Le calendrier lunaire chinois considère que les jours les plus chauds tombent sur la période de canicule. Il existait de nombreuses coutumes populaires dans le vieux Pékin le sixième jour du sixième mois lunaire, telles qu’exposer des objets ou des soutras au soleil pour chasser l’humidité, admirer des fleurs de lotus, observer les rizières qui fleurissent et assister au lavage des éléphants du palais.
Le sixième jour du sixième mois lunaire, le jour du nettoyage et du séchage au soleil
La période de canicule ou les jours de San Fu (三伏) est la plus chaude de l’année selon le calendrier traditionnel chinois. Le terme « Fu » signifie que l’énergie Yin, réprimée par l’énergie Yang, se cache sous terre.
Il s’agit d’une période estivale de 30 ou 40 jours qui tombe entre le 10 juillet et le 18 août du calendrier grégorien, divisée en trois. Cette année, les jours de San Fu commencent le 3 juillet et se terminent le 11 août.
Dans l’ancien Pékin, après le solstice d’été, la température augmente, parfois jusqu’à environ 40 degrés Celsius. C’est aussi la période de la saison des pluies, où le climat est humide et où tout est susceptible de moisir et pourrir. Par conséquent, le sixième jour du sixième mois du calendrier lunaire, de nombreuses familles, des villes aux campagnes, avaient pour coutume de laver et de sécher leurs affaires au soleil. Ce jour est souvent appelé « le jour du nettoyage et du séchage ».
À cette époque, privés de bain à la maison, les gens étaient tout de même très soucieux de la propreté et avaient l’habitude de se baigner ou de se doucher à chaque fête ou festival. Les croyants bouddhistes, en particulier, se douchaient et brûlaient de l’encens afin de vénérer le Bouddha avec un corps propre en signe de dévotion.
Si la journée était ensoleillée, la coutume voulait que le palais et le peuple fassent sécher leurs affaires. Tous les véhicules de l’empereur étaient exposés au soleil. Les archives impériales, les archives du palais, la collection littéraire impériale, etc. étaient également placées dans la cour pour sécher à l’air libre.
Les temples à Pékin, grands et petits, organisaient ce jour-là des « séances de séchage des soutras » qu’ils avaient stockés, afin d’éviter que les soutras ne soient abîmés par l’humidité ou rongés par les insectes ou les rats.
En dehors du palais, les magasins de vêtements, les magasins de cuir, les magasins de livres d’occasion, les magasins de peinture, les pharmacies et toutes sortes de magasins, tous faisaient sécher leurs marchandises. Les habitants des villes et des campagnes mettaient également sécher leurs vêtements et leur literie au soleil.
La coutume d’élever des éléphants dans le palais impérial sous les dynasties Ming et Qing
Selon les archives, les éléphants étaient régulièrement offerts à la Chine par les pays d’Asie du Sud depuis la dynastie Han (206–220 av. J.-C.). À cette époque, les éléphants avaient autant de valeur en Chine que les pandas aujourd’hui, et étaient considérés comme un trésor national et un « signe de paix ». Chaque éléphant recevait un joli nom.
Il y a plus de 1 200 ans, après la construction de la capitale de la dynastie Yuan (1368–1388/1635) par Kublai, le Siam, le Shan, l’Annam, le Koryo et Java, qui étaient alors des dépendances, ont apporté des cadeaux précieux à la capitale chinoise. Parmi eux, le Siam, le Shan et l’Annam apportaient des éléphants chaque année. Dans la chaleur de la journée, les éléphants se baignaient et jouaient dans les douves près de la capitale des Yuan, attirant le regard des habitants de la capitale.
Les empereurs des dynasties Ming (1368–1644) et Qing (1644–1912) organisaient un immense cortège cérémoniel composé de carrosses, de chevaux, d’éléphants, de tambours, de musique, de banderoles et de parapluies pour montrer leur majesté lors de leurs réunions, rituels ou voyages impériaux. Pour chaque grande fête, les éléphants étaient un élément indispensable.
Les empereurs avaient également créé une maison spéciale pour les éléphants et un centre de dressage des éléphants. Lorsque les éléphants entraient dans la capitale, ils avaient été soigneusement apprivoisés dans la maison des éléphants et formés aux rituels de l’équitation et du tir. Les empereurs recrutaient des esclaves et des dresseurs d’éléphants en Birmanie pour élever et dresser ces éléphants.
Sous le règne de l’empereur Qianlong, il y avait jusqu’à trente éléphants et jusqu’à cent esclaves et dresseurs d’éléphants. Les maisons des éléphants étaient situées près du mur d’enceinte de la ville, du côté ouest de la Porte Xuanwu, qui porte toujours le nom de la rue des éléphants (象來街).
Observer le lavage des éléphants, une coutume populaire traditionnelle dans le vieux Pékin
Sous les dynasties Yuan, Ming et Qing, le sixième jour du sixième mois du calendrier lunaire était le « jour officiel du lavage des éléphants ». Le gouvernement faisait emmener les dizaines d’éléphants de la maison des éléphants dans les douves à l’extérieur de la Porte Xuanwu pour qu’ils prennent un bain.
La maison des éléphants devait informer à l’avance le département qui gérait les douves pour ouvrir les vannes et libérer l’eau. L’organe supérieur de la maison des éléphants, le Luan Yi Wei, autorité chargée du carrosse et des cérémonies de l’empereur et de l’impératrice pendant la dynastie Qing, envoyait également des commandants de drapeaux et de tambours pour organiser une grande cérémonie de lavage des éléphants.
Les Pékinois avaient pris l’habitude de se rendre près des douves pour regarder les éléphants prendre un bain ce jour-là. Ils se pressaient par milliers pour y assister, et les lettrés improvisaient des poèmes, ce qui en faisait autrefois un spectacle estival dans la capitale.
Les salons de thé et les bars à l’extérieur de la Porte Xuanwu débordaient de gens riches qui réservaient bien à l’avance toutes les places face aux douves. Tian Wen, ministre et poète du début de la dynastie Qing, a écrit dans un poème intitulé Le bain des éléphants : « Prévenus du bain des éléphants par les commandants de drapeaux et de tambours, les spectateurs entouraient les douves comme un mur. »
Dès que les enfants rentraient à la maison, ils attrapaient aussi leurs propres chatons et chiens pour leur donner un bain.
Rédacteur Yi Ming
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