois facteurs que Sun Yat-sen conclut que la première décision de sa doctrine des droits civils est la démocratie, et que la deuxième décision est que la démocratie despotique n’est pas réalisable, et qu’une constitution est nécessaire pour la gouvernance.

3. Le bien-être du peuple

Dans cet article, comment Sun Yat-sen présente-t-il son principe de bien-être du peuple qu’il souhaite défendre ? Sun Yat-sen explique : « Depuis l’invention de la machine en Europe et aux États-Unis, le phénomène de l’inégalité entre les riches et les pauvres a été révélé, et les flammes de la révolution économique, alimentées par les agitations, sont plus intenses que celles de la révolution politique. […] C’est pourquoi j’ai décidé que le bien-être du peuple, le nationalisme et la démocratie devaient être poursuivis simultanément, afin d’obtenir un succès politique en une seule fois et de prévenir contre la révolution économique. »

Sun Yat-sen, le père de la Chine moderne, et les trois principes du peuple
Les Taïwanais, qui n’ont pas souffert du communisme et qui ont été nourris par la culture chinoise traditionnelle, ont un caractère plus doux. (Image : wikimedia / Palais présidentiel / CC BY 2.0)

Tout le monde peut comprendre le terme « bien-être du peuple » et le point de vue historique de Sun Yat-sen sur le bien-être du peuple selon lequel « le bien-être du peuple est au cœur du développement social et historique » est également très juste.

En particulier, Sun Yat-sen s’oppose fermement à la confrontation entre les riches et les pauvres, il déclare à plusieurs reprises que son concept du bien-être du peuple « n’est en aucun cas une égalisation des riches et des pauvres » !

Si Sun Yat-sen veut mener à bien simultanément les révolutions pour le nationalisme, la démocratie et le bien-être du peuple, c’est parce que dans l’Europe moderne, l’indépendance nationale devient une tendance et la question de la démocratie presque résolue. Pourtant, l’invention des machines, l’augmentation de la production et l’aggravation de l’inégalité entre les riches et les pauvres font que les flammes de la « révolution économique » sont « plus fortes que celles de la révolution politique ».

Sun Yat-sen a ainsi la conscience que tant que la question du bien-être du peuple, tant que le problème des moyens de subsistance ne sera pas résolu, la révolution économique (la révolution communiste initiée par les marxistes) qui incite les pauvres à se révolter, sera comme un fléau qui engloutira les fruits des révolutions nationales et des révolutions des droits civiques jusqu’à la restauration de la dictature.

Par conséquent, la défense résolue du bien-être du peuple par Sun Yat-sen, dès son époque, revêt une importance bien plus grande que le simple fait de défendre le bien-être du peuple en général. Son véritable objectif était de combattre le fléau de la révolution communiste.


  

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