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Sagesse. La compassion dans la gouvernance : histoires de justice et de bonté dans la Chine ancienne

CHINE ANCIENNE > Sagesse

Dans la Chine ancienne, se trouvent dans l’histoire de nombreux exemples de fonctionnaires qui ont mis en œuvre la justice et la compassion dans leurs actions : faisant preuve de gentillesse et d’équité même dans des circonstances difficiles. Voici quelques histoires qui illustrent leur approche de la compassion dans la gouvernance.

La compassion dans la gouvernance : histoires de justice et de bonté dans la Chine ancienne
Zhang Qi a permis aux proches de l’homme accusé de rembourser la somme volée. (Image : wikimedia / Domaine public)

Rembourser une dette pour sauver une vie

Dans les temps anciens, un homme nommé Zhang Qi était connu pour être un fonctionnaire au grand cœur. Il avait la responsabilité de superviser les affaires civiles à Jiangyin. Un jour, un petit fonctionnaire a été dénoncé pour avoir volé 3 millions sous forme de pièces d’argent : un crime qui avait été commis plus de 20 ans auparavant. Des dizaines de personnes avaient été arrêtées dans le cadre de ce vol.

Une fois l’auteur du crime identifié, Zhang Qi l’a convoqué et lui a donné le choix entre deux options : rembourser l’argent volé et être libéré ou être condamné à la peine de mort. Face à ce dilemme, les proches de l’homme accusé de vol ont rapidement rassemblé la somme et, en dix jours, la dette a été entièrement remboursée. Pour résoudre l’affaire, Zhang Qi a identifié, parmi les personnes incriminées, deux personnes déjà décédées : les désignant comme les principaux coupables. Par ailleurs, il a éduqué les autres complices arrêtés dans le cadre de ce vol, avant de les libérer sans autre forme de procès.

Équité et justice face aux accusations

Sous la dynastie Song, Zhang Shixun, avait été démis de ses fonctions de Premier ministre à la suite d’une pétition émise à l’initiative de Fan Zhongyan. Cependant, il a pu être réintégré à son poste par la suite. Un jour, l’empereur Renzong (1010 – 1063) de la dynastie Song s’adressa à Zhang Shixun, mentionnant le fait que Fan Zhongyan avait présenté une pétition suggérant que l’empereur soit détrôné.

Zhang Shixun lui répondit alors : « Selon la loi, un tel crime justifierait la mort, mais je n’ai jamais vu cette pétition ». L’empereur insista sur le fait qu’il avait entendu la requête à plusieurs reprises et demanda à Zhang Shixun de déterminer la peine appropriée.

Zhang Shixun maintint sa position et précisa : « Le crime est peut-être grave, mais il n’y a pas de preuves. Nous ne pouvons pas juger sur la base d’un ouï-dire ». Pendant un mois, il demanda à plusieurs reprises la pétition, et à chaque fois, l’empereur Renzong admettait qu’il ne l’avait pas vue. La colère de l’empereur finit par s’apaiser et Zhang Shixun suggéra alors que, compte tenu de l’absence de preuves, Fan Zhongyan soit promu pour dissiper les doutes qui subsistaient. L’empereur accepta et de nombreuses personnes ont loué l’équité, la justice et la magnanimité de Zhang Shixun.

La compassion dans la gouvernance : histoires de justice et de bonté dans la Chine ancienne
Après l’inondation dévastatrice, Ye Mengde a immédiatement ordonné la libération de toutes les céréales stockées afin de soulager la population. (Image : wikimedia / Szilas / Domaine public)

Sauver des milliers d’enfants abandonnés

Ye Mengde (1077 – 1148), vice-ministre du ministère des Rites sous la dynastie Song, était en poste à Xuchang, dans le Henan, lorsqu’une inondation dévastatrice frappa la région. La catastrophe était particulièrement grave dans la capitale de l’Ouest, où d’innombrables cadavres ont flotté de Dengzhou et Tangzhou jusqu’à Xuchang. Ye Mengde ordonna immédiatement le déblocage de toutes les céréales stockées afin de soulager la population. Ainsi, avec l’approbation de l’empereur, des milliers de vies furent sauvées. Cependant, il ne trouva aucune solution pour s’occuper des nombreux enfants abandonnés par leur famille.

Un jour, Ye Mengde demanda à ses assistants : « Pourquoi les familles sans enfants n’adoptent-elles pas ces enfants ? » La réponse fut la suivante : « Beaucoup aimeraient le faire, mais ils craignent que les parents biologiques ne les réclament lorsqu’ils seront plus âgés ». En consultant la loi, Ye Mengde trouva une disposition qui précisait que les parents qui avaient abandonné leurs enfants ne pouvaient pas les réclamer. Reconnaissant la sagesse de cette règle, il rédigea des milliers de certificats vierges citant cette disposition dans la loi. Il les distribua dans toute la ville, encourageant les familles à adopter un enfant et promettant des rations alimentaires et même des récompenses à ceux qui accueilleraient plusieurs enfants.

L’initiative fut couronnée de succès : 3 800 certificats d’adoption furent délivrés, ce qui permit de sauver de la mort un nombre équivalent d’enfants abandonnés.

L’amnistie accordée à ceux qui protègent la population

Alors qu’il était préfet de Tanzhou, Ma Liang (187 – 222) a été confronté à une affaire impliquant quatre villageois qui avaient tué un hors-la-loi notoire : ce dernier terrorisait leur comté. Selon la loi, ils risquaient la peine de mort pour meurtre. Cependant, Ma Liang a fait valoir que leurs actions avaient débarrassé la communauté d’un dangereux criminel.

Il a fait remarquer à ses subordonnés : « Ces quatre personnes ont rendu un grand service en éliminant une menace pour la communauté. Comment la loi pourrait-elle les punir de mort ? ». Fort de ce raisonnement, Ma Liang a fait preuve de clémence et les a laissés en liberté.

La compassion dans la gouvernance : histoires de justice et de bonté dans la Chine ancienne
Ces histoires révèlent comment les fonctionnaires de la Chine ancienne, guidés par la bonté et l’équité, pouvaient façonner une société plus humaine. (Image : wikimedia / Szilas / Domaine public)

La compassion dans la gouvernance

Ces histoires peuvent surprendre dans notre monde moderne gouverné par des lois. De même, ces histoires seraient certainement critiquées par la justice moderne. Car de nos jours, le code moral voire éthique semble parfois difficile à mettre en œuvre. Quant à la gouvernance, elle apparaît souvent éloignée de notion telle que la simple compassion qui ne paraît pas figurer sous cette forme dans les codes déontologiques professionnels modernes.

Mais, ces histoires qui proviennent de la Chine ancienne démontrent l’impact profond que la
miséricorde, la justice et la compassion peuvent avoir sur la gouvernance. Elles révèlent comment des fonctionnaires de la Chine ancienne étaient guidés par la bonté et l’équité. Ces notions plongeaient profondément leurs racines dans une culture baignant dans le Taoïsme et le Bouddhisme. Cette culture ancestrale, mettant en avant la compassion, la tolérance et l’authenticité, pouvait ainsi façonner une société plus humaine.

Rédacteur Charlotte Clémence

Source : Merciful Governance: Stories of Justice and Kindness From Ancient China
www.nspirement.com

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