La fête du double neuf, ou fête Chongyang, se déroule habituellement le neuvième jour du neuvième mois du calendrier jaune : soit le 11 octobre du calendrier grégorien pour l'année 2024. Le Yi King, Le Livre des mutations ou Classique des changements, définit le « neuf » comme un nombre yang, donc, le neuvième jour du neuvième mois, lorsque deux neuf sont assemblés, est appelé « Chongyang », c’est-à-dire « Double Yang ». De plus, « Neuf neuf » et « éternellement long » ont la même prononciation en chinois et intègrent la notion de longévité.
La légende de la fête du double neuf ou fête Chongyang
Le roman La suite des histoires fantastiques de la dynastie Qi (續齊諧記;Xu Qi Xie Ji) , de Wu Jun, qui a vécu sous la dynastie Liang (502–557), raconte l’histoire d’un homme nommé Huan Jing, de Runan, dans la province du Henan, sous la dynastie des Han Orientaux. Huan Jing était un admirateur du taoïsme et a suivi le maître taoïste Fei Changfang pendant de nombreuses années pour apprendre le taoïsme.
Un jour, Fei Changfang a dit à Huan Jing : « Le neuvième jour du neuvième mois, il y aura un grand désastre dans ta ville natale, alors retourne chez toi et dis à tous les membres de ta famille de fabriquer un petit sachet et de l’attacher à son bras après l’avoir rempli de brins de cornouiller. Grimpez ensuite au sommet d’une montagne et buvez tous du vin de chrysanthème pour éviter le désastre ».
Huan Jing a fait ce que lui a conseillé Fei Changfang et la famille a gravi la montagne. En rentrant chez eux le soir, ils ont constaté que toutes les volailles et le bétail étaient morts. C’est ainsi que la coutume de porter des cornouillers pour éviter les catastrophes s’est transmise de génération en génération.
Traditions de la fête du double neuf
La coutume de porter du cornouiller
Dans le poème Se souvenir de mes frères à Shandong le neuvième jour du neuvième mois du poète de la dynastie Tang, Wang Wei, il est fait mention du cornouiller : « Je sais que dans mon lointain pays, mes frères ont dû gravir la montagne ; ils portent tous des cornouillers, et je suis le seul à être absent ». Dans l’Antiquité, le cornouiller était porté par tous, à l’occasion de la fête Chongyang : pour éloigner les mauvais esprits. Plus tard, on l’a appelé « fête du cornouiller » qui est devenue le synonyme de la fête Chongyang. Cette tradition a été perdue de nos jours en Chine.
Le cornouiller est un arbre à feuilles caduques de la famille des Hedychium. Il existe trois types de cornouillers que portaient les Chinois anciens, à savoir le cornus mas, le zanthoxylum ailanthoides et le tetradium ruticarpum. Certains sont utilisés comme des herbes chinoises ayant la capacité d’humidifier le foie, d’assécher la rate, de réchauffer le foyer médian (Zhōng Jiāo; 中焦) situé entre le diaphragme et le nombril, d’abaisser le qi, d’éliminer l’humidité et de soulager la dépression, de dissiper les maladies et de tuer les insectes. Le cornouiller sert aussi à fabriquer du vin et possède certaines propriétés médicinales.
Contempler les chrysanthèmes et boire du vin ou du thé de chrysanthème
La fête du chrysanthème tombe en automne, lorsque les chrysanthèmes sont en pleine floraison. Comme la prononciation du double neuf et du vin de chrysanthème est similaire, il est de coutume d’apprécier les chrysanthèmes et de boire du vin de chrysanthème, lors de la fête du chrysanthème.
Selon le Xijing Zaji,ou Miscellanées historiques de la capitale Chang’an (西京雜記), écrit par Liu Xin de la dynastie des Han occidentaux: « lorsque les chrysanthèmes sont en pleine floraison, les tiges et les feuilles sont cueillies (ainsi que les fleurs) et mélangées à du millet pour faire le vin, qui sera prêt le neuvième jour du neuvième mois de l’année suivante. » On dit que boire du vin de chrysanthème peut prévenir le vieillissement et « prolonger la vie ».
C’est pourquoi Guo Yuanzhen, un des premiers ministres très connus de la dynastie Tang, a précisé dans un poème : « Éloigner les mauvais esprits avec le cornouiller et prolonger la vie avec du vin de chrysanthème », et Tao Yuanming, un grand poète de la dynastie Jin (265–420), a également écrit dans un poème sur le neuvième jour du neuvième mois : « Le vin peut dissiper toutes les angoisses, tandis que le chrysanthème peut prévenir le vieillissement ».
Vol de cerf-volant
Dans les temps anciens, on fixait une flûte en bambou à la tête de certains cerfs-volants en papier, et lorsque le vent soufflait, la flûte produisait un son semblable à celui d’une cithare, d’où le nom de cithare au vent, ou feng zheng.
Selon un proverbe chinois : « le neuvième jour du neuvième mois, les cerfs-volants soufflent dans tout le ciel ». Il s’agit d’une description de la façon dont les cerfs-volants volent dans le ciel au moment de Chongyang. La coutume intègre également des notions de prière pour attirer la bonne fortune et repousser la malchance.
La randonnée pédestre
La fête du double neuf est également connue sous le nom de « Fête de l’escalade » : en raison de la coutume de grimper en haut d’une montagne lors de la fête du chrysanthème.
Toujours selon le Xijing Zhuanji ou Miscellanées historiques de la capitale Chang’an (西京雜記), la pratique de l’ascension en haute altitude a commencé sous la dynastie des Han Occidentaux. C’est un bon moment pour faire de la randonnée, car le temps se rafraîchit en cette période de fête. Depuis les temps anciens, les lettrés aimaient se rendre sur les hauteurs le neuvième jour de la fête du chrysanthème, d’où de nombreux poèmes décrivant la beauté des montagnes et des rivières.
Manger un gâteau au chrysanthème
Sous les dynasties Tang et Song, on célébrait cette fête en consommant des gâteaux : tout comme on déguste des gâteaux de lune pendant le festival de la Mi-Automne. Les anciens croyaient que « toutes les choses s’élèvent , aussi le fait de manger des gâteaux ayant la même prononciation que haut, le jour du festival Chongyang, symbolise l’ascension vers les niveaux élevés. »
Les gâteaux Chongyang sont généralement faits de riz glutineux et garnis d’ingrédients de différentes couleurs, souvent au nombre de cinq, et de jujubes. La forme du gâteau varie, certains étant élaborés en neuf couches symbolisant une pagode, et d’autres montrant deux moutons peints sur le dessus, car « mouton » est un homophone de « yang ».
Rédacteur Charlotte Clémence
Collaboration Yi Ming
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