Depuis les temps anciens, les Chinois accordent une attention particulière à la discipline et à l’éducation familiale. Des érudits célèbres, de la dynastie Song (960-1279) à la dynastie Ming (1368-1644), en passant par la dynastie Qing (1636-1912), ont tous laissé des conseils aux membres de leur famille, basés sur leurs propres expériences. Il existe également de nombreuses formes de lettres et de poèmes familiaux axés sur l’enseignement aux enfants.
L’éducation familiale pour atteindre l’excellence
Yan Zhitui (531-591), un érudit de la dynastie des Qi du Nord, a écrit un recueil de sa philosophie et de ses conseils à l’intention de ses fils, intitulé Les instructions familiales de Maître Yan. Il y avertit ses enfants et petits-enfants de ne pas être fiers de leur rang et les met en garde contre l’arrogance et la paresse. Il espérait également que ses descendants puissent rester une famille érudite faisant partie de l’élite, ainsi il a écrit un livre colossal en 20 parties de plus de 40 000 mots. Ce livre a été transmis dans la famille pendant 1 300 à 1 400 ans et a été vénéré par les générations suivantes.
Les efforts rigoureux de Yan Zhitui n’ont pas été vains. Les enfants et petits-enfants de la famille Yan se sont en effet appliqués à atteindre l’excellence. Son petit-fils, Yan Shigu, était un grand érudit qui a écrit Le Livre de Han pendant la dynastie Tang. Au cours des cinq générations, un petit-fils, Yan Zhenqing, devint un érudit renommé, et un autre, Yan Gaoqing, un célèbre politicien.
Cultiver son caractère moral et accumuler de la vertu pour la léguer aux enfants
Au cours de la dynastie Qing, Wang Chang, qui était secrétaire du temple Da Li, a prévenu ses enfants que lorsqu’ils engendraient des bénéfices, ils ne devaient pas être avides et oublier la droiture. Ils ne devaient pas être indifférents, trompeurs ou favoriser certains au détriment d’autres, être égoïstes ou profiter des autres. Ils devaient plutôt être généreux envers les autres et ne pas faire aux autres ce qu’ils n’auraient pas voulu qu’on leur fasse.
Les préceptes familiaux mettent l’accent, d’une part, sur « la culture du caractère moral » et, d’autre part, sur « l’harmonie familiale », ce qui inclut la façon de traiter les personnes âgées, les enfants, les épouses, les frères et les serviteurs. En périphérie de la famille harmonieuse, il y a des instructions pour remplir son devoir envers les parents plus éloignés. Puis, au-delà des relations avec la famille, il y a l’instruction sur la façon d’être un fonctionnaire et de remplir ses devoirs envers le pays. Tout ceci est inclus dans les préceptes familiaux, qui suivent le principe de « cultiver son caractère moral, amener sa famille à l’harmonie, gouverner correctement son pays et générer un monde pacifique », comme le souligne le classique confucéen Le grand apprentissage.
En termes de contenu spécifique, les chapitres sur la piété filiale apparaissent couramment dans les préceptes familiaux de nombreuses familles. Les enfants et petits-enfants sont à plusieurs reprises exhortés à travailler dur - non pas pour montrer leur valeur personnelle, mais pour honorer les ancêtres, tandis que le but de multiplier les bonnes actions est d’« accumuler de la vertu pour la léguer aux enfants ».
Apprendre à être frugal et travailleur
Le deuxième sujet le plus important pour les familles après la piété filiale est d’apprendre à être frugal et travailleur. Sur ce sujet, les Préceptes familiaux de Sima Guang est l’ouvrage classique de référence, écrit par un haut fonctionnaire de la dynastie Song, Sima Guang. Voici un des points de sagesse qu’il transmet : « Il est facile de passer de la frugalité à l’extravagance, et difficile de passer de l’extravagance à la frugalité ».
Sima Guang savait que quelle que soit la chance de la famille, il serait impossible de produire quelqu’un qui s’élève à un rang élevé à chaque génération, sans compter qu’il naîtrait des fils qui feraient preuve d’une mauvaise maîtrise de soi et qui pourraient ainsi ruiner l’entreprise familiale établie par leurs ancêtres. C’est pourquoi il a dit : « Chaque bol de bouillie ou de riz nous rappelle le labeur à produire de la nourriture. Même la moitié d’un brin de fil nous rappelle constamment les difficultés à joindre les deux bouts ».
Les extravagances excessives et les habitudes luxueuses sont absolument inacceptables. Ce sont là deux règles de conduite largement citées des Enseignements de la famille de Zhu Zi. Même si tout le texte est consacré à la nécessité d’être travailleur et frugal, il n’approuve pas le fait de léguer de généreuses richesses aux générations futures car : « Une personne sage qui acquiert plus d’argent perdra sa volonté. Une personne insensée qui acquiert plus d’argent augmentera ses fautes ». Les seules choses à laisser aux enfants et petits-enfants sont les bonnes vertus d’honnêteté et de frugalité.
En Chine, l’éducation familiale visait à acquérir la sagesse et non la renommée et la richesse
Un autre point souligné dans les Enseignements de la famille est « la modestie et le silence » - être prudent en paroles et en actions, généreux et indulgent, et ne pas causer de problèmes. Ce que l’on craignait le plus, c’était que les descendants soient orgueilleux et paresseux, qu’ils se battent avec les autres et qu’ils fassent preuve de cruauté, suscitant ainsi un ressentiment qui leur apporterait des ennuis et un désastre pour la famille.
La vertu de « la modestie et silence » peut également s’exprimer par le fait d’être prudent dans le choix de ses amis. Ainsi, si les descendants de la famille sont riches, ils doivent éviter de se lier d’amitié avec des personnes dont le principal intérêt est de manger de la bonne nourriture et de boire du bon vin, et éviter de fréquenter ceux qui sont perfides, malveillants ou qui agissent de manière bizarre, afin d’éviter d’être contaminés par leurs mauvaises habitudes.
Parmi les nombreux préceptes familiaux, bien qu’il y ait beaucoup d’écrits sur la « culture du caractère », il n’y en a pas beaucoup qui encouragent la recherche de l’érudition pour progresser. D’éminents fondateurs d’éducation familiale ont conseillé à leurs enfants et petits-enfants de ne pas s’inquiéter de la célébrité, mais de « cultiver et lire », considérant cela comme l’objectif idéal. Ils estimaient que le but de la lecture des œuvres des sages était d’apprendre à être une bonne personne, et non d’utiliser les connaissances acquises pour devenir un fonctionnaire riche et puissant.
La Collection complète des précieux enseignements familiaux écrite par Shi Chengjin pendant la dynastie Qing dit également que si les parents enseignent à leurs descendants « l’espoir d’un avenir fructueux et l’attente de la richesse et de l’honneur », ils peuvent finir par devenir des fonctionnaires corrompus, ruiner leur famille et leur vie et faire honte à leurs ancêtres. Ce n’est pas parce que les descendants sont indignes, mais parce que les parents ne les ont pas bien enseignés.
Rédacteur Albert Thyme
Source : The Importance of Family Teaching and Discipline in Chinese Culture
www.nspirement.com
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