Le septième jour du septième mois lunaire a lieu la traditionnelle « Saint-Valentin chinoise », le jour où le vacher et la jeune tisserande céleste se rencontrent, une fois par an, selon une ancienne légende chinoise. Toutefois, dans la Chine ancienne, cette tradition n’avait pas grand-chose à voir avec l’amour. Elle était plutôt axée sur les femmes, ce qui en faisait plutôt une fête des filles.
La fête de Qixi trouve son origine dans les coutumes saisonnières et les observations astronomiques de la Chine ancienne
En Chine, la fête de Qixi a débuté dans l’Antiquité, est devenue populaire sous la dynastie des Han de l’Ouest et s’est épanouie sous la dynastie des Song. Selon la légende, un vacher rencontra une fée céleste qui se baignait dans le lac, il vola ses vêtements de sorte qu’elle ne put retourner au ciel et dut se marier avec le jeune vacher.
Cette fée était la septième fille de la reine mère et elle était très douée pour le tissage. Lorsque la reine mère apprit que sa fille avait épousé un mortel, furieuse, elle ordonna que sa fille soit reconduite au Ciel avant de dessiner une rivière argentée (voie lactée) dans le ciel à l’aide de son épingle à cheveux en or, empêchant ainsi la rencontre entre les deux époux. Le vacher et la jeune tisserande se regardaient jour et nuit de part et d’autre de la voie lactée, si bien que l’empereur de Jade, le père de la tisserande, fut ému et ordonna aux pies de former un pont de pie le septième jour du septième mois lunaire de chaque année, afin que le jeune couple et leurs enfants puissent se retrouver une fois par an. Cette légende témoigne de la fidélité du couple depuis la Chine ancienne.
Cependant, bien que cette légende soit célèbre et touchante, dans les sociétés anciennes, cette fête n’était pas vraiment liée à une histoire d’amour. Il s’agissait plutôt d’une fête féminine au cours de laquelle les femmes vénéraient la jeune fée tisserande, qui était la sainte patronne de la couture, et lui réclamaient des mains habiles. En Chine ancienne, les aînées conseillaient toujours les jeunes filles sur la nécessité d’avoir les mains habiles comme la tisserande, afin de pouvoir bien habiller leurs familles après le mariage. Les jeunes filles ainsi que les femmes mariées vénéraient ainsi la fée tisserande avec une attention particulière.
Selon certains livres anciens, dans la Chine ancienne, les femmes pouvaient également supplier pour gagner en dextérité aux premier et neuvième mois du calendrier lunaire, et la tradition de la fête de Qixi n’est apparue qu’après la dynastie Song.
En réalité, le neuvième mois lunaire correspond à la fin de l’automne. Lorsque le temps devient plus frais, la Chine connaît la coutume de la fête du vêtement d’hiver ou Hanyi Jie (寒衣节). Dans la Chine ancienne, les femmes devaient commencer à fabriquer des vêtements dès le septième mois lunaire, afin d’être prêtes avant l’arrivée de l’hiver pour pouvoir habiller leurs familles de nouveaux vêtements chauds à l’occasion de la fête de Hanyi Jie. C’est peut-être la raison pour laquelle la fête de « Quête pour la dextérité » a lieu finalement le septième mois lunaire.
Quant à la légende de l’histoire d’amour entre le vacher et la jeune tisserande, elle pourrait trouver son origine dans la scène astronomique observée dans le ciel au septième mois lunaire : lorsque l’étoile Véga qui symbolise la tisserande glisse vers l’Ouest, l’étoile Altaïr qui symbolise le vacher monte au zénith comme si elle poursuivait l’étoile Véga.
Altaïr, le dixième poème des Dix-neuf poèmes anciens de la dynastie Han se lit comme suit :
Au sud-est de la Voie lactée, on peut voir Altaïr de loin,
Et à l’ouest de la Voie lactée, l’étoile Véga est brillante et claire.
La jeune tisserande agite ses mains tendres, longilignes et blanches,
Et son métier à tisser émet des bruits incessants.
Elle n’a pas tissé une seule pièce d’étoffe de toute la journée,
Et ses larmes tombent comme de la pluie.
La Voie lactée semble claire et peu profonde,
Mais quelle est la distance entre les deux rives ?
Bien qu’il n’y ait qu’une seule voie lactée entre eux,
Ils ne peuvent que se regarder l’un l’autre sans se parler.
C’est à ce moment-là que les étoiles Altaïr et Vega ont commencé à être personnifiées.
Dans la dynastie des Han de l’Ouest, le Huainanzi de Liu An et dans la dynastie des Han de l’Est, les Principes généraux des coutumes de Ying Shao, rapportent tous deux que « la nuit du septième jour du septième mois lunaire, les pies forment un pont pour faire passer la jeune tisserande ». On peut constater qu’au cours des deux dynasties Han, le folklore chinois connaissait déjà la légende des retrouvailles annuelles entre le vacher et la jeune tisserande dans la Voie lactée, ainsi que l’histoire du pont des pies.
Une fête féminine pour vénérer la fée tisserande afin de gagner en dextérité
La fête de Qixi, dérivée de la vénération des étoiles, est finalement devenue une fête traditionnelle pour vénérer la fée tisserande, pour les femmes chinoises, dans le passé. La fée tisserande était très douée dans le tissage, le tricot et la broderie. Dans la Chine ancienne, les compétences des femmes en matière de tissage faisaient partie de leur productivité. C’est pourquoi elles se réunissaient la nuit du septième jour du septième mois lunaire, pour vénérer la fée tisserande, dans un pavillon aux couleurs vives, et prier pour gagner en dextérité, ce que l’on appelait la « quête de la dextérité ».
Cette nuit-là, les femmes préparaient des aiguilles en laiton à sept chas et, face à la lune et au vent, faisaient passer les fils colorés à travers les chas, et lorsqu’elles réussissaient, elles gagnaient en dextérité.
Au Sud du fleuve Yangtze, les jeunes brodeuses avaient l’habitude de placer délicatement une aiguille dans un bol d’eau, au clair de lune. Des ondulations d’eau apparaissaient autour de leurs aiguilles flottantes. Celles qui réussissaient à avoir les ondulations les plus complexes produiraient dans l’avenir la meilleure broderie. C’est pour cette raison que la fête de Qixi est également connue sous le nom de « fête de la quête de la dextérité ».
Sous les dynasties Song et Yuan, cette fête a pris une telle ampleur qu’il existait des marchés spécialisés dans la vente d’objets de « quête de dextérité », appelés « marchés de la quête de dextérité ».
La fête de Qixi sous la dynastie des Song du nord
Selon le Dongjing Meng Hua Lu ou les Rêves de splendeur de la capitale de l’Est (东京梦华录), la fête de Qixi sous la dynastie Song du Nord (960 à 1279) était très animée. « Trois à cinq jours avant la fête, le marché était rempli des calèches et des chevaux, des soieries envahissaient les rues, on cueillait des fleurs de lotus non écloses, et les habitants de la capitale aimaient les lotus à deux têtes, en les transportant chez soi, on avait souvent l’admiration des passants. Et les enfants achetaient des feuilles de lotus pour imiter ».
La veille de la fête, les familles riches et nobles installaient souvent dans leurs cours des édifices colorés appelés « Pavillon de Quête de Dextérité ». Ces familles exposaient de petites poupées en bois, en argile ou en cire, propres à l’activité de quête de dextérité, des melons sculptés en fleurs, de l’alcool, des pinceaux, de l’encrier, des aiguilles et des fils. Parfois, les enfants composaient des poèmes, les femmes présentaient de la confiserie de Qixi et brûlaient de l’encens pour la vénération.
Les femmes regardaient la lune et enfilaient des aiguilles. Elles plaçaient également de petites araignées (le mot « araignée » se prononce comme le verbe « tisser ») à l’intérieur d’une boîte pour observer le lendemain matin si la toile d’araignée était ronde et régulière. Si c’était le cas, elles « gagnaient en dextérité ».
En dehors du foyer, les rues de Bianjing, capitale de la dynastie des Song du Nord, étaient non moins animées, avec des stands colorés installés dans les rues pour la vente des produits, la description dans ce livre permet de voir la prospérité de la Chine sous la dynastie des Song du Nord.
Il est écrit dans le livre : « Dans les maisons de thé, les boutiques de vin, les théâtres et autres lieux de divertissement situés à l’extérieur de la porte Song Est de la rue Panlou et à l’extérieur de la porte Liang Ouest de l’État, dans les rues situées à l’extérieur de la porte Nord et de la porte Zhuzhu Sud, ainsi que dans la rue Ma Hang, les gens vendaient tous de petites poupées faites de terre. Toutes étaient décorées de bois sculpté et de barrières colorées, de fils rouges et de cages bleues, ou encore d’or, de perles et d’émeraudes, et il y en avait une paire qui coutait plusieurs milliers. Les familles impériales et nobles, ainsi que les gens du peuple, se disputaient pour les avoir ».
À cette époque, les gens utilisaient également de la cire jaune pour fabriquer des jouets en forme d’eiders, de canards mandarins, de tortues et de poissons, peints avec des couleurs et décorés avec des fils d’or, qui pouvaient flotter sur l’eau sans couler, d’où le nom de « flotteur sur l’eau ».
Ils recouvraient également de terre de petites planches de bois, plantaient des semis de châtaignes, plaçaient de petites huttes avec des mini fleurs et des mini arbres, et installaient de petites figures dans les mini champs et les mini maisons, le tout ayant l’aspect d’un village en miniature et étant appelé « planches à grains ».
Les melons étaient sculptés en forme de fleurs, appelés ainsi les « melons à fleurs ». Il existait également des « sourires », soit les desserts à motifs à base d’huile, de farine et de mélasse, qui étaient fabriqués de diverses manières, par exemple en forme de deux losanges qui se chevauchaient et se rejoignaient. Parfois, on pouvait tomber avec surprise sur une paire de confiseries qui ressemblaient aux dieux de la porte en armure, elles étaient baptisées ainsi « Capitaine en confiserie ».
Les gens avaient également l’habitude de faire tremper des haricots mungo, des haricots pinto et du blé dans un récipient en porcelaine rempli d’eau, et lorsque les graines avaient poussé de quelques centimètres, on les attachait avec des rubans de couleur rouge et bleue, ce que l’on appelait « l’ensemencement ».
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