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Sagesse. L’art de savoir tirer sa révérence : retour sur des personnages historiques qui ont su utiliser cette sagesse

CHINE ANCIENNE > Sagesse

Dans le monde d’aujourd’hui, nous célébrons souvent les vertus du travail, de l’ambition et du progrès comme les pierres angulaires de la réussite. Ces valeurs font avancer la société et façonnent le développement humain. Pourtant, il y a des moments où le fait de savoir tirer sa révérence, plutôt que d’aller de l’avant, peut laisser une empreinte plus durable.

Au cours de l’histoire, certains individus sont devenus célèbres non pas pour leur persévérance, mais pour avoir su prendre un recul stratégique à des moments cruciaux.

Explorons les histoires de ceux qui ont maîtrisé « l’art de la retraite », choisissant courageusement de reculer alors que d’autres auraient continué à avancer.

Fan Li a su tirer sa révérence trois fois dans sa vie

« Accumuler des richesses dans son pays et accéder à de hautes fonctions, c’est le summum de ce qu’un roturier peut atteindre. Il serait malheureux de profiter trop longtemps de ce prestige », expliqua Fan Li. Il distribua ses richesses et partit. (Image : wikimedia / hnly.com/zhuanti/lishi/fanli.asp / Domaine public)

Le célèbre poète Li Bai a écrit un jour : « Après avoir vaincu le royaume de Wu, les guerriers du royaume de Yue sont rentrés chez eux en tenue glorieuse ». Ce vers, tiré de son poème Un regard sur l’ancien royaume de Yue, reflète l’histoire bien connue de Goujian, le roi du royaume de Yue, qui a enduré de grandes épreuves pour finalement renverser le royaume de Wu.

Mais qu’en est-il de Fan Li, le conseiller le plus fidèle du roi Goujian ? Après la défaite dévastatrice de Kuaiji, Fan Li est resté aux côtés de Goujian, complotant secrètement la restauration du royaume de Yue. Après plus de vingt ans, ils ont finalement détruit le royaume de Wu, inaugurant l’âge d’or de Yue.

Bien qu’il ait atteint l’apogée de sa carrière en tant que général, Fan Li choisit de quitter son poste et de naviguer sur les Cinq Lacs. Avant de partir, il écrivit une lettre à son vieil ami Wen Zhong, dans laquelle il le mettait en garde en ces termes : « Quand les oiseaux sont partis, les arcs sont rangés. Quand le lièvre rusé est mort, les chiens de chasse sont cuits. Le roi de Yue a un long cou et un bec d’oiseau, c’est un homme avec lequel on peut endurer des épreuves, mais pas jouir de la prospérité. Pourquoi ne partez-vous pas ? ».

Malheureusement, Wen Zhong ne pouvait pas se défaire de sa richesse et de son pouvoir, se contentant de faire semblant d’être malade pour éviter la cour. Il a manqué la meilleure occasion de se retirer en toute sécurité. Plus tard, lorsque quelqu’un accusa à tort Wen Zhong de trahison, le roi de Yue lui donna une épée, le forçant à se suicider. Ce fut une fin tragique pour un homme qui avait contribué à la montée en puissance du royaume de Yue.

Après avoir quitté le royaume de Yue, Fan Li s’installa dans le royaume de Qi, où il changea de nom et vécut au bord de la mer, cultivant et gérant son domaine. En quelques années, il a amassé une fortune de plusieurs dizaines de milliers de pièces d’or. Bientôt, il fut nommé Premier ministre du royaume de Qi, mais Fan Li n’en ressentait aucune gloire. « Accumuler des richesses dans son pays et accéder à de hautes fonctions, c’est le summum de ce qu’un roturier peut atteindre. Il serait malheureux de profiter trop longtemps de ce prestige », précisa-t-il. Il rendit son sceau, distribua ses richesses et repartit.

Fan Li comprenait les principes du gain et de la perte et, même au sommet de sa réussite, il pouvait prévoir les dangers potentiels. Ce qui lui a permis de se retirer facilement au bon moment. (Image : wikimedia / Shizhao / CC BY-SA 3.0)

Fan Li finit par s’installer à Tao, un endroit qu’il considérait comme le centre du monde et idéal pour les affaires. Sous le nom de Tao Zhugong, il créa une nouvelle entreprise à partir de rien et amassa rapidement une autre grande fortune.

Fan Li comprenait les principes du gain et de la perte et, même au sommet de sa réussite, il pouvait prévoir les dangers potentiels. De plus, il considérait la gloire et la fortune comme des choses insignifiantes, ce qui lui a permis de se retirer facilement au bon moment. Ses trois fois, où il a su tirer sa révérence, ont toutes laissé une marque d’honneur et sont des réussites que peu de gens peuvent égaler.

Zhou Sanwei a su démissionner de son poste

Après avoir entendu la défense de Yue Fei, Zhou Sanwei s’est rendu compte que le général n’avait aucune intention de se rebeller et qu’il était en fait un véritable héros. (Image : wikimedia / 清宫殿藏画本. 北京: 故宫博物馆出版社. 1994. / Domaine public)

La célèbre phrase « Avec de nobles ambitions, j’ai faim de la chair du peuple Hu. En riant et en parlant, j’ai soif du sang des Xiongnu » reflète le désir fervent de beaucoup de vaincre les envahisseurs étrangers. Même Yue Fei, qui a écrit ces mots, n’aurait pas pu imaginer que le fait de ne pas écraser l’ennemi deviendrait le regret collectif de tous les hommes courageux.

Et qui aurait pensé que l’homme responsable de ce résultat serait encore agenouillé dans le temple de Yue Fei, en train d’expier ses crimes ?

À ce moment historique, face au pouvoir écrasant de Qin Hui, combien ont pu faire le bon choix ? En octobre de la onzième année de l’ère Shaoxing (1141 ap. J.-C.), le ministre perfide Qin Hui a entamé un procès contre Yue Fei, chargeant les fonctionnaires He Zhu et Zhou Sanwei de l’interroger. Après avoir entendu la défense de Yue Fei, Zhou Sanwei s’est rendu compte que le général n’avait aucune intention de se rebeller et qu’il était en fait un véritable héros.

SelonL’Histoire de la dynastie Song « He Zhu et Zhou Sanwei l’ont d’abord interrogé, mais Yue Fei n’a pas cédé, même après un long moment. L’affaire a été transmise à la Cour impériale et le procès s’est déroulé ». Les deux hommes ont refusé de fabriquer des preuves pour piéger Yue Fei, malgré l’énorme pression exercée par Qin Hui. Bien que Zhou Sanwei ait subi d’énormes pressions, il a choisi de ne pas être de connivence avec Qin Hui et a démissionné de son poste.

Il est important de comprendre que pour un érudit qui avait étudié avec diligence pendant plus de dix ans, l’objectif était d’atteindre la gloire et le succès. En démissionnant à ce stade, non seulement il mettait en péril la subsistance de sa famille, mais il s’exposait également à la possibilité d’être persécuté en tant qu’allié de Yue Fei.

La décision de Zhou Sanwei a nécessité un immense courage. Après sa mort, le peuple a construit un sanctuaire en son honneur, l’Ermitage de la loyauté, et son histoire a été transmise au fil des siècles comme un symbole d’intégrité.

Comprendre quand avancer et quand se retirer peut permettre de tracer un chemin clair dans la vie, d’éviter de se perdre dans les tempêtes et même aider à éviter les dangers cachés. (Image : wikimedia / Tianjin Museum / Domaine public)

Ainsi, il est possible de dire que pouvoir avancer dans la vie demande de la résilience et de la détermination, mais reculer exige de la sagesse et du courage.

Alors on peut en déduire que comprendre quand avancer et quand se retirer permet de tracer un chemin clair dans la vie, d’éviter de se perdre dans les tempêtes et même d’aider à éviter les dangers cachés. Dans le monde complexe d’aujourd’hui, la sagesse qu’il y a à savoir tirer sa révérence, semble plus importante que jamais.

Rédacteur Charlotte Clémence

Source : The Wisdom of Retreat: Historical Figures Who Knew When To Step Back
www.nspirement.com

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