L’histoire de la Chine ancienne est jalonnée de fonctionnaires qui ont fait preuve d’intégrité et d’honnêteté dans l’exercice de leurs fonctions. Les deux récits suivants, tirés de la dynastie des Han de l’Est, illustrent la remarquable force morale des fonctionnaires chinois de la Chine ancienne, qui restaient honnêtes et impartiaux même lorsqu’ils étaient confrontés à des relations personnelles et à des situations tentantes.
Su Zhang traitait les affaires en toute impartialité, amenant des fonctionnaires chinois corrompus et malveillants à suivre son exemple
Sous la dynastie des Han de l’Est, un homme nommé Su Zhang était gouverneur de Jizhou. L’un de ses vieux amis était nommé magistrat du comté de Qinghe, qui relevait de la juridiction de Su.
Un jour, alors qu’il inspectait le comté de Qinghe, Su Zhang découvrit que son vieil ami avait été impliqué dans des pratiques corrompues, telles que l’acceptation de pots-de-vin et l’abus de pouvoir. Il décida d’enquêter sur cette affaire et invita son vieil ami à un banquet.
Le magistrat du comté de Qinghe avait déjà appris que Su Zhang était au courant de ses actes de corruption, et il tenta à plusieurs reprises de lui demander des informations au cours de leur conversation lors du banquet. Cependant, Su Zhang détourna à chaque fois le sujet, insistant pour qu’ils évitent de parler d’affaires officielles.
Le magistrat de Qinghe avait remarqué que Su Zhang n’avait pas mentionné ses propres actes de corruption, mais qu’il l’avait au contraire chaleureusement reçu et qu’ils s’étaient remémorer des souvenirs ensemble. Ainsi il croyait que Su Zhang le protégeait intentionnellement. Cela le rendit suffisant et il se vanta : « Tout le monde n’a qu’une vie, mais moi j’en ai deux ! ». Il sous-entendait qu’avec la protection du gouverneur Su, personne ne pouvait lui faire de mal, et qu’il pouvait agir de façon imprudente sans craindre d’être puni.
Lorsque Su Zhang entendit ces mots, il fut pris de court et son expression se transforma en une expression de mécontentement. Il fixa son regard sur son ami et répondit sérieusement : « Ce soir, j’aimerais t’inviter à boire un verre en signe de notre longue amitié. Cependant, les sentiments privés ne peuvent pas prévaloir sur les lois publiques. Demain, en tant que gouverneur de Jizhou, j’enquêterai sur tes activités illégales. Je ne peux pas donner la priorité à notre amitié personnelle au détriment de mon devoir de faire respecter la loi ».
Le lendemain, Su Zhang a présidé le procès en toute impartialité et, conformément à la loi, il a condamné le magistrat du comté de Qinghe à la peine appropriée.
Les habitants de Jizhou ont salué Su Zhang comme un fonctionnaire qui refusait de faire preuve de favoritisme. Pendant ce temps, les fonctionnaires chinois corrompus qui avaient auparavant opprimé le peuple furent tous remplis d’effroi et de peur, incapables de se reposer en paix. La corruption sociale et les pratiques malveillantes prirent fin rapidement.
Magistrat de la préfecture à une pièce, Liu Chong était connu pour son honnêteté et son dévouement
Dans la Chine ancienne, la préfecture était un niveau de division administrative inférieur à la province. Une préfecture était ensuite divisée en unités administratives plus petites appelées « comtés » ou « districts ».
Le terme « préfecture à une pièce » faisait référence à la taille de la zone administrative. Il s’agissait d’une très petite région, peut-être une seule ville ou un seul village, si petite qu’elle ne valait qu’une pièce de monnaie en termes de recettes fiscales. C’était dans une telle région que le magistrat Liu Chong avait été transféré.
Liu Chong était magistrat à Kuaiji sous la dynastie des Han de l’Est et était connu pour son honnêteté et son dévouement à ses devoirs. Il était sur le point de quitter son poste et d’être transféré à la capitale en vue d’une promotion. Cinq hommes âgés aux cheveux blancs vinrent lui faire leurs adieux au moment de son départ. Ils avaient été envoyés par les habitants d’une région montagneuse éloignée au sud du village.
Liu Chong remercia les vieux hommes et leur dit : « Je n’ai pas fait grand-chose pour vous tous pendant mon mandat de magistrat de la préfecture. Vous êtes tous si vieux, et pourtant vous êtes venus de si loin pour me faire des adieux. Je me sens honteux et indigne ».
Les aînés répondirent : « Nous vivons au cœur des montagnes et ne sortons que rarement. Autrefois, les fonctionnaires ne s’intéressaient qu’à l’argent et aux biens matériels. Ils semaient le désordre jour et nuit, troublant notre tranquillité. Mais depuis que vous êtes devenu magistrat, ils ne nous dérangent plus. Même les chiens du village n’aboient plus la nuit. Nous vivons en paix et en harmonie depuis plusieurs années et nous vous en sommes reconnaissants. Nous avons appris votre départ et nous ne pouvions que le regretter. Nous sommes donc venus ici au nom de tous pour vous dire adieu et vous exprimer notre gratitude ».
Les fonctionnaires chinois intègres s’engageaient en faveur de l’équité et de la justice pour leurs administrés
Chacun des hommes donna à Liu cent pièces de cuivre pour l’aider dans son voyage, en lui disant : « Vous avez travaillé dur pendant de nombreuses années et vous avez fait preuve de diligence dans vos fonctions dans notre petite région reculée : nous savons que vous n’avez probablement pas beaucoup d’argent pour votre voyage vers la capitale, alors nous avons mis nos ressources en commun pour vous donner quelque chose pour la route ».
Liu fut ému et dit : « Vous m’accordez trop de mérite. Je n’ai pas fait grand-chose. J’apprécie votre gentillesse, mais je ne peux pas accepter votre argent. S’il vous plaît, reprenez-le avec vous ».
Les ainés ne voulurent rien entendre et insistèrent pour donner l’argent à Liu. Finalement, Liu prit une pièce à chacun d’entre eux pour symboliser son acceptation, et les vieux hommes furent ainsi heureux de repartir.
Après leur départ, Liu Chong jeta discrètement les pièces dans la rivière. Lorsque les gens apprirent cela, ils le félicitèrent et l’appelèrent « Magistrat de la préfecture à une pièce ». Ils rebaptisèrent également la région où il avait servi « ville de Qianqing » en son honneur, car « qianqing » signifie en chinois « non corrompu par l’argent ».
Liu Chong montrait qu’il n’était pas en poste pour son profit personnel, mais pour servir la communauté. En jetant les pièces dans la rivière, il symbolisait son engagement en faveur de l’équité et de la justice, ce qui lui valut le respect et l’admiration de ses administrés. Ce petit geste d’intégrité du fonctionnaire chinois laissa une impression durable sur la communauté, comme en témoignait le changement de nom de la ville.
Rédacteur Albert Thyme
Source : Ancient Chinese Stories of Honest Officials
www.nspirement.com
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