Une femme nommée Su Liu se concentrait sur la cueillette de mûres au bord de la route, sans se préoccuper de la présence du roi. Cette femme était connue pour son apparence ordinaire et pour la grosseur visible qu’elle avait au cou. (Image : wikimedia / Fei Danxu 费丹旭 (1801-1850) / Domaine public)
Un jour, le roi Min du royaume de Qi, accompagné d’un grand cortège, partit en tournée et arriva dans le village de Dongguo. Les habitants se pressaient pour apercevoir leur souverain. Cependant, au milieu de la foule, une femme nommée Su Liu se concentrait sur la cueillette de mûres au bord de la route, sans se préoccuper de la présence du roi. Cette femme était connue pour son apparence ordinaire et pour la grosseur visible qu’elle avait au cou.
Une rencontre singulière
Curieux et légèrement mécontent de son manque d’intérêt, le roi Min la fit venir. « Tout le monde a arrêté son travail pour regarder mon cortège, mais vous continuez à cueillir des mûres sans même jeter un coup d’œil. Pourquoi ? », lui demanda-t-il.
« Je suis ici sous les ordres de mes parents pour cueillir des mûres. Je n’ai pas reçu l’ordre d’observer le roi », répondit calmement Su Liu au roi.
Sa réponse posée attira l’attention du roi, mais il ne put s’empêcher de remarquer la grosseur disgracieuse qu’elle avait sur le cou. « Vous êtes une femme extraordinaire, mais il est malheureux que vous ayez cette grosseur », soupira-t-il.
Sans se laisser déconcerter, Su Liu répondit : « Mon devoir est d’accomplir mes tâches avec diligence et de ne pas oublier mon éducation. Qu’importe une bosse sur mon cou si mon cœur est pur ? ».
Une proposition inattendue
Les parents de Su Liu, submergés par la peur du roi, voulaient qu’elle se change. Mais, elle refusa fermement, estimant que changer d’apparence trahirait sa véritable personnalité. Elle suivit les envoyés du roi dans sa tenue habituelle. (Image : wikimedia / Qiu Ying / Domaine public)
Le roi Min fut profondément impressionné par la sagesse de Su Liu. « Vous êtes vraiment une femme vertueuse », déclara-t-il. Se sentant soudain attiré par elle, il décida de la ramener au palais.
Malgré l’offre soudaine de richesse et de statut, Su Liu resta fidèle à ses principes. « Je vous remercie de votre gentillesse, mais mes parents sont encore à la maison. Partir avec vous sans leur permission reviendrait à m’enfuir. À quoi vous servirai-je alors ? C’est contraire à la bonne conduite et je ne peux m’y plier », expliqua-t-elle.
Se rendant compte de son comportement impulsif, le roi Min eut honte et renvoya Su Liu chez elle. Plus tard, il envoya des émissaires chargés de cadeaux somptueux pour demander officiellement sa main.
Su Liu resta fidèle à elle-même. Alors, que les parents de Su Liu, submergés par la peur, voulaient qu’elle se baigne, change de vêtements et se pare avant d’entrer dans le palais. Mais elle refusa fermement, estimant que changer d’apparence trahirait sa véritable personnalité. Elle suivit les envoyés du roi dans sa tenue habituelle.
Le pouvoir de l’humilité et de la sagesse
Vêtues de leurs plus beaux atours, les concubines royales attendaient l’arrivée du Su Liu. Mais elles furent surprises par son apparence ordinaire et se moquèrent de ses imperfections. (Image : wikimedia / English: Sun Wen (1818-1904) 中文: 孙温 / Domaine public)
Le roi Min avait informé ses concubines de l’arrivée d’une « sainte femme » qui pourrait les instruire. Vêtues de leurs plus beaux atours, elles attendaient son arrivée, mais elles furent surprises par son apparence ordinaire et se moquèrent de ses imperfections.
Le roi Min les réprimanda en ces termes : « Elle n’est tout simplement pas parée. La différence est décuplée, centuplée ! »
Su Liu, cependant, intervint calmement : « La différence est bien plus grande que dix ou cent fois. Elle pourrait être un million de fois plus ».
Intrigué, le roi Min lui demanda de développer sa pensée. Alors, elle lui expliqua les principes profonds de la gouvernance. « Dans le passé, les empereurs Yao et Shun étaient vertueux et vivaient simplement, ce qui leur a valu d’être vénérés pendant des milliers d’années. En revanche, les tyrans Jie et Zhou ont vécu dans l’extravagance et ont péri, restant des sujets de moquerie même après un millénaire ».
Su Liu a transformé le royaume
Inspirée par Su Liu, toute la cour s’habilla sobrement, ce qui incita les royaumes voisins à suivre son exemple. Sous le règne du roi Min, le royaume de Qi atteint des sommets sans précédent. (Image : wikimedia / Qiu Ying / Domaine public)
Les concubines furent remplies de honte et le roi Min, reconnaissant sa sagesse, fit de Su Liu sa reine pour l’aider à gouverner le royaume. Sous son influence, le palais adopta un mode de vie plus simple. Le roi Min se mit à vivre dans des quartiers modestes et réduisit l’ampleur de ses plaisirs. Inspirée par Su Liu, toute la cour s’habilla sobrement, ce qui incita les royaumes voisins à suivre son exemple. Sous le règne du roi Min, le royaume de Qi atteint des sommets sans précédent, témoignant du pouvoir de transformation de la sagesse et de l’humilité de Su Liu.
Les historiens attribuèrent le succès du règne du roi Min aux conseils et aux enseignements de la reine Su Liu, dont les vertus ont apporté prospérité et harmonie au royaume.
