Être une épouse dévouée
Les Préceptes pour les femmes de Ban Zhao (Nǚ jiè 女誡) est un ancien guide chinois destiné à cultiver les vertus féminines traditionnelles. Rédigé par le polymathe Ban Zhao (班昭), il traite de la nécessité d’éduquer les filles aux vertus et est rapidement devenu une référence durable pour l’éducation des filles en Chine, pour de nombreuses dynasties à venir. Cette série se concentre sur les vertus des femmes traditionnelles et leur rôle dans l’harmonisation de la famille et de la société.
Dans la Chine ancienne, la relation entre mari et femme était le fondement de toutes les relations humaines. Basée sur l’harmonie entre le yin et le yang, l’union entre un homme et une femme était considérée comme divinement arrangée. Par conséquent, le respect des vœux de mariage n’était pas seulement une question sociale, mais aussi un devoir spirituel.
Afin de construire un mariage stable, les anciens mettaient l’accent sur la culture de la vertu et l’accomplissement diligent des rôles de chacun selon les lois de la nature.
« La qualité distinctive du yang est la rigidité, la fonction du yin est la souplesse. L’homme est honoré pour sa force, la femme est belle pour sa douceur. » 1
Dans un mariage ordonné et rationnel, le mari incarnait la force explicite du yang, qui devait être tempérée et équilibrée par la douceur implicite de la nature yin de la femme. À cette fin, les hommes recevaient une éducation rigoureuse dès leur plus jeune âge, non seulement pour maîtriser les six arts que sont les rites, la musique, le tir à l’arc, le char, la calligraphie et les mathématiques, mais surtout pour développer le caractère d’un gentleman tel qu’enseigné par Confucius.
Grâce à l’enseignement des Préceptes pour les femmes de Ban Zhao, les femmes ont embrassé leur nature yin pour devenir des épouses dévouées et vertueuses et cultiver un mariage durable.
Les Préceptes pour les femmes de Ban Zhao et le mariage
Le mariage est une relation prédestinée
Selon un proverbe chinois, « il faut cent ans pour cultiver une relation pour que deux personnes partagent un bateau, et mille ans pour que deux personnes partagent un lit ». Le mariage n’est pas à prendre à la légère, car il façonne la vie des deux heureux élus.
Après avoir observé les rites appropriés et reçu l’approbation de leurs deux familles, une femme quittait la maison de son père pour aller vivre avec son mari, qui deviendrait son compagnon pour la vie et sa famille la plus proche.
Gagner le cœur d’un seul homme était une bénédiction pour une femme. Cependant, Ban Zhao déconseillait aux femmes d’utiliser la timidité et la flatterie pour attirer un mari. Au contraire, la modestie, le dévouement et la correction dans la conduite étaient considérés comme le chemin direct vers le cœur d’un mari.
Importance de l’harmonie et de l’équilibre
Ban Zhao a parlé de l’acquiescement comme de la caractéristique la plus raffinée d’une épouse. Associé à la modestie, l’acquiescement d’une femme avait le pouvoir de faire disparaître la discorde et de maintenir l’harmonie.
Le caractère humble et tolérant d’une femme équilibrait et tempérait le caractère yang dominant du mari. Si les deux voulaient être dominants, ou si les deux décidaient d’être doux, la prise de décision serait difficile et l’harmonie serait perdue. C’est pourquoi, dans la culture chinoise traditionnelle, la nature conciliante de la femme la rend complémentaire, et non inférieure, à son mari. Cela permet aux familles et à la société de prospérer.
En embrassant leur nature yang, les hommes prenaient naturellement la plupart des décisions au sein de la famille et la femme apportait son soutien et sa coopération sans réserve. Lorsque le mari s’exprime, une femme dévouée se doit de lui prêter une attention particulière. Si son mari commettait une erreur, la femme le persuadait gentiment de faire ce qu’il fallait plutôt que de le réprimander.
Dans les Préceptes pour les femmes de Ban Zhao, l’auteur cite quelques versets du Classique des changements, aussi appelé le Livre des mutations (Yì Kīng 易經) pour illustrer l’harmonie qui résulte de l’accord entre mari et femme :
Si deux cœurs s’harmonisent,
La force unie peut couper l’or.
Les mots des cœurs qui s’accordent,
Dégagent un parfum comme l’orchidée.
(Extrait du Yi King, ou Livre des mutations)
Étant donné la nature résistante et persévérante des femmes, la prédisposition naturelle d’une épouse est souvent de fournir un soutien émotionnel et d’amortir les émotions difficiles de son mari. Si le mari était en colère, sa femme ne se mettait pas en colère en retour, mais lui cédait posément. Si le mari était doux, sa femme l’était également. De cette manière, une femme vertueuse nourrit les émotions positives et éteint les émotions négatives.
Malgré leur différence de nature, la relation entre mari et femme était fondée sur la grâce et l’amour mutuels.
« La relation correcte entre mari et femme est basée sur l’harmonie et l’intimité, et l’amour conjugal est fondé sur une union correcte. » 1
Dans la Chine ancienne, le mari et la femme se traitaient mutuellement comme des invités d’honneur, démontrant ainsi que le respect et la politesse sont les fondements d’un mariage solide et durable.
Être une épouse attentionnée
En raison de leur nature tendre et attentive, les femmes ont tendance à exprimer leur dévouement par des actes de service. Ainsi, dans la plupart des sociétés et cultures humaines, les femmes ont traditionnellement joué le rôle de soignantes, veillant à ce que les personnes qui les entourent, notamment leurs parents les plus proches, voient leurs besoins fondamentaux satisfaits. C’est encore plus vrai pour leur mari.
Une femme vertueuse ne néglige jamais le bien-être de son mari. Pour assurer sa santé physique, elle prépare soigneusement sa nourriture quotidienne et veille à ce que ses vêtements soient non seulement propres, mais aussi adaptés au temps. Si ses vêtements sont usés, elle les raccommode avec soin.
Si le mari rentrait tard, une femme dévouée restait éveillée pour attendre son arrivée, gardant la lumière allumée et la nourriture chaude. Si le mari tombait malade, une femme attentive épuisait tous les moyens pour le rétablir, en lui administrant des médicaments d’une main prudente et en priant le Ciel pour qu’il se rétablisse rapidement.
Lorsque le mari décède la femme continue à l’honorer
Selon la culture traditionnelle, le mari et la femme sont partenaires pour la vie. Par conséquent, si le mari décède, la femme ne pense pas à se remarier, mais continue à l’honorer de son vivant.
« Consacrez-vous à la famille de votre mari, révérez ses parents et instruisez ses enfants. Entretenez soigneusement sa tombe et observez tous les rites sacrificiels. » 1
Pendant plus de cinq mille millénaires, les femmes chinoises, baignant dans la culture traditionnelle et suivant les Préceptes pour les femmes de Ban Zhao, ont démontré que la nature féminine douce et gentille est en fait une force puissante qui accomplit et nourrit la vie elle-même. Pour une femme, embrasser sa nature yin ne signifie pas qu’elle se sacrifie ou se rabaisse. Au contraire, cela témoigne de sa volonté de suivre la volonté du Ciel.
Un examen plus approfondi de l’interaction harmonieuse entre les sexes révèle que les hommes et les femmes sont fondamentalement différents, mais complémentaires les uns des autres. Lorsque les personnes s’écartent de la voie naturelle ou luttent pour changer leur rôle, l’harmonie est perdue et les familles s’effondrent. Mais si chaque individu s’abandonne et adhère à ses prédispositions naturelles, les mariages seront solides, les familles prospéreront et la société s’épanouira.
Note : 1 Les citations des Préceptes pour les femmes Ban Zhao dans cet article sont tirées de la traduction anglaise de Nancy Lee Swann de l’œuvre originale de Ban Zhao.
Rédacteur Charlotte Clémence
Source : Ban Zhao’s Precepts for Women – Part III: On Being a Devoted Wife
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