Dans les régions montagneuses de Chine, les tulou du Fujian ont résisté à l’épreuve du temps. Habitation traditionnelle à plusieurs étages, cette architecture ancienne a été utilisée dans les royaumes d’antan jusqu’à l’ère moderne. Une série d’entre eux étant désormais classés au patrimoine culturel mondial, leur remarquable solidité peut être étudiée en vue d’une application moderne.
Les tulou du Fujian sont un havre pour les Hakka
Situés à l’extrême Sud-Ouest de la province de Fujian, en Chine, ces 46 tulou, qui signifient « structures en terre » en chinois, sont collectivement connus sous le nom de Fujian tulou. Ils ont été construits principalement entre le XVe et le XXe siècle, le plus ancien et le plus haut ayant été construit en 1308.
Au total, on compte plus de 20 000 tulou dans le Fujian, et il y a, moins nombreux, des exemples de cette architecture dans d’autres régions de Chine, notamment dans le Guangdong. Si la plupart des tulou du Fujian sont circulaires, on en trouve aussi de formes carrées.
Au fil des siècles, ces bâtiments ont accueilli principalement des Hakka, des migrants du Sud de la Chine, venus des environs du fleuve Jaune, qui vivent essentiellement dans le comté de Yongding.
Le tulou est bien plus qu’une habitation en terre
Le tulou du Fujian pourrait être appelé « habitation en terre », mais il est en fait composé de bien plus que de boue. Les fondations sont constituées de couches de pierre sur de la terre compactée, avec un drain intégré pour protéger contre les dégâts des eaux.
Le mur extérieur est divisé en deux sections. La partie inférieure est constituée de blocs de pierre ou de pierres de rivière maçonnées avec un mélange de chaux, de sable et d’argile. Elle est érigée à une hauteur d’environ un ou deux mètres, selon le niveau d’eau de l’inondation.
La partie supérieure est formée de terre compactée mélangée à du riz gluant, et renforcée par des bâtons de bambou horizontaux.
Des habitations pour se protéger de l’ennemi et des intempéries
Les murs d’un tulou peuvent avoir jusqu’à 1,5 mètre d’épaisseur et 18 mètres de hauteur, offrant ainsi plusieurs étages de logements bien protégés. La conception ingénieuse comprend des portes blindées, des tunnels d’évacuation souterrains et des meurtrières sous les toits pour les options défensives, tandis qu’un puits communautaire et des stocks d’urgence de céréales et de bétail garantissent l’approvisionnement en eau et en nourriture. Avec leur conception symétrique, les tulou du Fujian n’avaient pratiquement aucune ouverture vulnérable.
« Les ouvertures de porte sont généralement construites à partir de cadres en granit avec des panneaux de porte de bois. Comme il n’y a qu’une seule entrée, cela rendait le bâtiment plus facile à défendre », a déclaré à Business Insider, Yeo Kang Shua, professeur associé d’histoire, de théorie et de critique architecturale à l’Université de technologie et de design de Singapour. « Les ouvertures des fenêtres sont généralement situées aux niveaux supérieurs, ce qui rend l’accès par les fenêtres également difficile » a-t-il ajouté.
Le tulou est fermé à l’extérieur et ouvert à l’intérieur
Le tulou du Fujian est construit sur la base de la tradition chinoise du concept « fermé à l’extérieur, ouvert à l’intérieur », où les quartiers d’habitations entourent une cour centrale, enfermée dans des murs imposants.
Il s’agit essentiellement d’un village autonome, chaque section du bâtiment étant séparée entre les familles d’un même clan. L’étage inférieur du tulou servait généralement de débarras pour la famille, les étages supérieurs étant réservés à l’habitation.
Les murs du tulou sont construits de manière inclinée vers le centre, la gravité poussant les murs ensemble. La même méthode a été utilisée pour la construction de la pagode du temple Fogong.
Des tuiles d’argile cuites, disposées de façon radiale autour du toit, soutiennent la plus grande circonférence de la structure extérieure. L’avant-toit s’étend généralement jusqu’à environ deux mètres, ce qui permet d’éloigner l’eau du bâtiment.
« La plupart des tulou du Fujian ont des sanctuaires familiaux et des écoles familiales à l’intérieur des bâtiments », a précisé à Insider Kang, Ger-Wen, professeur adjoint au département des études chinoises de l’Université nationale de Singapour, à propos des tulous du Guangdong. « Les Hakka considèrent les relations familiales et l’éducation comme les deux choses les plus importantes dans leur vie », a-t-il ajouté.
Une architecture ancienne prometteuse
Si des milliers de personnes vivaient autrefois dans les tulou, il n’en reste aujourd’hui que quelques dizaines, pour la plupart des résidents âgés, qui ont toujours vécu de cette manière.
En 2008, 46 tulou du Fujian ont été désignés comme sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO, et leurs portes ont été ouvertes aux touristes pour qu’ils puissent non seulement voir ces bâtiments durables, mais aussi y vivre.
Malgré le tourisme, les personnes âgées vivant dans ces tulou restent proches de leurs demeures ancestrales, avec l’avantage supplémentaire de l’électricité et de l’eau courante. Alors que les jeunes générations s’installent dans des villes plus importantes, leurs racines sont toujours liées à ces puissants bâtiments, préservant ainsi une tradition qui promet d’être à nouveau utile un jour.
Source : The Fujian Tulou – Ancient Sustainable Architecture
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