La dynastie des Song, âge d’or de l’histoire chinoise, offre de précieuses perspectives en matière de leadership et de gouvernance. (Image : wikimedia / Cold Season / Domaine public)
Une sagesse de la Chine ancienne pour les leaders du monde d’aujourd’hui
La dynastie des Song (960 – 1279), âge d’or de l’histoire chinoise, offre de précieuses perspectives en matière de leadership et de gouvernance. Ces récits sur les empereurs Song témoignent d’une sagesse qui trouve un écho même chez les jeunes professionnels d’aujourd’hui. Plongeons dans ces récits anciens et découvrons leur pertinence moderne en matière de leçons de gouvernance.
Quand les sentiments personnels s’opposent au devoir
Imaginez cette scène : vous êtes un patron et vous n’appréciez pas un de vos employés. Mais ce dernier mérite une promotion. Que feriez-vous ?
L’empereur Taizu de la dynastie des Song a été confronté à ce dilemme. Lorsqu’un fonctionnaire qu’il n’aimait pas était sur le point d’être promu, l’empereur voulait refuser cette promotion. Son conseiller, Zhao Pu, lui a fait part de son opinion. (Image : wikimedia / Cold Season / Domaine public)
L’empereur Taizu (927-976) de la dynastie des Song a été confronté à ce dilemme. Lorsqu’un fonctionnaire qu’il n’aimait pas était sur le point d’être promu, l’empereur voulait refuser cette promotion. Son conseiller, Zhao Pu, lui a fait part de son opinion en ces termes : « Les punitions sont pour les malfaiteurs, alors que les récompenses pour ceux qui excellent. Il en est ainsi depuis les temps anciens. Le système des récompenses et des punitions appartient à tous ceux qui vivent sous le Ciel, et non à vous personnellement. Comment pouvez-vous laisser vos sentiments personnels dicter de telles décisions ? »
L’empereur Taizu est d’abord sorti en trombe du bureau impérial, furieux suite aux remarques de son conseiller. Mais l’insistance de ce dernier a porté ses fruits. L’empereur s’est renducompte que son conseiller avait raison et a approuvé la promotion.
Cette histoire souligne l’importance de séparer les sentiments personnels des décisions professionnelles. Dans le monde du travail d’aujourd’hui, il est essentiel de reconnaître et de récompenser le mérite, même lorsqu’il s’agit de personnes que nous n’apprécions pas personnellement.
Reconnaître ses erreurs : quand l’empereur donne l’exemple
L’empereur Taizu, malgré sa formation martiale qui lui avait enseigné la retenue, craignait une chose : les historiens qui consignaient ses actes. Il savait que les générations futures jugeraient de ses bonnes ou mauvaises actions.
Un jour, alors qu’il tirait sur des oiseaux avec un lance-pierre dans le jardin, ses fonctionnaires ont demandé d’urgence une audience. Agacé d’être interrompu pour des questions insignifiantes, l’empereur se déchaîna, frappant un fonctionnaire et lui cassant deux dents.
L’empereur Taizu mettait en pratique ce qu’il prêchait. (Image : wikimedia / Kcx36 / Domaine public)
Le fonctionnaire blessé ramassa calmement ses dents tout en disant : « Je ne peux rien faire contre vous, mais les historiens enregistreront cet incident ».
Cette déclaration toucha la corde sensible de l’empereur. Il se rendit compte de son erreur, s’excusa et dédommagea généreusement le fonctionnaire.
Cette histoire souligne l’importance de la responsabilité, même pour ceux qui détiennent le pouvoir. Elle nous rappelle que nos actes ont des conséquences et qu’admettre ses erreurs est un signe de force et non de faiblesse.
Les dangers de la démesure
Après avoir conquis le royaume de Shu, l’empereur Taizu fut choqué de trouver dans le palais des pots de chambre incrustés de bijoux. Il ordonna de les détruire, en faisant remarquer que : « Si leur roi s’adonnait à un tel luxe, comment pouvait-il espérer conserver son royaume ? »
L’empereur Taizu mettait en pratique ce qu’il prêchait. Il utilisait des meubles simples et portait des vêtements usagés. Lorsque sa fille ornait sa veste de plumes de martin-pêcheur, il lui conseillait d’apprécier leur vie privilégiée sans en faire étalage.
« Il est rare et précieux que des fonctionnaires osent s’exprimer. Si leurs conseils sont utiles, nous devons les adopter. Sinon, nous pouvons les ignorer. Mais si nous punissons le gouverneur Shi, qui osera donner des conseils à l’avenir ? », expliqua l’empereur Zhenzong. (Image : wikimedia / Gens Baps / Domaine public)
Accepter les critiques constructives
L’empereur Zhenzong (1048-1085) reçu un jour une lettre critique d’un gouverneur de province, Shi Xizheng. Le gouverneur critiquait la négligence de la cour à l’égard de certaines régions et demandait plus de troupes.
Face à ce comportement, certains fonctionnaires voulurent punir le gouverneur Shi pour son ton « irrespectueux ». Mais l’empereur Zhenzong n’était pas du même avis : « Il est rare et précieux que des fonctionnaires osent s’exprimer. Si leurs conseils sont utiles, nous devons les adopter. Sinon, nous pouvons les ignorer. Mais si nous punissons le gouverneur Shi, qui osera donner des conseils à l’avenir ? »
Au lieu de punir le gouverneur, l’empereur l’a publiquement félicité.
Cette histoire souligne l’importance de créer un environnement de confiance dans lequel les gens se sentent en sécurité et libres d’exprimer leurs opinions, même si elles sont critiques. Dans le monde d’aujourd’hui, où tout va très vite, les dirigeants qui encouragent et valorisent un retour d’information honnête sont souvent ceux qui prennent souvent de meilleures décisions et favorisent l’innovation.
Ces histoires de vie qui nous viennent de la Chine ancienne peuvent offrir une sagesse intemporelle aux professionnels d’aujourd’hui. (Image : wikimedia / Aldermanseven / Domaine public)
Des leçons de gouvernance pour les dirigeants d’aujourd’hui
Ces histoires de vie et leçons de gouvernance, qui nous viennent de la Chine ancienne, peuvent offrir une sagesse intemporelle aux professionnels d’aujourd’hui. Elles illustrent l’importance :
De séparer les sentiments personnels des décisions professionnelles
D’assumer ses erreurs et en tirer les leçons qui s’imposent
De pratiquer la modération et la consommation responsable
D’encourager et valoriser les commentaires honnêtes, même lorsqu’ils sont critiques.
Les jeunes dirigeants d’aujourd’hui peuvent créer des lieux de travail plus éthiques, plus efficaces et plus innovants en adoptant ces principes. La sagesse des empereurs de la dynastie Song nous rappelle qu’un bon leadership transcende le temps et la culture.
