L’histoire de la Chine raconte de nombreuses histoires sur des personnalités qui, grâce à leur caractère moral, ont souvent fait preuve de capacités presque surhumaines pour résister à l’adversité et surmonter les tribulations. L’une de ces histoires est celle d’un jeune empereur, qui n’était qu’un enfant à l’époque où cette histoire se déroule.
Pourtant, ce jeune souverain a su se montrer plus perspicace que l’une des personnes les plus dangereuses de son empire.
Protéger le trône
À l’âge de 8 ans seulement, Kangxi perd son père, l’empereur Shunzhi (1638 – 1661) de la dynastie des Qing. Mais avant de s’éteindre, l’empereur avait demandé à ses quatre conseillers les plus fidèles : Aobai, Sonin, Ebilun et Suksaha, de guider et de protéger son jeune fils et successeur au trône. Car, il fallait attendre encore quelques années pour que le jeune garçon atteigne 14 ans, l’âge adulte en Mandchourie, et devienne officiellement empereur.
Malheureusement, l’un des conseillers, le général de guerre du nom de Aobai (1610 – 1669, également connu sous le nom de Oboi ), développa peu à peu de mauvaises pensées à l’égard du futur empereur. Il s’opposait à Kangxi (1654 – 1722), faisant fi de son autorité dans de nombreuses situations.
Un jour, Aobai alla jusqu’à menacer les nobles réunis à la cour royale, les obligeant à lui prêter allégeance et à se positionner contre le jeune empereur.
Le jeune empereur chinois refuse de céder à la tyrannie
La situation semblait désespérée. Comment Kangxi, qui n’était qu’un enfant, pourrait-il avoir une chance contre Aobai, sans parler de le vaincre ? Aobai n’était pas seulement un homme puissant, il était aussi considéré comme le plus grand guerrier mandchou et le plus grand artiste martial du royaume.
Imposant la peur à ceux qu’il cherchait à rassembler autour de lui pour renverser le jeune empereur à un moment donné, Aobai devint progressivement plus puissant et plus influent : contrôlant les plus hauts responsables politiques et militaires.
Il semblait avoir des yeux et des oreilles partout. Aucun recoin n’était à l’abri de son oreille sournoise, ce qui lui permettait d’être au courant de tous les complots que le jeune empereur aurait pu fomenter pour reprendre le pouvoir qui lui revenait de droit.
Le degré d’impitoyabilité de ce général cupide était incroyable. Un jour, lorsque l’un des plus fidèles conseillers de Kangxi s’opposa au général et tenta de mettre en doute sa loyauté envers le trône et ses intentions, le général Aobai le fit tuer sous prétexte qu’il était un traître impitoyable. Il a ensuite fait tuer toute la famille du fidèle conseiller, juste pour écarter toute personne susceptible de lui mettre des bâtons dans les roues dans sa sombre entreprise de consolidation d’un règne de terreur que personne, à l’exception d’un seul, n’oserait plus défier par la suite.
Contre toute attente, le jeune empereur refusa de céder à la tyrannie. Kangxi recrute les jeunes les plus brillants et les plus forts pour former l’élite de ses gardes. Le jeune empereur devait procéder discrètement. Afin que Aobai ne soit au courant de rien, il demanda à ses gardes de s’entraîner en jouant au buku, un jeu de lutte mandchoue très populaire à l’époque parmi les garçons.
Chaque fois que le général rendait visite au jeune empereur, il faisait comme s’il était entièrement plongé dans le jeu. Il fallait convaincre Aobai et étourdir sa méfiance. Ainsi, il a fini par croire que Kangxi ne s’intéressait qu’aux jeux avec ses amis et qu’il ne montrait aucun signe d’ambition politique.
De fait, Aobai ne tarda pas à baisser sa garde, se croyant imbattable.
Le pouvoir de la patience
Le jeune prince attendit patiemment, laissant le temps passer et supportant les nombreuses insultes de Aobai, qui ne respectait pas l’autorité du jeune empereur.
L’audace de Aobai était telle que le jour où Kangxi atteint sa majorité, lors de la cérémonie du couronnement, le général se présenta en robe d’or. À l’époque, les robes d’or étaient uniquement réservées à l’empereur.
Kangxi se dit alors : « Je dois le faire. C’est le bon moment pour renverser Aobai. Mais comment dois-je m’y prendre ? Il est encore assez puissant pour dominer mes jeunes gardes ».
Un jour, Kangxi invita Aobai à une réunion informelle pour discuter de questions politiques. Le jeune empereur fit truquer la chaise du général et s’assura qu’on lui servait du thé bouillant. Lorsque le général s’éloigna en sursaut sous l’effet de l’eau chaude, la chaise s’est effondrée et le général tomba à la renverse.
Immédiatement, les jeunes gardes ont fait semblant d’aider le perfide général à se relever, mais en réalité, ils ont tous utilisé des techniques de lutte de type buku, pour plaquer au sol l’ennemi juré de l’empereur. L’un des gardes maintenait la tête d’Aobai vers le bas, tandis que l’autre l’attrapait par la taille.
C’était comme un engrenage qui se mettait en place. Après des années d’entraînement, les gardes ont exécuté à la perfection le plan du jeune empereur et ont réussi à arrêter Aobai. Il fut accusé de trente actes de trahison, ses terres furent confisquées et il fut envoyé en prison pour une condamnation à vie. À l’époque, il n’y avait pas de libération conditionnelle anticipée pour bonne conduite.
Kangxi a régné pendant 61 ans, ce qui a été le plus long règne d’un empereur dans l’histoire de l’Empire du Milieu. Il a encouragé les arts classiques chinois, comme la calligraphie, la poésie et la musique. Les réalisations de l’Empire du Milieu dans les domaines de la géographie, des sciences, des mathématiques et de l’astronomie ont été reconnues par les historiens des époques suivantes.
Ce qu’il faut retenir de cette histoire
Nous pouvons apprendre beaucoup de l’histoire, car nos décisions dans le présent deviennent le cadre du destin de notre avenir. Cet avenir se transforme finalement en un chemin solide sur lequel ceux qui viennent peuvent marcher, pour rencontrer le destin vers lequel le chemin que nous leur avons laissé les conduit.
L’empereur Kangxi était peut-être plus jeune et plus faible physiquement, mais sa juste cause, associée à sa nature bienveillante et à sa capacité à supporter les insultes les plus dures, lui ont permis de renverser son adversaire cupide et inconsidéré. Bien entendu, il n’a pas agi seul, mais a su unir ses forces à celles de ceux qui lui étaient fidèles et qui défendaient la « grande cause ». La réussite de cet action exigeait la patience et l’indulgence de ceux qui cultivent la vertu.
Rédacteur Charlotte Clémence
Source : Legend of How a Pre-Teen Emperor Outwitted a Powerful General
www.nspirement.com
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.