Le dragon lève la tête ce jour-là, offrant des bénédictions pour une année de beau temps et de pluie
Les festivals en Chine revêtent un caractère sacré. Ils ont une longue histoire et de riches connotations. La Chine ancienne était dominée par l’agriculture, et le dragon était considéré comme la divinité chargée de la pluie, un facteur important dans l’agriculture ancienne. Ainsi, le deuxième jour du deuxième mois du calendrier lunaire, qui correspond à la période où les précipitations augmentent, est devenu un festival traditionnel important pour le peuple chinois, également connu sous le nom de « Festival du dragon du printemps », ou « Dragon levant la tête (Longtaitou, 龍抬頭). »
L’héritage culturel transmis depuis l’origine du festival de Longtaitou est également très riche. La compassion du Roi Dragon pour les êtres humains, l’humilité de l’empereur qui laboure lui-même les champs pour exprimer son attention au peuple et la reconnaissance des gens du commun sont des éléments indispensables de ce festival traditionnel. Ce jour-là, les gens prient pour la bénédiction du Roi Dragon (le dragon chinois est responsable de la pluie dans le folklore chinois) à travers divers rituels ou activités commémoratives, pour que l’année soit bénie, avec du beau temps et de bonnes récoltes.
Le Festival de Zhonghe (中和節), qui célèbre l’anniversaire du Dieu solaire du taoïsme a aussi lieu à cette période (le premier jour du deuxième mois lunaire). Il est combiné avec la Fête de Longtaitou en raison de sa proximité temporelle. Les Chinois organisaient des activités afin d’exprimer le respect au ciel et à la terre et pour prier pour une bonne récolte.
L’histoire du « Dragon levant la tête »
Le 2ème jour du 2ème mois lunaire dans le calendrier chinois, ne se réfère pas à une saison ou à une période liée à l’agriculture, mais au diction : Le 2ème jour du 2ème mois lunaire, le dragon lève la tête, qui provient d’une légende du nord de la Chine.
Le dragon était considéré comme la divinité chargée de la pluie. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)
Selon l’histoire, pendant la dynastie Tang (唐, 618-907), l’impératrice Wu Zetian (武則天) a provoqué la colère de l’Empereur de Jade au Ciel en devenant la première femme empereur de l’histoire de la Chine. L’Empereur de Jade a donné l’ordre aux Rois Dragons des quatre mers de ne pas envoyer de pluie sur terre pendant trois ans. Peu après, le Roi Dragon en charge du Fleuve Céleste (天河, Voie lactée), a entendu les cris et les pleurs des hommes et a vu les scènes tragiques des gens affamés, terrorisés par la crainte que les êtres humains meurent en raison du manque de pluie. Il a donc désobéi au décret de l’Empereur de Jade et a envoyé une fois la pluie sur la terre.
Lorsque l’Empereur de Jade l’a appris, pour punir le Roi Dragon, il l’a envoyé sur terre au pied d’une grande montagne sur laquelle un monument est érigé : « Le Roi Dragon qui envoie la pluie a enfreint les règles du ciel, il doit subir mille ans de souffrance sur terre pour rembourser ses péchés. S’il veut rejoindre le palais céleste, il devra attendre la floraison des haricots dorés ».
Afin de sauver le Roi Dragon, les gens ont cherché partout des haricots dorés en fleur. Au deuxième jour du deuxième mois lunaire de l’année suivante, alors que les gens mettaient des graines de maïs à sécher au soleil, ils ont soudainement trouvé que les grains de maïs ressemblaient à des haricots dorés. S’ils faisaient frire le maïs, ne serait-ce pas comme des fleurs de haricots dorés ? Les gens ont donc fait éclater les grains de maïs en popcorns, puis ils ont installé un encensoir dans la cour et brûlé de l’encens, pour vénérer le Roi Dragon avec les fleurs des « haricots dorés ».
Les familles prient pour le retour du Roi Dragon. (Image : Musée
Nationale du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)
Le Roi Dragon a levé la tête et a su que le peuple voulait le sauver, alors il a crié à l’Empereur de Jade : « Les haricots dorés sont en train de fleurir, laissez-moi sortir ! ». L’empereur de Jade a vu que les haricots dorés fleurissaient dans toutes les maisons sur terre, il a donc autorisé le Roi Dragon à retourner au Ciel et à continuer à déplacer les nuages et à répandre la pluie sur terre. Depuis lors, les gens ont pris l’habitude, chaque année au deuxième jour du deuxième mois lunaire, de manger des popcorns.
Cette histoire a probablement été inventée plus tard, car selon les archives officielles, le maïs n’a été introduit en Chine qu’au XVIe siècle, et la première trace de cette introduction se trouve dans le Gongxian Zhi (La Chorographie du comté Gongxian, 鞏縣志), écrit au cours de la 34ème année de l’empereur Jiajing (嘉靖) de la dynastie Ming (明, 1368-1644).
Historiquement, le festival du deuxième jour du deuxième mois lunaire, ou « jour où le dragon lève la tête », a officiellement commencé sous la dynastie des Yuan ou dynastie mongole (元, 1279-1368), comme le rapporte le DijinZhi (La Chorographie de Pékin, 析津志) : « Le deuxième jour du deuxième mois est connu comme le jour où le dragon lève la tête. » Sous les dynasties Ming et Qing, le festival a commencé à prospérer. Sous la dynastie Qing, la Chronique des temps d’une année de la capitale impériale (帝京歲時紀勝) de Pan Rongbi (潘榮陛) a enregistré que :
Ce jour-là, les villageois semaient de la cendre de l’extérieur de la porte jusqu’à la cuisine de la maison, en faisant le tour du réservoir d’eau. Cette coutume était appelée « faire revenir le dragon ». Les habitants de la ville faisaient frire de la pate au millet, des gâteaux aux dattes et du blé pour se nourrir. Cette coutume est appelée « étouffer des insectes ».
L’empereur laboure les champs pour encourager le peuple
Selon la légende, le deuxième jour de février lunaire correspond également à l’anniversaire de l’empereur Xuanyuan Huangdi (軒轅黃帝). C’est aussi le jour où le Roi Dragon, chargé de faire pleuvoir, lève la tête. Cela signifie qu’après ce jour, la pluie va progressivement augmenter, et donc favoriser l’agriculture. L’empereur organisait chaque année une cérémonie en ce jour, pour encourager le peuple à développer l’agriculture. L’empereur lui-même a personnellement fait la démonstration de labourer les champs pour encourager le peuple.
L’empereur Yongzheng de la dynastie Qing laboure les champs pour encourager le peuple. (Image : wikimedia / Domaine public)
Les Mémoires historiques (史记) rapportent qu’à l’époque du roi Wu de la dynastie des Zhou, la cour organisait chaque année une grande cérémonie le deuxième jour du deuxième mois lunaire, au cours de laquelle tous les fonctionnaires civils et militaires devaient descendre dans les champs pour y labourer et prier le Ciel pour que le vent et la pluie soient favorables. C’était non seulement l’occasion pour l’empereur de montrer l’exemple à tout le peuple, mais aussi un rappel constant pour l’empereur que l’agriculture était le fondement de la société et que le peuple était la raison d’être de la société.
Plus tard, pendant la période Yongzheng (雍正) de la dynastie Qing, l’Empereur Yongzheng a créé le « jardin d’un mu (une mesure d’environ 1/15 d’hectare ou 666,67 m2 ) », un champ que l’empereur devait cultiver personnellement. Chaque année, le deuxième jour de février au printemps, Yongzheng se rendait dans ce jardin d’un mu pour labourer. Pendant les autres jours de l’année, il laissait naturellement d’autres personnes s’occuper des travaux agricoles dans ce jardin. Malheureusement, au cours des années Jiaqing (嘉慶) et Daoguang (道光), cette cérémonie a progressivement été abolie.
Le Festival de Zhonghe
La Festival de Zhonghe (中和節) est une fête traditionnelle d’origine chinoise. Elle est censée correspondre à l’anniversaire du Dieu solaire du taoïsme (太陽真君) qui a lieu le premier jour du deuxième mois lunaire. Plus tard, en raison de la proximité de ce jour avec le Nouvel An chinois et le Festival de Longtaitou, certaines coutumes du Festival de Zhonghe ont été combinées avec ces deux autres fêtes.
Festival de Zhonghe. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)
Le Festival de Zhonghe a été instauré suite à un édit impérial de l’empereur Dezong (德宗) sous la dynastie Tang. Ce jour-là, les gens préparaient de délicieux mets, en petites proportions et achetaient des fruits de saison, appelés « fruits de prospérité et de bénédiction », que les familles dégustaient avec plaisir. Les festivités se poursuivaient souvent jusqu’au lendemain. Pendant la dynastie Song, le deuxième jour du deuxième mois lunaire, le palais impérial ordonnait que des légumes et des fruits frais de saison soient apportés au palais pour que les nobles puissent y goûter. Zhou Mi (周密), de la dynastie Song, raconte dans ses Mémoires de la Ville de Wulin (武林舊事), que pendant la dynastie des Song du Sud, il existait un jeu intitulé « soulever des légumes » au palais ce jour-là. Lors du banquet, des légumes frais étaient placés dans de petites boîtes et leurs noms étaient écrits sur de la soie et cachés sous les boîtes pour que chacun puisse les deviner. Selon le résultat des devinettes, il y avait des récompenses ou des pénalités. Cette activité était si divertissante qu’elle était souvent pratiquée par le palais impérial et la noblesse.
Rédacteur Jessica Wang
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