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Sagesse. Tout a une âme, ou comment une personne bienveillante maîtrisa un tigre 

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Aussi féroces que soient les tigres, il n’est pas impossible de les maîtriser. Voici une chose peu connue à propos des tigres : ils peuvent sentir la bienveillance et la vertu des fonctionnaires et l’âme loyale des hommes dévoués et intègres. Cet article raconte l’histoire de Guo Shijun, une personne bienveillante du début de la dynastie Qing, que le gouverneur du comté félicita personnellement pour avoir « soumis le dragon et commander au tigre ».

Au début de la dynastie Qing, Guo Shijun, qui vivait dans le comté de Gan Yi, était acclamé pour sa personnalité sincère, modeste et généreuse. Tous les gens du voisinage le considéraient comme quelqu’un de bien et sa piété filiale à l’égard de ses parents était connue de tous.

Tout a une âme, ou comment une personne bienveillante maîtrisa un tigre
Aussi féroces que soient les tigres, il n’est pas impossible de les maîtriser. (Image : wikimedia / Internet Archive Book Images, No restrictions)

Une personne bienveillante et modeste face à un des nombreux tigres de la région

À cette époque, les tigres sévissaient dans la région. Les gens qui vivaient là ou qui passaient par là devaient être sur leurs gardes. Un jour, Guo Shijun dut se rendre dans un village pour percevoir un loyer. Deux serviteurs l’accompagnèrent. En chemin, un tigre apparut soudain dans les herbes épaisses et bloqua la route. Les deux serviteurs laissèrent leurs bagages et s’enfuirent aussitôt. Guo Shijun voulut s’échapper, mais ses jambes furent comme paralysées. Il s’assit sur le sol et observa l’animal.

Alors qu’il attendait l’occasion de s’échapper, le tigre s’assit en face de lui. Sachant qu’il ne pouvait guère être épargné, Guo Shijun dit à l’animal : « C’est mon destin d’avoir la malchance de tomber sur toi. S’il te plaît, dévore-moi, et ne me laisse pas avoir peur plus longtemps ». Après l’avoir écouté, l’animal se leva et se blottit contre lui comme s’il l’avait déjà apprivoisé.

Guo Shijun demanda alors au tigre : « Si tu ne veux pas me faire de mal, que veux-tu alors ? ». L’animal prit immédiatement les bagages avec sa gueule et les posa devant lui. Il inclina la tête, signifiant ainsi qu’il porterait les affaires à sa place. Comme s’il avait compris l’intention de l’animal, Guo Shijun attacha les bagages sur le dos de l’animal. Il se leva et s’avança sur le chemin. L’animal le suivit.

Tout a une âme, ou comment une personne bienveillante maîtrisa un tigre
À cette époque, les tigres étaient nombreux dans la région. Les gens qui vivaient là ou qui passaient par là devaient être sur leurs gardes. (Image : wikimedia / Internet Archive Book Images, No restrictions)

Le tigre suivit docilement Guo Shijun

Pendant ce temps, les deux domestiques s’étaient enfuis jusqu’au village. Ils racontèrent aux habitants ce qui s’était passé. Tout le monde était choqué et pensait que les voies du Ciel étaient vraiment imprévisibles si une personne bienveillante comme Guo Shijun pouvait être déchiqueté à mort par un tigre. Soudain, ils virent un tigre suivre Guo Shijun et arriver au village. Tous se précipitèrent dans la maison, fermèrent la porte et firent beaucoup de bruit.

Guo Shijun dit : « N’ayez pas peur. Ce tigre n’attaque pas les gens ». Il leur dit d’ouvrir la porte. Bien sûr, l’animal suivit docilement les instructions de Guo Shijun, les oreilles rabattues et la queue tombante. Devant cette scène, la foule devint enjouée. Les gens se précipitèrent pour chercher de la viande afin de nourrir l’animal. L’animal mangea tout, morceau par morceau. La nuit, il dormit dehors.

Lorsque Guo Shijun rentra chez lui, le tigre lui portait les bagages. Lorsque les villageois virent cela, ils furent stupéfaits. Guo Shijun leur raconta exactement ce qui s’était passé. Les gens croyaient que la noble vertu de Guo Shijun avait transformé l’animal. Ils le respectèrent et l’aimèrent davantage. À partir de ce moment-là, les tigres ne firent plus de carnage dans la campagne.

Guo Shijun pria pour faire tomber la pluie

À cette époque, le comté souffrait d’une sécheresse prolongée. Les fonctionnaires construisirent un autel pour prier et envoyèrent des gens au temple du dieu de la ville à plusieurs reprises pour demander de l’aide au dieu de la ville, mais ils n’obtinrent pas de réponse. Un jour enfin, le gouverneur du comté entendit le dieu de la ville lui dire en rêve : « Demain, un vieil homme voyagera vers l’est avec un tigre à l’extérieur de la banlieue nord. Il peut apporter la pluie. Va le chercher ».

Le lendemain, le gouverneur ordonna à ses officiers d’attendre dans la banlieue nord, et ils attendirent effectivement l’arrivée de Guo Shijun. Les officiers savaient que le tigre qui le suivait n’avait jamais fait de mal à personne, et c’est donc sans hésitation qu’ils emmenèrent Guo Shijun chez le gouverneur du comté. Le gouverneur fut impressionné et salua Guo Shijun avec faste, lui demandant de prier pour la pluie en son nom.

Guo Shijun refusa fermement, disant qu’il ne pouvait pas le faire. Cependant, le gouverneur insista sur sa demande et il n’eut d’autre choix que de s’agenouiller devant l’autel tandis que le tigre se penchait dessous. À midi, un nuage noir, long et sinueux, semblable à un dragon, s’éleva brusquement du sud-est, et la pluie ne tarda pas à tomber. Le gouverneur, débordant de joie, invita Guo Shijun à un banquet préparé pour lui dans sa résidence officielle. Guo Shijun refusa fermement et partit avec le tigre.

L’éloge du gouverneur à Guo Shijun et la loyauté du tigre

De retour à son bureau, le gouverneur écrivit quatre grands caractères chinois sur du papier, signifiant « soumettre le dragon et commander au tigre », pour commémorer son exploit. Il ordonna aux officiers d’envoyer le papier et du vin à la maison de Guo Shijun avec un accompagnement de tambours et de trompettes. Cet incident renforça encore la réputation de Guo Shijun.

Tout a une âme, ou comment une personne bienveillante maîtrisa un tigre
L’histoire de Guo Shijun et du tigre témoigne du pouvoir de la vertu et de la loyauté. (Image : wikimedia / Qiu Ying (1495-1552) / Domaine public)

Lorsque Guo Shijun mourut, le tigre ne cessa de rugir autour de son lit. Il ne s’arrêta que lorsqu’il sentit la peur de la famille Guo. Jusqu’au jour de l’enterrement de Guo Shijun, l’animal ne cessa de verser des larmes et resta sous le cercueil jour et nuit. L’animal s’accroupit sur le sol dès que le cercueil fut posé sur la tombe et que le rituel d’enterrement fut achevé. Il poussa un rugissement. Puis il se tua en se frappant la tête sur la pierre tombale.

Les gens pensèrent qu’il s’agissait d’un tigre fidèle et rapportèrent l’incident au gouverneur. Lorsque le gouverneur se rendit sur la tombe de Guo Shijun et vit le cadavre de l’animal avec la tête fracassée, il fut tellement triste et affligé qu’il choisit un endroit à côté de celui de Guo Shijun, enveloppa le corps de l’animal dans un tissu et l’enterra à cet endroit. Il érigea ensuite une pierre tombale pour l’animal et y inscrivit les mots « Tombe du tigre vertueux de l’homme bienveillant Guo », qui existe encore aujourd’hui.

L’histoire de Guo Shijun et du tigre témoigne du pouvoir de la vertu et de la loyauté. Le courage et la compassion de Guo Shijun face au péril et la loyauté de l’animal dans la mort sont à la fois une source d’inspiration et d’humilité. Cette histoire nous révèle que même les créatures les plus féroces peuvent être domptées par le pouvoir de la bienveillance. Elle nous rappelle que même dans les moments les plus sombres, la lumière de la vertu et de la compassion peut briller et offrir l’espoir d’un avenir meilleur.

Rédacteur Albert Thyme

Source : Everything Has a Soul: How Did a Pure and Generous Person Subdue a Tiger?
www.nspirement.com

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