Le temps est en perpétuel changement, tout comme la situation dans le monde. Batailles et rébellions semblaient inévitables lorsqu’une dynastie entamait son déclin. Cependant, les personnages clés qui jouaient un rôle crucial dans ces périodes turbulentes - les généraux et les ministres - semblaient être choisis par le destin. Leur capacité à vaincre leurs ennemis ou à apaiser une rébellion reposait souvent sur les conseils de sages ermites, en phase avec le rythme de l’univers. Avec l’aide de ces sages, transformer le danger en sécurité ne ressemblait plus à un simple conte de fées.
Zhang Jun se conforme à son destin
Zhang Jun vécut au IXe siècle sous la dynastie Tang. Il passa ses premières années à l’écart sur la montagne Jinfeng. Sous le règne de l’empereur Xizong de Tang (862-888), Yang Fugong, le directeur du Secrétariat, reconnut ses talents et le recommanda à la cour. Zhang Jun fut nommé au ministère des Rites et fut bientôt promu à un poste officiel rattaché au ministère des Finances.
À cette époque, Huang Chao, le chef d’une rébellion majeure, qui eut lieu de 874 à 884, s’approchait rapidement de la capitale. Pour éviter le péril, Zhang Jun démissionna de son poste officiel, emmenant sa mère et son clan à Shangzhou. Plus tard, ils s’installèrent dans un village du comté de Yongle, dans la préfecture de Hubei, où Zhang Jun mena une vie tranquille et insouciante.
Une rencontre inattendue et une prédiction mystérieuse
Dans le village, il y avait un prêtre taoïste très respecté par les habitants. Un jour, alors que Zhang Jun se promenait, il entendit une voix derrière lui : « M. Zhang, le 34ème de votre clan, l’empereur vous attend pour vaincre les rebelles ! ». Zhang Jun fut surpris. Il vivait en retrait depuis de nombreuses années. De plus, il n’arrivait pas à croire que quelqu’un puisse connaître aussi bien son rang familial. Se retournant, il vit le prêtre. Sentant qu’il n’était pas une personne ordinaire, il lui demanda : « Je ne suis qu’un simple roturier, comment l’empereur pourrait-il s’attendre à ce que je dissipe une rébellion ? ».
Malgré les doutes de Zhang Jun, le prêtre taoïste l’encouragea à se rendre au Sichuan et à attendre le bon moment. Zhang Jun hésita, car sa mère était malade et il ne voulait pas l’abandonner. Voyant sa détresse, le prêtre lui tendit deux pilules médicinales et lui dit : « Donnez-les à votre mère, elles lui permettront de rester en bonne santé pendant dix ans ». Il donna immédiatement les pilules à sa mère et, en peu de temps, sa maladie fut guérie.
Suivre le destin au cœur du chaos
Après son entrée dans le Sichuan, Zhang Jun apprit que l’empereur Xizong avait lui aussi fui la capitale, en raison du chaos qui y régnait. L’empereur et son entourage étant à court de nourriture, Zhang Jun demanda au magistrat local du comté, Li Kang, d’envoyer des centaines de sacs de nourriture séchée pour secourir l’empereur.
Surpris et reconnaissant, l’empereur Xizong convoqua Li Kang et lui demanda : « Comment un magistrat de comté peut-il être aussi attentionné ? ». Li Kang répondit humblement : « Je ne suis qu’un petit fonctionnaire local et je ne devrais pas faire d’offrandes. Mais M. Zhang m’a incité à le faire, d’où ma présence ici ». L’empereur convoqua alors Zhang Jun et le nomma fonctionnaire au ministère de la Guerre, avant de le promouvoir au rang de Grand Conseiller.
Au cours de l’hiver de cette année-là, le chaos provoqué par Huang Chao s’intensifia. La cour dut faire appel à des troupes de différentes régions. À l’époque, Wang Jingwu, le gouverneur militaire de Pinglu, disposait des forces les plus importantes, mais il refusait de déployer ses troupes. Le Premier ministre Wang Duo a donc mandaté Zhang Jun comme superviseur pour convaincre Wang Jingwu.
Faire face à la déloyauté et inspirer l’unité
Après avoir appris que Wang Jingwu s’était rallié à Huang Chao et refusait même de rencontrer l’envoyé de l’empereur, Zhang Jun lui fit face : « Votre devoir est de servir et de protéger l’empereur. L’empereur vient d’envoyer un ordre, mais vous le rejetez avec désinvolture, négligeant le lien sacré qui unit un souverain à son sujet. Si vous ne tenez pas compte de ce principe fondamental, comment pouvez-vous commander vos soldats et prendre soin de votre peuple ? ». Honteux, Wang Jingwu s’excusa rapidement et reconnut son erreur.
Après la lecture du décret impérial, les généraux et soldats de Pinglu restèrent silencieux et réticents à intervenir. Voyant cela, Zhang Jun réunit les chefs et leur lança un fervent appel : « En tant que sujets, il est de notre devoir d’être loyaux et intègres. Réfléchissez aux conséquences de défier ou de suivre la volonté divine. Comment peut-il être juste d’abandonner l’empereur et prêter allégeance à un roturier comme Huang Chao, qui était autrefois un marchand de sel ? ».
« En ce moment, tous les seigneurs du pays répondent à l’appel de l’empereur, pourtant vous restez encore indifférents, guettant les résultats. Lorsque la paix sera rétablie, quelle sera votre position ? Le retour de l’empereur au palais est imminent. Ne renoncez pas à la paix et à la prospérité qui s’annoncent, et ne vous mettez pas en danger en méritant l’opprobre de la déloyauté et de l’injustice ! »
L’appel passionné de Zhang finit par émouvoir les dirigeants, qui concédèrent sa sagesse auprès de Wang Jingwu, en disant : « Le Grand Conseiller a raison ! ».
La rébellion matée et le retour à la paix
Après que l’armée de Pinglu a accepté de se déployer, le moral de la cour impériale remonta en flèche. Peu de temps après, la rébellion menée par Huang Chao fut réprimée et le statut de Zhang Jun s’éleva rapidement jusqu’à ce qu’il devienne un ministre de haut rang. Lorsqu’il retourna enfin dans son village, le prêtre taoïste avait disparu sans laisser de traces.
Rédacteur Albert Thyme
Source : Zhang Jun: The Man Chosen by Destiny To Quell a Rebellion
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