La loi du Ciel régit le cœur humain, tandis que les lois humaines régissent le monde physique extérieur. Ce principe trouve toute sa dimension dans l’histoire de la Chine ancienne où certains empereurs et rois respectaient profondément la loi du Ciel. C’était le cas du roi Wen de la dynastie Zhou. Cette histoire se déroule dans l’ancienne capitale de la dynastie Zhou.

Près de l’ancienne capitale du royaume de Zhou, un bûcheron nommé Wu Ji vivait avec sa mère âgée et gagnait sa vie en ramassant et en vendant du bois de chauffage.
Un jour, alors qu’il passait près de la rivière Wei, il rencontra Jiang Ziya, un vieux sage qui pêchait au bord de la rivière. Au cours de leur conversation, Jiang Ziya lut l’avenir de Wu Ji et l’avertit qu’un malheur le menaçait ce jour-là. Wu Ji, d’abord incrédule, poursuivit son chemin vers la ville.
Plus tard dans la journée, alors que Wu Ji entrait dans la ville pour vendre son bois de chauffage, il franchit la Porte Sud au moment même où la voiture du roi Wen approchait. La place du marché était étroite et, pour tenter de se frayer un chemin, Wu Ji déplaça sa perche. Ce faisant, il heurta accidentellement un garde nommé Wang Xiang. Malheureusement, le coup fut fatal : Wang Xiang perdit la vie sur le coup. Wu Ji fut immédiatement arrêté et conduit devant le roi Wen.

Le roi Wen déclara : « Wu Ji a ôté la vie à quelqu’un et doit payer la sienne ». Telle était la loi de l’époque. Au lieu de l’envoyer en prison, le roi Wen ordonna à ses serviteurs de tracer un cercle au sol et d’y placer un poteau en bois symbolisant le gardien. Le roi Wen plaça Wu Ji dans le cercle et décréta qu’il serait enfermé de cette façon. Puis, le roi partit vaquer à ses occupations.
Imaginez un meurtrier condamné, emprisonné dans un simple cercle, sans chaînes, sans murs et sans menaces – et pourtant, il n’aurait jamais tenté de s’échapper. Une telle obéissance et une telle autonomie seraient impossibles de nos jours.
Le pouvoir de la loi morale
Sous le règne du roi Zhou de la dynastie Shang, toutes les régions possédaient des prisons officielles. C’était uniquement dans la capitale de la dynastie des Zhou que l’on pouvait trouver une pratique semblable à celle de « tracer une prison au sol ». La raison en était la sagesse du roi Wen.
Le roi Wen était un sage qui comprenait les principes des Huit Trigrammes (Ba Gua) et le fonctionnement de l’univers. Il savait que le but de la loi n’était pas seulement d’infliger des châtiments, mais de gouverner le cœur humain. Le bonheur ou le malheur d’une personne est en définitive lié à la volonté du Ciel. Ceux qui cultivent le bien récoltent naturellement de bons résultats, tandis que ceux qui nourrissent le mal en subiront inévitablement les conséquences.
Ainsi, plutôt que de s’appuyer uniquement sur l’application extérieure de la loi humaine, les habitants du royaume de Zhou se gouvernaient par une vénération intérieure de la voie du Ciel. Ce profond respect pour « l’ordre divin » contrôlait leurs actions. Le respect de Wu Ji pour cette loi lui permettait de rester dans le cercle désigné, comme l’avait décrété le roi Wen.

Un cri qui fit trembler les Cieux
Le troisième jour de sa détention, Wu Ji se mit à pleurer de façon incontrôlable. Un ministre de haut rang, San Yisheng, passa par là. Il s’arrêta et demanda : « Prendre une vie, cela signifie devoir payer en personne. C’est l’ordre naturel des choses. Pourquoi pleures-tu ? »
Wu Ji lui répondit : « Je ne pleure pas ma mort. Il est juste que je rende la pareille avec ma propre vie. Mais je pense à ma mère âgée de plus de soixante-dix ans. Je n’ai ni frère ni sœur, ni femme, ni enfants. Elle dépend de moi pour survivre ! Je ne pourrai pas accomplir mon devoir filial et elle mourra sûrement de faim. Cette pensée crée en moi une douleur indicible ! ».
Il était clair pour San Yisheng que Wu Ji ne se lamentait pas sur son propre sort ni ne se plaignait de l’injustice de sa situation. Il acceptait son châtiment en toute connaissance et en toute conscience. Ce qui le peinait, c’était que sa mère l’ait élevé pendant tant d’années, et qu’il devait maintenant offrir sa vie à quelqu’un d’autre, la laissant seule et désespérée.
Ses paroles étaient l’expression même de la piété filiale / une incarnation de la bonté humaine innée qui toucha profondément San Yisheng. En entendant cela, il dit : « Wu Ji, ne pleure pas ! Je vais demander ta libération au roi. Tu rentreras chez toi pour subvenir aux besoins de ta mère, et à l’automne, nous réglerons cette affaire conformément à la loi ».

Wu Ji s’inclina aussitôt en signe de gratitude. Le roi Wen, entendant sa requête, lui accorda une libération temporaire. Il n’y avait aucune rancune dans le cœur de Wu Ji. Sa vertu sincère, son sens inébranlable de la droiture et du devoir filial, avait poussé San Yisheng à lui accorder un peu de temps pour subvenir aux besoins de sa mère.
Seule la loi du Ciel peut juger le cœur humain

Les lois humaines existent pour imposer le strict minimum moral et chercher à contenir toute action extérieure dévoyée. Il est connu que la nature humaine est complexe et qu’aucun système juridique ne peut mesurer parfaitement les profondeurs du bien et du mal qui habitent le cœur d’une personne. C’est pourquoi, tout au long de l’histoire, la justice a exigé des lois écrites et des juges dotés d’une grande sagesse et d’une grande vertu.
Les lois humaines peuvent être manipulées par le pouvoir et la richesse. Dans l’ombre, d’innombrables injustices se produisent, des crimes qui échappent au châtiment terrestre. Mais la justice divine est inébranlable.

Le Principe céleste est le véritable filet duquel rien n’échappe. Trahir sa conscience, c’est s’attirer le malheur, car au fond, et selon la sagesse ancestrale de la Chine ancienne, il est connu que « le Ciel veille toujours ! »
Dans le monde d’aujourd’hui, un homme comme Wu Ji : pur, exempt de ressentiment, inébranlable dans son sens du devoir, est véritablement une âme rare et précieuse.
Rédacteur Charlotte Clémence
Source : 2 Laws Govern Humanity: Heaven and Earth
www.nspirement.com
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