Qu’est-ce que les enfants chinois apprenaient à l’école, il y a plus de 3 000 ans ? Ils étudiaient la littérature, les arts martiaux, la théorie musicale, la danse, les rituels et la moralité, un programme scolaire assez complet visant à développer leur personnalité dans l’élégance et la vertu, tel un gentilhomme.
Le système éducatif sous la dynastie Zhou
Sous la dynastie des Zhou, le gouvernement a mis en place deux types d’écoles : les écoles impériales et les écoles territoriales. Situées dans la ville du roi et dans le chef-lieu des pays vassaux, les écoles impériales étaient divisées en deux niveaux : l’école primaire et l’école supérieure. Elles étaient réservées aux princes, aux fils aînés des ministres ainsi qu’aux « talents exceptionnels du royaume ». Les écoles territoriales, quant à elles, étaient basées sur le système administratif local.
L’environnement et le corps enseignant
L’école primaire était construite près du palais et l’école supérieure plus loin, dans les faubourgs. Après la construction de la capitale de Haojing par le roi Wu de Zhou, la première école supérieure a été construite de manière simple, sous la forme d’une hutte de gazon située en banlieue, entourée de bassins et de vastes bois, avec une faune et une flore abondantes. Pourquoi fallait-il des étangs et des bois? C’était pour permettre aux élèves de pratiquer la pêche, la chasse et les arts martiaux.
Parmi les compétences à acquérir à l’école supérieure, les rites, la musique et le tir à l’arc sont les plus importants du programme scolaire. La personne qui les enseigne s’appelle un « maître » (师, shī). Pendant la période des Zhou occidentaux, les officiers supérieurs de l’armée étaient également appelés « maîtres ». Au départ, les maîtres de l’école supérieure étaient des officiers de haut rang qui protégeaient le roi et enseignaient le « tir à l’arc ». Les cours de « musique » étaient dispensés par des fonctionnaires de la musique, appelés « maîtres de musique » (樂師, yuè shī). Tel était le système éducatif de la dynastie des Zhou occidentaux, dans lequel « les fonctionnaires jouaient le rôle du maître »
Les écoles supérieures de la période des Zhou occidentaux étaient à la fois une école pour les jeunes nobles et un lieu pour organiser les événements publics de la noblesse, tels que les banquets et les cérémonies de tir à l’arc. Les banquets étaient destinés à promouvoir le respect des seniors, une vertu enseignée aux princes par le roi lui-même. Alors que les cérémonies de tir à l’arc avaient pour but de développer les aptitudes militaires. En outre, les principes moraux de maîtrise de soi et d’humilité étaient enseignés au cours de ces cérémonies. Toutes ces cérémonies étaient accompagnées de musique en live.
Le programme scolaire pour les enfants chinois il y a 3 000 ans
Selon Le Livre des Rites: Règles Domestiques, ce que les enfants devaient apprendre dépend de leur âge :
- À six ans, les enfants apprenaient à connaître les chiffres et à distinguer les quatre points cardinaux.
- À sept ans, ils apprenaient que les hommes et les femmes étaient différents et qu’ils ne devaient plus manger ou s’asseoir côte à côte.
- À huit ans, ils apprenaient à respecter les séniors, et à neuf ans, ils apprenaient à comprendre le calendrier et à utiliser le cycle sexagénaire, système chinois de numérotation des unités de temps basé sur la combinaison de deux séries de signes, les dix tiges célestes (天干, tiāngān) et les douze branches terrestres (地支, dìzhī), permettant d’obtenir soixante combinaisons différentes.
- À dix ans, les garçons quittent la maison pour vivre en internat, où ils continuent d’apprendre à lire, à écrire et à compter avec leurs enseignants, ainsi que de nombreuses règles de savoir-vivre, comme balayer le matin et le soir et se comporter correctement.
- À treize ans, ils commencent à apprendre les instruments de musique, la musique et la danse, ainsi que la récitation de poèmes. Pour les Chinois anciens, l’art de la musique et l’art de gouverner étaient intimement liés. Lorsque la gouvernance était stable, le cœur des gens était en paix et la musique était harmonieuse. En cas de chaos, le peuple était mécontent et la musique véhiculait des griefs. Sous la dynastie des Zhou, tout le monde, du Fils du Ciel aux érudits, devait pratiquer la musique pour rendre son esprit paisible et s’éloigner de mauvaises influences extérieures.
- À quinze ans, émancipés, ils entrent à l’école supérieure, où ils doivent apprendre la musique et la danse Xiang (danse musicale de la dynastie Zhou, qui symbolise les arts martiaux en simulant les mouvements de danse de soldats s’attaquant les uns les autres à l’aide d’une hache et d’une lance) et les six arts (rites, musique, tir à l’arc, équitation, calligraphie et mathématiques chinoises), les rites et la musique, le tir à l’arc et la conduite étant les principaux.
- À vingt ans, suite à la cérémonie Guan Li, les jeunes garçons sont devenus majeurs. À ce moment-là, ils commençaient à étudier de manière approfondie les cinq rites : les rites de sacrifice (rites religieux pour les sacrifices au ciel et à la terre), les rites liés aux décès et inquiétudes (rites pour exprimer la pitié, les condoléances et la détresse), les rites militaires (rites liés aux activités militaires, y compris la mobilisation des nobles en cas de guerre et les directives applicables aux champs de bataille), les rites d’étiquette (l’étiquette utilisée par le Fils du Ciel (l’empereur) lorsqu’il reçoit ses vassaux et ses invités, et l’étiquette utilisée par les vassaux lorsqu’ils se rencontrent), et les rites de réception (rites pour le banquet, le mariage, la célébration des festivités, etc).
Une éducation mettant l’axe sur la vertu et l’étiquette pour former les piliers du pays
L’éducation des nobles de la dynastie Zhou se concentre sur deux aspects étroitement liés l’un et l’autre : la vertu et l’étiquette.
L’éducation centrée sur la vertu consistait principalement à enseigner les principes de savoir-vivre, y compris les trois vertus et les trois comportements. Selon Les rites de Zhou, le maître était chargé d’apprendre au roi la bienséance. Il enseigne aux enfants de la noblesse trois vertus : premièrement, la plus haute vertu, qui est la base de la Voie ; deuxièmement, la diligence et la culture, qui sont la base de la conduite ; et troisièmement, la piété filiale qui permet de reconnaître la désobéissance et le mal. Le maître enseigne également trois principes de conduite : premièrement, la conduite filiale, qui consiste à aimer ses parents ; deuxièmement, la conduite amicale, qui consiste à respecter les personnes vertueuses ; troisièmement, la conduite obéissante, qui consiste à servir ses professeurs et ses aînés.
L’éducation axée sur l’étiquette comprend les six types d’arts, à savoir les cinq rites, les six danses musicales traditionnelles, les cinq techniques de tir à l’arc, les cinq techniques d’équitation, les six classifications des caractères chinois et les neuf utilisations de mathématiques (la mesure des terres, les ratios de conversion des céréales dans le commerce du riz et des céréales, les taxes, les proportions des constructions, les ratios pour le coulage du bronze, etc.). Elle comprend également la manière de se soigner en six occasions, c’est-à-dire pour les rituels, pour recevoir des invités, pour faire le point avec le Fils du Ciel, pour les funérailles, pour les expéditions militaires et pour les déplacements en véhicule et à cheval.
Jusqu’à l’âge adulte, les jeunes nobles de la dynastie Zhou pouvaient acquérir toutes les connaissances liées à l’étiquette et aux relations sociales nécessaires à la vie en société, ainsi que les connaissances liées à la vertu et aux compétences intellectuelles, grâce à l’éducation dispensée dans les écoles primaires et les écoles supérieures. En sortant de ces écoles, ils faisaient déjà partie de l’élite de la dynastie et pouvaient assister le Fils du Ciel ou commander l’armée. Les piliers nécessaires au bon fonctionnement de la dynastie provenaient presque tous de la noblesse.
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