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Sagesse. Qui a relevé six défis pour épouser la princesse Wencheng (2/2)

CHINE ANCIENNE > Sagesse

PODCAST

Sous le règne de l’empereur Tang Taizong (vers 600 - 10 juillet 649), la princesse Wencheng (vers 623 – 680) était célèbre pour sa beauté et son talent. À sa majorité, de nombreux rois étrangers ont envoyé des délégations pour demander sa main. Souhaitant confier son destin à un souverain sage ayant des sujets doués, la princesse a demandé à l’empereur de lancer six défis aux ambassadeurs étrangers. Lequel, parmi eux, pourrait-il réussir, pour aider son roi à épouser cette princesse chinoise si connue dans l’histoire ?

La suite des six épreuves

- Défi n°4, Identifier la relation mère-enfant

Le quatrième jour du concours, Gar Tongtsen Yülsung fut envoyé aux écuries des chevaux de guerre par l’empereur Tang Taizong, en compagnie d’ambassadeurs d’autres pays. L’empereur leur donna à chacun cent juments et cent poulains, et leur demanda de distinguer en une journée la relation mère-enfant de ces chevaux, ce qui était le sujet du défi n°4.

Ayant reçu les cent juments et les cent poulains, au lieu de s’empresser de les distinguer, Gar Tongtsen Yülsung se rendit chez les bergers locaux afin de connaître les habitudes des chevaux. Lorsqu’il apprit que les poulains tétaient lorsqu’ils avaient faim, il eut une idée.

Gar Tongtsen Yülsung retourna à l’ambassade et ordonna de séparer les 100 juments et les 100 poulains. Pendant un jour et une nuit, il nourrit les juments avec beaucoup d’eau et d’herbe, sans donner quoi que ce soit aux poulains.

Le lendemain, l’empereur se rendit à nouveau avec son cortège dans les différentes ambassades. L’envoyé de l’Inde séparait les juments et les poulains d’après la couleur de leur robe, mais il en restait tellement avec des robes presque identiques qu’il ne savait pas comment les diviser. L’envoyé de Perse distingua les chevaux selon leur taille, pensant qu’une jument forte produirait certainement un poulain fort, mais en fin de compte, il restait encore beaucoup de chevaux de même taille impossible à séparer. Les émissaires d’Uygur et du royaume Ling n’ont tout simplement pas pris la peine de différencier les chevaux, les regroupant au hasard, et la scène était chaotique.

Lorsque l’empereur Tang Taizong arriva à l’ambassade tibétaine, Gar Tongtsen Yülsung ordonna d’ouvrir la porte des écuries et de libérer les juments ainsi que les poulains. Lorsque les poulains affamés ont vu leur mère, ils se sont précipités vers elles pour téter. Ainsi, Gar Tongtsen Yülsung réussît à regrouper les poulains et les juments sans aucune difficulté.

Pour s’assurer que Gar Tongtsen Yülsung était vraiment intelligent, l’empereur fit venir une centaine de poules et de poussins et demanda à Gar Tongtsen Yülsung d’identifier sur place la relation mère-enfant entre ces poules et ces poussins. Gar Tongtsen Yülsung fit venir un sac de céréales qu’il éparpilla parmi les poules, et les poussins se réfugièrent sous les ailes de leur maman poule avant de picorer.

Qui a relevé six défis pour épouser la princesse Wencheng
Tang Taizong ordonne à Gar Tongtsen Yülsung de régler rapidement la relation mère-enfant entre un grand nombre de mères poules et leurs poussins. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0 / @www.npm.gov.tw) 

Cependant, il restait encore quelques poussins coquins qui n’allaient pas vers leur mère et jouaient seuls. Gar Tongtsen Yülsung eut une autre idée. Ayant vécu longtemps sur le plateau et vu d’innombrables aigles, il commença à mimer le cri de l’aigle. Au cri de l’aigle, les poussins, qui jouaient seuls, se cachèrent rapidement sous les ailes de leur maman. C’est ainsi que Gar Tongtsen Yülsung remporta le quatrième défi.

- Défi n°5. Retrouver seul le chemin du retour en état d’ébriété

Le cinquième jour, Gar Tongtsen Yülsung n’avait reçu aucune nouvelle depuis le matin jusqu’au soir. Il profita alors de ce rare moment de calme pour parler de la princesse Wencheng à la courtisane qui s’occupait de lui. La courtisane admirait beaucoup la princesse qui était généreuse, digne et belle pour elle, et elle confia que la princesse avait un grain de beauté rouge entre ses sourcils qui la rendait si unique.

A la nuit tombée, au moment où Gar Tongtsen Yülsung pensait qu’il n’y aurait pas de défi ce jour-là, les tambours se mirent soudain à battre fort dans le palais, ce qui était un signe pour convoquer les ambassadeurs au palais. Gar Tongtsen Yülsung se précipita pour se lever et s’habiller, prêt à se rendre au palais pour voir l’empereur.

Lorsqu’il fut en route avec son escorte, il constata qu’il faisait exceptionnellement sombre ce soir-là et que la route était particulièrement difficile. Tout juste arrivé à Chang’an et ne connaissant pas la région, il fit très attention et marqua chaque intersection, afin de pouvoir reconnaître la route à son retour.

Lorsqu’il arriva au palais, l’empereur Tang Taizong les attendait avec un banquet somptueux. L’empereur dit à tous que depuis leur arrivée au Grand Tang, il n’avait pas trouvé l’occasion de les recevoir dignement. Il voulait alors profiter de cette soirée pour les honorer et soulager leur fatigue due à la compétition, entre les uns et les autres, ces derniers temps.

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Un banquet organisé par l’empereur au palais. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0 / @www.npm.gov.tw) 

Durant toute la soirée, l’empereur et ses invités se sont tous bien amusés. Tard dans la nuit, à la fin du banquet, l’empereur Tang Taizong annonça soudainement le sujet du cinquième défi : les émissaires devaient retourner à leur ambassade sans être accompagnés.

Certains étaient tellement ivres qu’ils ne pouvaient pas marcher, et encore moins reconnaître le chemin du retour. D’autres pouvaient à peine marcher, et ils erraient dans la ville parce qu’ils ne la connaissaient pas très bien. Gar Tongtsen Yülsung était aussi un peu ivre, mais il retourna rapidement à son ambassade en utilisant les marques qu’il avait faites sur le chemin. C’est encore Gar Tongtsen Yülsung qui remporta le cinquième défi.

- Défi n°6. Qui peut reconnaître la vraie princesse ?

Le sixième jour, lorsque Gar Tongtsen Yülsung fut convoqué au palais avec les ambassadeurs d’autres pays, ils trouvèrent dans le grand hall trois cents belles dames habillées de la même façon. L’empereur Tang Taizong leur dit que l’une de ces belles dames était la princesse Wencheng, et celui qui la trouverait pourrait l’emmener pour qu’elle épouse son roi.

Le messager indien fut le premier à s’avancer, pensant que la fille de l’empereur devait être la plus belle, il désigna celle qu’il jugeait la plus belle. Puis vint l’émissaire persan, qui pensa que la princesse devait être la mieux habillée, il choisit donc la fille la plus somptueusement vêtue et la plus ornée. Puis vinrent les émissaires d’Uygur et de Ling, qui choisirent, à l’intuition, la jeune dame qu’ils pensaient être la princesse.

Gar Tongtsen Yülsung qui avait déjà discuté avec l’ancienne nourrice de la princesse, fut soulagé de voir qu’aucun n’avait identifié la vraie princesse. Il se dirigea vers la dame qui se tenait tranquillement dans un coin. Cette dame était dans une tenue sobre mais la simplicité de sa robe ne pouvait pas cacher sa beauté, et le grain de beauté rouge entre ses sourcils brillait d’une élégance incomparable.

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L’empereur Tang Taizong invita les ambassadeurs à trouver la véritable princesse parmi 100 jeunes dames. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0 / @www.npm.gov.tw) 

Il s’approcha de cette dame et s’agenouilla devant elle pour la saluer : « Honorable princesse Wencheng, Votre Altesse, le roi tibétain Songtsen Gampo, m’a ordonné de venir demander votre main. »

La dame sortit du rang et lui répondit doucement : « Pour avoir un ministre aussi sage, votre roi est certainement quelqu’un d’extraordinaire. Je suis prête à partir avec vous. »

C’est ainsi que Gar Tongtsen Yülsung a pu remporter le dernier défi, et l’empereur Tang Taizong a également honoré sa promesse en mariant la princesse Wencheng à Songtsen Gampo, le roi tibétain.

Un mariage parfait pour faire rayonner la culture traditionnelle chinoise

Lorsque Songtsen Gampo apprit que l’empereur Tang Taizong avait accepté de lui donner en mariage la princesse Wencheng, il entama la construction du palais du Potala afin de faciliter la vie de la princesse au Tibet, et de montrer sa sincérité.

L’empereur Tang Taizong organisa une grande procession pour suivre la princesse Wencheng au Tibet, transportant des écritures bouddhistes, des livres de médecine, des livres pharmacologiques, des graines de céréales, du thé, des brocarts de soie, des céramiques de la dynastie Tang, etc. Songtsen Gampo et ses hommes l’accueillirent en personne à Bakai. Songtsen Gampo accomplit les rites en tant que gendre, selon les coutumes de la dynastie Tang auprès de Li Zongdao, qui était venu accompagner la princesse. Songtsen Gampo a ensuite ramené la princesse à Lhassa.

Qui a relevé six défis pour épouser la princesse Wencheng
Le temple du Jokhang abrite la statue du Bouddha Shakyamuni, apportée au Tibet par la princesse Wencheng. La statue est considérée comme la « source du bonheur » par les Tibétains, qui la vénèrent depuis des milliers d’années. (Image : wikimedia / search255 / CC BY 3.0)

Depuis son mariage avec Songtsen Gampo jusqu’à sa disparition, la princesse Wencheng a vécu au Tibet pendant près de quarante ans. Au cours de ces quarante années, elle a transmis au Tibet la culture Han de la fabrication du papier, du vin, de la poterie, du tissage, de l’agriculture et du bouddhisme, ce qui a permis de réaliser de grands progrès dans l’économie, la culture et la technologie de production du Tibet et de promouvoir l’amitié entre les deux peuples. Au Tibet, la princesse Wencheng a également conçu et participé à la construction du temple du Jokhang et du temple de Ramoché, ce qui a grandement contribué au développement de l’artisanat architectural tibétain. La statue en or du Bouddha Shakyamuni qu’elle a apportée avec elle est encore aujourd’hui vénérée par le peuple tibétain.

En 680 ap. J.-C., la princesse Wencheng est décédée. Le peuple tibétain construisit une statue en son honneur. Plus de 1 300 ans plus tard, cette statue se dresse toujours à Lhassa.

Rédacteur Yi Ming

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