Les poèmes de Zhuo Wenjun à son mari, Sima Xiangru, sont légendaires dans l’histoire chinoise. Et Elle n’est pas la seule à avoir retrouvé son époux grâce à ses poèmes. Su Hui, une autre femme douée pour le poème, a elle aussi composé un poème d’une rare ingéniosité pleine de mystère sauf pour son époux, qui lui revient, empli d’amour.
L’histoire du poème Yuanlang Shi de Zhuo Wenjun
L’histoire de Zhuo Wenjun, fille d’un magnat de la dynastie des Han occidentaux (206 av. J.-C. - 25 ap. J.-C.), est l’un des récits les plus connus. Son histoire est relatée à la fois dans le Shi Ji (Documents historiques) de Sima Qian sous la dynastie des Han occidentaux et dans le Han Shu (Le livre des anciens Han) de Ban Gu sous la dynastie des Han orientaux. Elle est encore largement citée aujourd’hui comme étant l’exemple d’une femme courageuse et intelligente protégeant son mariage.
Née dans une famille aisée de Linqiong, dans la province du Sichuan, Zhuo Wenjun était bien éduquée et particulièrement douée pour la poésie et la musique. Elle s’est mariée à 16 ans. Quelques années plus tard, son mari décède et elle rentre chez ses parents . C’est alors qu’elle rencontre son véritable amour.
Sima Xiangru, un célèbre écrivain, est invité chez les Zhuo pour une représentation. Il chante Feng Qiu Huang (un phénix mâle poursuivant une femelle phénix), en jouant de son guqin. Zhuo Wenjun est en admiration.
En entendant la belle musique, Zhuo Wenjun jette un coup d’œil par la fente de la porte et est profondément attirée par le charme et le talent de Sima Xiangru. L’attirance étant partagée, elle s’enfuit secrètement avec Sima Xiangru dans la nuit.
Furieux de son comportement, le père de Zhuo Wenjun déclare qu’il ne la soutiendra plus. Sans se décourager, Zhuo Wenjun ne cède pas à la menace, malgré leur pauvreté. Au contraire, elle est retournée à Linqiong avec son mari et a ouvert un négoce de vin après avoir vendu tous ses biens.
Le père de Zhuo Wenjun, gêné de voir sa fille vendre du vin sur le marché, lui offre de l’argent et des domestiques. Cependant, son mariage est à nouveau remis en question car le talent de Sima Xiangru est apprécié par l’empereur Wu de la dynastie Han.
L’empereur Wu lui offre un rang officiel dans la capitale et Sima Xiangru s’éloigne progressivement de sa femme. Il envisage même de prendre une concubine.
Il écrit une lettre de treize caractères à Zhuo Wenjun, laissant entendre qu’il avait changé d’avis. Dans une grande tristesse, elle lui répond par un poème intitulé Bai Tou Yin (Un poème pour les couples qui s’aiment jusqu’à ce qu’ils aient les cheveux gris), lui livrant ses pensées et son émotion.
D’après certains spécialistes, le poème Bai Tou Yin ne serait pas de Zhuo Wenjun. Ils affirment qu’à l’époque de la dynastie des Han, la poésie n’était pas si développée. Néanmoins, son mari, Sima Xiangru, était connu pour écrire ce genre de poème.
Zhuo Wenjun est connue en Chine depuis toutes ces générations pour avoir décidé courageusement de poursuivre son amour, malgré la désapprobation de ses parents. Elle a astucieusement ouvert un magasin de vin pour améliorer leur situation financière. Lorsque Sima Xiangru lui a tourné le dos, au lieu de le tolérer, ce que faisaient les femmes à cette époque, elle regagne son amour grâce à sa poésie sincère.
Le poème Bai Tou Yin a si profondément ému Sima Xiangru qu’il a eu honte de ses projets et est revenu vivre avec elle et ce, jusqu’à leur mort.
Bai Tou Yin
L’amour aurait dû être aussi blanc que la neige sur les montagnes et aussi brillant que la lune parmi les nuages.
J’ai appris que vous aviez un nouvel amour, et je suis venu vous dire adieu.
Aujourd’hui, c’est la dernière fois que nous nous rencontrons et buvons ensemble, et demain matin, nous nous séparerons près de la douve impériale.
Désormais, je marcherai seule près de la douve, en regardant l’eau des douves se diviser à l’est et à l’ouest.
Triste, triste, mais je ne dois pas pleurer quand je me marie.
J’aimerais pouvoir épouser un homme que j’aime, et que nous puissions vieillir ensemble et ne jamais nous séparer.
L’amour entre un homme et une femme est comme cette canne à pêche souple et longue, comme ces poissons vivants et heureux.
Un homme vertueux se concentre sur la droiture, et non sur l’argent et le pouvoir !
L’histoire du poème Xuanji Tu de Su Hui
Su Hui est née vers 360, sous la dynastie Jin. Elle épouse à l’âge de seize ans le préfet Dou Tao, originaire de Fufeng, dans le Shaanxi. Son mari a une concubine. Une altercation entre les deux femmes met à mal le couple. Dou Tao, refusant un ordre militaire, est envoyé dans le désert. Il amène sa concubine.
Su Hui refuse de partir avec elle et reste seule à la maison. Regrettant sa décision, Su Hui écrit un poème palindromique de huit-cent-quarante caractères qui contient deux-cents petits poèmes. Puis, elle le brode avec du fil de soie de cinq couleurs et l’envoie à son mari. Lyriques, ces poèmes sont très difficiles à comprendre, car ils étaient destinés à son époux qui, seul, en connaissait le sens. Les générations suivantes ont estimé que le Xuanji Tu était si merveilleux que le mot « cœur » a été ajouté au centre. Cette version est devenue la version à huit-cent-quarante-et-un caractères qui est largement utilisée.
Quand Dou Tao reçoit ce poème, il est profondément touché par les sentiments qui y sont exprimés. Il renvoie sa concubine et fait venir son épouse. Su Hui, comme Zhuo Wenjun sont encore célèbres de nos jours. Su Hui l’est, parce qu’elle a su allier arts féminins et composition poétique. Cest un des rares exemples de femme instruite à une époque où c’était une exception.
Rédacteur Catherine Keller
Source : Zhuo Wenjun, the Woman Who Got Her Man Back With the Beauty of Poems
www.nspirement.com
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