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Tradition. Fête de Qing Ming : la Toussaint chinoise

CHINE ANCIENNE > Tradition

 

Le Jour de Qing Ming (清明节) fait partie de l’une des vingt-quatre périodes solaires chinoises, c’est aussi une journée importante qui a vu le jour sous la dynastie Zhou et remonte à 2500 ans environ. Selon le calendrier chinois traditionnel, le quinzième jour après l’équinoxe de printemps, le climat devient propre et clair, d’où le nom de Qing Ming (pureté et clarté). Cette fête tombe le jour où le soleil arrive à la longitude céleste de 15 °, soit le 4 ou 5 avril de chaque année.

Les coutumes liées à la journée de Qing Ming sont riches et diverses. Elles incluent la visite des tombes et les offrandes de sacrifices aux ancêtres - une coutume ancestrale datant de la dynastie Zhou. La journée de Qing Ming a combiné les coutumes de deux fêtes : Hanshi Jie et Shangsi Jie. Lors de cette journée, il est interdit d’allumer du feu ou de manger de la nourriture chaude selon la tradition de Hanshi Jie, mais les gens sortent selon la tradition de Shangsi Jie pour pratiquer des activités et loisirs de plein air tels que se balader hors de chez soi, faire de la balançoire, jouer au Cuju (football), planter des saules, faire du cerf-volant. C’est donc une journée à la fois triste pour ceux qui visitent les tombes familiales pour rendre hommage à leur défunts, mais aussi remplie de joie pour ceux et celles qui célèbrent au grand air l’arrivée du printemps.

Rendre hommage aux ancêtres

La visite des tombes est la coutume la plus importante de Qing Ming. A travers cette coutume, les Chinois expriment leur tristesse, gratitude et piété filiale à leurs ancêtres. C’est aussi le rituel numéro un – Ji- parmi les cinq rituels définis sous la Dynastie Zhou : Ji, Jia, Bin, Jun, Xiong, c’est-à-dire les rituels auspicieux, les rituels de mariage, les rituels pour les invitations, les rituels militaires et les rituels de funérailles.

Journée sans feu - Hanshi Jie

La journée sans feu, connue plus tard sous le nom de la journée de la nourriture froide, a pour objectif de rendre hommage à Jie Zi Tui, un homme vertueux très connu pendant la période des printemps et automnes. Selon les archives, Jie Zi Tui aurait suivi le prince Chong Er - le future roi Jin Wen Gong - pour se réfugier dans d’autres pays et il aurait sacrifié un morceau de sa propre chair pour nourrir Chong Er. alors à l’agonie, qui le remercia et promit de le récompenser. Plus tard, Chong Er rentra au pays Jin et devint le roi, mais il oublia de remercier Jie Zi Tui. Ce dernier ne réclama pas de récompense de la part du roi, au contraire, il se retira pour vivre dans les montagnes de Mianshan avec sa mère.

Boulettes de riz farcies à la pâte de haricots rouges pour le jour de Qingming (Image : Capture d’écran / YouTube)
Boulettes de riz farcies à la pâte de haricots rouges pour le jour de Qingming. (Image : Capture d’écran / YouTube)

Plus tard, Jin Wengong se rendit en personne à Mianshan pour inviter Jie Zi Tui à l’aider à gouverner le pays. Jie Zi Tui, qui ne voulait pas faire de la politique se cacha dans la montagne. Wen Gong demanda de brûler la montage en pensant que Jie Zi Tui allait en sortir. Mais Jie Zi Tui préféra mourir dans le feu avec sa mère. Pour rendre hommage à cet homme de droiture, Wen Gong ordonna à tout le pays de ne pas allumer de feu et de ne pas manger de nourriture chaude lors de l’anniversaire de la mort de Jie Zi Tui, c’est-à-dire la veille de Qing Ming. Cette ordonnance royale a donné naissance à la « journée de la nourriture froide » et manger de la nourriture froide est ainsi devenu l’une des anciennes coutumes de la journée de Qing Ming.

En revanche, et selon les recherches, la journée sans feu serait due à une autre raison. Dans l’antiquité, pour cuisiner, chaque foyer chinois devait y brûler du bois adapté à la saison : au printemps, l’orme et le saule ; en été, le jujubier et l’abricotier ; à la fin de l’été, le mûrier ; en automne, le teck ; en hiver, l’acacia et le bois de santal. Pour célébrer le culte du feu, auquel les anciens attachaient une grande importance, on a instauré une journée sans feu afin de ne pas mélanger les bûches de la saison passée et celles de la nouvelle saison. Plus tard, pour faciliter la vie, cette journée est devenue annuelle qui tombe aux alentours de la journée de Qing Ming.

Au bord de l’eau

La fête de Shangsi se situe le troisième jour du troisième mois lunaire. Dans la Chine antique, cette fête était consacrée à un autre rituel important de « Purification ». Les gens se rassemblaient au bord d’une rivière, et purifiaient leur corps avec des herbes médicinales trempées dans l’eau tout en priant les Divinités pour l’élimination des maladies et des calamités. Sous la dynastie Zhou, le roi a invité ses ministres le 3ème mois lunaire, à Luo Yang, sa capitale nouvellement construite, à laisser flotter sur la rivière Luo des timbales remplies d’alcool, comme offrandes aux Divinités, en témoignage de leur respect et de leur vertu. Plus tard, les érudits chinois en ont fait un jeu intellectuel.

Des gobelets flottent sur un ruisseau (Image : Dynastie Qing / Domaine public)
Des gobelets flottent sur un ruisseau (Image : Dynastie Qing / Domaine public)

Durant la fête de Shangsi de la neuvième année de Yonghe (353), Wang Xizhi, le « Sage de la calligraphie », a rassemblé 41 célébrités, dont Xie An, Sun Chiao et Zhisun, pour effectuer le rituel de purification au bord de l’eau à Lanting (Zhejiang) à l’Est de la Chine. Cette activité a rassemblé presque toutes les célébrités de la dynastie des Jin orientaux. Ils buvaient de l’alcool, écrivaient des poèmes et parlaient du Tao. Les timbales remplies d’alcool flottaient sur l’eau du ruisseau dans le jardin de Wang. Dès qu’une timbale arrivait devant un invité, celui-ci devait la rattraper et improviser un poème. Tous ceux qui n’arrivaient pas à improviser un poème étaient condamnés à boire trois timbales d’alcool.

Sous l’effet de l’alcool, Wang Xizhi improvisa une œuvre calligraphique, devenue très célèbre dans l’histoire de la Chine pour ses six poèmes, intitulée : Préface au recueil du Pavillon des Orchidées.

Lan Ting Ji Xu, de Wang Xi Zhi. (Image : wikimedia / Feng Chengsu (馮承素), original by Wang Xizhi (王羲之) / Domaine Public)
Lan Ting Ji Xu, de Wang Xi Zhi. (Image : wikimedia / Feng Chengsu, original by Wang Xizhi / Domaine Public)

Dans cette oeuvre, Wang Xizhi écrit : en regardant vers le haut la grandeur de l’univers, en regardant vers le bas la floraison de toutes choses. Dans ce monde, la vie humaine est courte, et les affinités entre chacun ne durent pas longtemps. Cette œuvre suggère que si une personne peut obtenir le Tao durant sa courte vie, sa vie deviendra éternelle.

 
 

Activités en plein air

Durant les dynasties Qin et Han, la fête Shangsi est devenue très populaire auprès de toutes les classes de la population. Pendant la dynastie Qin, les activités comprenaient la balançoire, le cerf-volant et la purification au bord de la rivière. Dans la Chine ancienne, cette fête était également l’équivalent de la Saint-Valentin. Ce jour-là, les jeunes étaient autorisés à se rencontrer et à chanter et s’amuser ensemble. Cette fête tire son origine d’une ancienne tradition célébrant la déesse de l’union et de la procréation.

La journée de Qing Ming, qui combine la journée sans feu et la fête de Shangsi, est enfin devenue un rite traditionnel sous les dynasties Song et Yuan incluant notamment la visite des tombes, et les autres activités de ces deux fêtes.

Avec la collaboration de Caroline Daix

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