Le tempérament égal est le système qui consiste à diviser une octave de manière égale en douze gammes de demi-tons. Il est largement utilisé dans la musique symphonique et les instruments à clavier, et constitue l’une des pierres angulaires du glorieux panthéon musical occidental. Les pianos modernes sont également accordés sur la base du tempérament égal. Le Clavier bien tempéré de Bach est une illustration parfaite des avantages du tempérament égal et d’une modulation à la perfection si bien qu’il est considéré comme l’Ancien Testament par la littérature pianistique. En fait, le tempérament égal a été établi pour la première fois en Chine, et introduit en Occident probablement grâce aux échanges culturels entre l’Orient et l’Occident, de sorte que l’Occident l’a appelé la cinquième grande invention de la Chine.
L’Empereur Jaune a utilisé le tempérament à douze tons pour accorder la musique et détecter le changement des saisons
En fait, dès la Haute Antiquité, la Chine disposait d’un tempérament à douze tons. D’après le chapitre sur la musique ancienne dans le livre intitulé Le Lüshi Chunqiu ou Les Annales des Printemps et des Automnes de Lü Buwei (呂氏春秋), l’Empereur Jaune a ordonné à Ling Lun, son officier de musique, d’établir un tempérament à douze tons. Basé sur le chant du phénix, Ling Lun a fabriqué douze flûtes en bambou de différentes tailles donnant les différents tons, établissant ainsi un tempérament à douze tons. Par la suite, avec Rongzong, un autre ministre de l’Empereur Jaune, Ling Lun a fondu douze cloches pour harmoniser les tons avant de composer une magnifique musique intitulée Xianchi ou Le Lac Xianchi (咸池, ndtr: Xianchi fait référence au lieu de baignade du soleil selon la mythologie chinoise ancienne).
Les noms des douze tons sont très difficiles à prononcer de nos jours, mais ils sont en fait riches en connotations culturelles traditionnelles. Les douze tons sont divisés en six tons yang et six tons yin. Les six tons yang sont Huang Zhong (黃鐘), Tai Cu (太簇), Gu Xian (姑洗), Rui Bin (蕤賓), Yi Ze (夷則) et Wu She (無射), et les six tons yin sont Da Lü (大呂), Jie Zhong (夾鍾), Zhong Lü (仲呂), Lin Zhong (林鍾), Nan Lü (南呂), Ying Zhong (應鐘).
L’Empereur Jaune a également utilisé ce tempérament pour détecter le changement des saisons. Ling Lun a pris douze tiges de bambou, dont le plus long mesurait 9 pouces et le plus court 4,6 pouces, avant de les couper en diagonale d’une extrémité. Il a ensuite disposé ces tiges par ordre de longueur et alignées les extrémités non coupées au même niveau.
Les tiges de bambou étaient creuses et remplies de cendres de roseaux très légères. Ces tiges étaient enterrées, pointes en bas, dans la montagne Yinshan au nord-ouest, protégées par une couche de tissu et une salle construite à l’extérieur afin que le moindre souffle de vent ne puisse pas y pénétrer.
L’Empereur Jaune utilisait ces tiges pour suivre le qi de la terre, car le qi yin et le qi yang de la terre sont en mouvement constant. Au moment du solstice d’hiver, lorsque le qi yang est né, la cendre à l’intérieur du premier tube de 9 pouces de long appelé Huang Zhong s’est envolée d’elle-même, tout en émettant une sorte de « bourdonnement » (équivalent à la tonalité de do dans la musique moderne). Ce son s’appelle Huang Zhong, et c’est le premier des douze tons. Ce moment précis s’appelle Zi Shi (子時, 23h à 1h du matin), et la période solaire correspond au solstice d’hiver. Ensuite, lorsque l’un des douze mois arrive, la cendre contenue dans la tige correspondant s’envole, ce que l’on appelle « souffler les cendres » (吹灰).
Selon le chapitre sur les coutumes mensuelles dans le livre Liji ou Le Classique des rites (禮記), le tempérament à douze tons correspond également aux douze mois lunaires chinois : « Le mois de Meng Chun correspond à Tai Cu … ». Meng Chun signifie le début du printemps, et c’est le premier mois dans le calendrier chinois. C’est le moment où l’énergie yang se lève : le vent d’Est chasse le froid, les animaux en hibernation commencent à reprendre vie, les poissons nagent sous la glace et les oies reviennent du sud. C’est le moment de la renaissance de toute chose et voici la connotation de Tai Cu. Le deuxième mois est « le mois du milieu du printemps, ce qui correspond à Ying Zhong », et ainsi de suite jusqu’au « mois de l’hiver, (ndtr : le douzième mois), et ce qui correspond à Da Lü ».
Tout comme ce qui est écrit dans Le Classique des rites : « les sages ont fait de la musique pour se connecter au ciel ». La musique, le ciel et la terre sont en harmonie, et les tiges représentant servent de détecteur du temps, formant ainsi des cycles qui se renouvellent sans cesse.
Le premier Chinois à exposer l’établissement d’un tempérament et les cinq tons de la musique classique chinoise
D’après les documents historiques chinois, le premier document détaillé sur la méthode de formulation du tempérament est le livre Guanzi écrit par Guan Zhong (723 à 645 av. J.-C.) pendant la période du Printemps et de l’Automne (770 à 476 av. J.-C.). Guan Zhong était très doué pour la musique. La méthode qu’il a inventée s’appelle la « méthode basée sur la fraction du tiers » (三分損益法).
Explications : prenons une tige de bambou servant à donner la tonique et définissons sa longueur à 81 unités. La tonique est désignée comme le ton Gong (宫). Multiplions ensuite 81 par 2/3 pour obtenir 54 unités, ce qui est appelé le ton Zhi (徵). Multiplions 54 par 4/3 pour obtenir 72 unités, ce qui correspond au ton Shang (商). Multiplions 72 par 2/3 pour obtenir 48 unités qui est le ton Yu (羽). Multiplions 48 par 4/3 pour obtenir 64 unités, ce qui correspond au ton Jue (角).
Ainsi, on obtient les cinq tons de la musique traditionnelle chinoise : Gong, Shang, Jue, Zhi et Yu. Ensuite, les Chinois ont inventé un tempérament à douze tons à la base de cette méthode. La première personne en Occident à utiliser une méthode similaire pour trouver les tons était le mathématicien grec Pythagore, plus de 140 ans après Guan Zhong.
Invention du tempérament égal par un prince chinois en 1584 et introduction en Europe par les missionnaires
Idéalement, le tempérament devrait pouvoir revenir parfaitement à la tonique une octave plus haut pour recommencer un nouveau cycle, mais depuis des milliers d’années, toutes les méthodes de tempérament en Orient et en Occident n’ont pas réussi à résoudre ce problème de base. Ce n’est que lorsque Zhu Zaiyu (1536 – 1611), un prince royal de la dynastie Ming, a proposé en 1584 de manière innovante le tempérament égal par le moyen de calculs mathématiques précis basée sur sa théorie de Nouvelle méthode pour la précision du tempérament que ce problème fondamental a été résolu.
À une époque où les ordinateurs n’existaient pas, il a utilisé un boulier à quatre-vingt-une cases pour calculer le rapport de fréquence entre les demi-tons avec 24 décimales, ce qui était extraordinaire. Zhu Zaiyu était lui-même un génie de la littérature et de la science, et il était très versé dans les domaines de l’astronomie, du calendrier, des mathématiques, de la danse et de la théorie musicale, etc. C’est pourquoi il a été qualifié de « figure encyclopédique de l’art oriental ». Au cours de ses recherches et de ses explorations, il s’est rendu compte que la Grande Voie était une vérité simple et facile, qu’il fallait « utiliser des mots simples pour mettre en valeur des raisonnements profonds, et utiliser des nombres subtils pour étudier la pédanterie, afin d’en obtenir l’essence et d’en oublier la forme ».
Plus tard, le tempérament égal de Zhu Zaiyu a probablement été transmis de Chine en Europe par le missionnaire italien Matteo Ricci (6 octobre 1552-11 mai 1610). Aujourd’hui, le tempérament égal est l’une des références les plus importantes du système musical occidental.
Du XIVe au XVIe siècle, alors que l’opéra chinois et l’acrobatie chinoise sont en plein essor, l’Occident entre également dans la Renaissance, et de nombreux génies et maîtres de la musique classique émergent. La musique occidentale commence à évoluer vers son apogée, en commençant par la musique de cour et de danse, et les orchestres spécialisés dans la musique symphonique se développent et se perfectionnent peu à peu.
Shen Yun Symphony Orchestra : l’harmonie parfaite entre l’Orient et l’Occident
Aujourd’hui, des centaines d’années plus tard, les compositions originales de Shen Yun présentent une harmonie parfaite entre la musique classique de l’Orient et celle de l’Occident. Comment cela fonctionne-t-il ?
Dancing for the Divine, composition originale de Shen Yun.
Tout d’abord, l’orchestre occidental sert de base, accentuant le son distinct des instruments chinois. Deuxièmement, les mélodies émouvantes de l’ancien Empire du Milieu sont pleinement mises en valeur par un orchestre symphonique occidental. C’est ce qui rend la musique de Shen Yun unique et constitue une nouvelle avancée dans le domaine de la musique classique.
La musique traditionnelle chinoise met l’accent sur l’expression des sentiments intérieurs - les anciens utilisaient toujours des instruments de musique pour exprimer leurs états d’âme. La musique occidentale, quant à elle, se concentre sur l’effet global de l’ensemble musical - et pour y parvenir, l’arrangement et l’harmonie sont de la plus haute importance. La musique de Shen Yun combine ces approches pour capturer l’essence de l’Orient et de l’Occident.
Depuis ses débuts au Carnegie Hall de New York en 2012, Shen Yun Symphony Orchestra est en tournée en Amérique du Nord et en Asie en septembre et octobre de chaque année. Avec un répertoire qui comprend les compositions originales de Shen Yun, ainsi que des classiques occidentaux. Les mélomanes sont invités à découvrir le style unique de Shen Yun Symphony Orchestra.
Pour la vidéo de présentation, les sélections et le calendrier des représentations, veuillez consulter : shenyun.com/symphony
Rédacteur Yi Ming
Source : shenyunperformingarts.org
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