Durant les cinquante dernières années, l’émancipation de la femme a fait un grand bond en avant. Cependant, pour beaucoup de femmes, la vie n’est pas meilleure. Plus de travail, plus de responsabilité, le coût d’une liberté relative est élevé. La position de la femme dans la culture traditionnelle chinoise peut sembler archaïque et machiste mais en regardant de plus près, il y a des aspects très intéressants qui sont à mettre en avant.
Nature, éducation ou position de la femme
Est-ce par nature, par éducation ou par sa position de mère qu’en général, la femme est plus encline à développer des valeurs d’empathie, de compassion. Sa sensibilité est plus émotive que celle des hommes. Elle a la capacité d’apaiser, de réconforter. Elle sait comment gérer son partenaire sans l’affronter pour autant qu’elle le veuille bien. Elle se dévoue à sa famille, c’est souvent elle qui s’occupe des parents âgés, des malades et des enfants. Ce n’est pas que les hommes ne le fassent pas mais, toujours dans la généralité, ils sont moins prévenants car ils appréhendent mal les besoins spécifiques à ces périodes de la vie et se sentent démunis.
Actuellement, les machines et les outils perfectionnés permettent aux femmes d’exercer des métiers demandant de la force. La vie est plus sécurisée et les femmes peuvent sortir en ayant peu de risque de se faire agresser, du moins physiquement. Par le passé, ce n’était pas le cas. C’est pourquoi, les cultures traditionnelles, un peu partout dans le monde, confinaient la femme à la maison et l’homme travaillait à l’extérieur pour subvenir aux besoins des siens.
Si les hommes et les femmes sont égaux en droits, leurs rôles, par leur nature physique et émotionnelle, sont différents. D’ailleurs, si en théorie, les êtres humains sont tous égaux, force est de constater que ce n’est pas le cas. Quelles que soient les lois, rien n’y change. La culture traditionnelle chinoise était spirituelle et croyait à la réincarnation ainsi qu’à la rétribution de ses actes et paroles, que ce soit dans cette vie ou dans une autre. En ces temps-là, hommes et femmes avaient, pour la grande majorité, de hautes valeurs et traitaient correctement tous ceux qu’ils côtoyaient.
Les histoires inspirantes de la Chine ancienne
Plusieurs histoires racontent comment les hommes cherchent la force et le pouvoir alors que les femmes cherchent la beauté et l’amour. Chacun a besoin de l’autre. L’homme a besoin de la femme non seulement pour partager sa couche et assurer sa descendance mais aussi parce qu’elle apporte de la beauté à sa vie. La beauté est supérieure à la force en ce sens qu’elle peut influencer la réaction par sa propre nature interne, alors que la force est trop souvent un élément de coercition.
Quand on parle de beauté, il faut la voir sous tous ses aspects, la beauté de l’âme, la douceur, la compassion, la générosité, l’humilité, le dévouement qui étaient les qualités enseignées aux jeunes filles. Dans les livres d’histoire de la Chine antique, plusieurs cas sont relatés comme la légende de Wang Baochuan de la dynastie Tang.
Cette dernière était fille d’une riche famille et avait toutes les qualités. Elle choisit un mari ayant un caractère particulièrement noble mais qui était pauvre. Son père l’a répudiée et elle est partie vivre dans une caverne avec son époux. Elle lui vouait un amour inconditionnel et l’a encouragé à passer l’examen impérial. Il a réussi et est devenu un célèbre général. Durant dix-huit ans, Baochuan lui est restée fidèle dans sa caverne. Malgré les difficultés, elle n’a jamais perdu sa confiance qui a été récompensée quand son mari est revenu auprès d’elle, couvert de gloire. Ils finirent leur vie ensemble dans l’amour et le respect.
D’autres femmes ont vu leur époux tenter de les abandonner et certaines ont su toucher leur cœur grâce à leur poésie. C’est l’exemple de Zhuo Wenjun, fille d’un magnat. Elle tombe amoureuse de l’érudit Sima Xiangru et s’enfuit de la maison avec lui. L’empereur Wu de la dynastie Han remarque Sima et le fait venir à la cour. Quelques années plus tard, Sima écrit à Zhuo Wenjun, lui laissant entendre qu’il allait la quitter. Elle lui répond par un poème (un poème pour les couples qui s’aiment jusqu’à ce qu’ils aient les cheveux gris) qui a profondément ému Sima. Il a eu honte de ses projets et est revenu vivre avec elle et ce, jusqu’à leur mort.
L’histoire de Su Hui est intéressante. Elle refuse de partir avec son époux, Dou Tao, car celui-ci emmène également sa concubine. Se retrouvant seule, elle lui écrit un poème palindromique de huit cent quarante caractères qui contient deux cents petits poèmes et le brode avec du fil de soie de cinq couleurs puis l’envoie à son mari. Quand Dou Tao reçoit ce poème, il est profondément touché par les sentiments qui y sont exprimés. Il renvoie sa concubine et fait venir son épouse.
Su Hui, comme Zhuo Wenjun sont encore célèbres de nos jours et leurs poèmes sont toujours étudiés dans les écoles chinoises. Les femmes de la Chine ancienne recevaient une formation stricte, elles savaient lire et écrire, jouer de la musique, apprenaient la broderie mais aussi tous les travaux nécessaires à une maîtresse de maison.
Des histoires de femmes laides d’apparence montrent que la beauté intérieure et l’intelligence représentaient plus qu’une belle façade. Par exemple, il se dit que Zhong Lichun était la femme la plus laide de la période des Royaumes Combattants. Cependant, par ses capacités et sa sagesse, elle a épousé l’empereur. Par la suite, il a écouté Lichun et a corrigé ses erreurs pour le plus grand bien du pays.
Zhuge Liang était un homme à la belle carrure. C’était un fin stratège militaire. Il a épousé Huang Yueying. Elle était laide et les gens se demandaient pourquoi épouser cette femme si laide ? Liang avait remarqué les compétences exceptionnelles de Yueying. Elle était ingénieuse et créative. Elle avait un réel talent pour la mécanisation. Elle était vraiment très talentueuse et extraordinaire. Une fois mariée, Yueying s’est occupée seule des tâches ménagères, y compris la meunerie et l’agriculture. Elle était polie, et aimable avec les autres. Liang lui faisait entièrement confiance, et pouvait se consacrer aux affaires de l’État. Au fil du temps, tout le monde a reconnu son excellence.
Si la femme occupait généralement le rôle principal de la maison, certaines partaient dans des monastères et d’autres ont connu un destin hors du commun. C’est le cas de la servante de la princesse Jieyou de la dynastie Han qui devient la première femme diplomate chinoise. Feng Liao était intelligente et désireuse d’apprendre. Elle a étudié avec passion la politique de la Cour des Han, ainsi que celle des peuples des régions occidentales. En quelques années, elle maîtrisait leur langue et leurs coutumes traditionnelles et agissait souvent en tant qu’envoyée de la princesse. Elle a permis d’éviter la guerre à plusieurs reprises.
Sous la dynastie Song, la tradition culinaire atteignit un niveau de raffinement extrêmement élevé et des femmes chefs aux compétences exceptionnelles ont servi, tout au long de l’histoire, les plus riches et les plus puissants de l’Empire.
Le principe du yin et du yang
La culture chinoise traditionnelle considérait la relation entre les hommes et les femmes selon le principe du yin et du yang, la masculinité incarne la force yang, qui est tempérée et équilibrée par la nature yin de la féminité. Sans une importance égale entre ces forces opposées, l’harmonie serait perdue. Par conséquent, les femmes ne cherchaient généralement pas à rivaliser avec les hommes dans la vie publique ou au travail, les normes traditionnelles chinoises en matière de genre considéraient les femmes comme complémentaires et non inférieures aux hommes. Lorsque les hommes sont droits et nobles et que les femmes sont humbles et tolérantes, la famille sera naturellement harmonieuse. Une société qui fonctionne selon ce principe respecte et valorise les femmes.
Les qualités des femmes sont uniques, différentes de celles des hommes. Mais ces vertus se complètent comme le ciel et la terre pour permettre l’épanouissement d’une vie à deux. Lorsque les rôles sont définis, l’ordre est établi et il n’y a plus de chaos dans la société. Les anciennes femmes chinoises, éduquées selon les traditions et coutumes antiques classiques, étaient dévouées, s’occupant de leur famille et de la gestion du foyer. Lorsque les hommes allaient travailler, elles maintenaient l’harmonie et l’ordre à la maison, et se dédiaient à l’éducation de leurs enfants. Les familles de l’époque regroupaient plusieurs générations. La piété filiale confucéenne donnait une place à chacun et chacun la respectait avec bienveillance. De nos jours, la bienveillance dont parlait Confucius est oubliée. Elle est pourtant primordiale pour maintenir cet équilibre.
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