En 2010, le Time Magazine a révélé le top 10 des monuments les plus précaires au monde. Sur la liste qui comprenait le gratte-ciel d’Abu Dhabi et les monastères des météores en Grèce, figurait le « monastère suspendu » en Chine. Chef d’oeuvre architectural du patrimoine chinois, le monastère défiant la gravité, est resté merveilleusement intact pendant plus de 1 500 ans.
Accroché à la falaise du mont Hengshan à Datong dans la province du Shanxi, à 75 mètres au-dessus du sol, un ensemble de bâtiments en bois encastrés dans la paroi rocheuse semble comme suspendu dans le ciel. Entouré de rochers massifs qui surplombent une vue vertigineuse en contrebas, le « monastère suspendu » à Hengshan est l’une des anciennes merveilles de Chine et l’un des hauts lieux touristiques de premier plan.
La légende raconte que pendant la dynastie des Wei du Nord (398 ap. J.-C.), Kou Qian Zhi, célèbre réformateur religieux et tianshi (ou « maître céleste » du taoïsme) a laissé un grand héritage architectural. Il avait aspiré à construire un temple sacré « éloigné des gens ordinaires mais proche des êtres divins ». Kou, un taoïste dévot, a utilisé son influence politique pour éliminer le culte du bouddhisme dans la région et établir à la place, et exclusivement, le taoïsme. Sous sa direction, une période prolongée de violentes luttes politiques entre les adeptes du taoïsme et du confucianisme s’en est suivie, pour déterminer quelle religion deviendrait la religion officielle de l’État du pays. Ce n’est qu’à la fin de la dynastie des Wei du Nord, sous le règne de l’empereur Xiaowen, que le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme ont commencé à coexister harmonieusement. Vers 491 ap. J.-C., un groupe de disciples de Kou Qian Zhi a levé des fonds et soigneusement choisi un site pour construire un temple à 3 étages, connu aujourd’hui sous le nom de « Temple suspendu ».
Le temple en équilibre sur la falaise du mont Hengshan à Datong dans la province du Shanxi, à 75 mètres au-dessus du sol. (Image : Zhangzhugang / wikimedia / CC BY-SA 3.0)
Le Monastère suspendu est le seul bâtiment restant en Chine qui abrite le culte combiné du bouddhisme, du taoïsme et du confucianisme. À son plus haut sommet se trouve le hall principal, le « Temple Sanjiao », avec une statue de Bouddha Sakyamuni au centre, Confucius à gauche et un souverain taoïste à droite. De nombreuses statues édifiées à partir de matériaux variés peuvent être trouvées dans le monastère, marquants les différents règnes des dynasties chinoises qui ont autrefois occupé le temple.
La forme structurelle unique du monastère a été construite à l’aide de 27 remarquables piliers en bois de pruche, fixés dans des trous à flanc de falaise, tandis que le support principal est fixé profondément dans le substrat rocheux. L’ensemble des bâtiments comprend 40 pavillons, reliés entre eux par un dédale de passages et de piliers. L’altitude vertigineuse de ce site religieux et sa conception architecturale ingénieuse ont fait du temple suspendu un lieu touristique populaire.
L’une des plus grandes prouesses concernant le Monastère est son état incroyablement bien préservé au cours des siècles, révélant la pure ingéniosité des constructeurs. Non seulement l’emplacement a été choisi pour son isolement et sa sérénité, mais le promontoire rocheux sur lequel le temple est intégré a également fourni aux bâtiments une protection naturelle contre le soleil, les vents, la pluie et la neige. La hauteur élevée était également efficace pour minimiser les dommages causés par les inondations.
À son plus haut sommet se trouve le hall principal, le « Temple Sanjiao », avec une statue de Bouddha Sakyamuni au centre, Confucius à gauche et un souverain taoïste à droite. (Image : Doron / wikimedia / CC BY-SA 3.0)
Il existe des témoignages écrits de nombreuses personnes célèbres de l’histoire, qui se sont rendues au temple. Pendant la dynastie Tang, le grand poète Li Bai l’a décrit comme « spectaculaire », tandis que Xu Xia Ke, un célèbre géographe de la dynastie Ming, a parlé de « la vue grandiose sur le monde ». Plus de 1 500 ans se sont écoulés et bien que le temple suspendu surplombe aujourd’hui une Chine très différente de la Chine antique, il demeure un symbole profondément gravé au cœur du remarquable patrimoine culturel de la Chine.
Rédacteur Alex André
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