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Tradition. L’histoire du thé : les fonctions médicinales du thé sous les dynasties Xia et Shang (4/11)

CHINE ANCIENNE > Tradition

PODCAST

Après les empereurs Yan et Huang, la Chine a connu les règnes des empereurs Yao et Shun, puis des empereurs Yu et Tang. Au cours de cette période, le savoir sur le thé s’est développé et son utilisation s’est progressivement multipliée. Bien que le développement du thé au cours de cette période ne soit pas clairement documenté dans les annales, les dynasties Xia (IXe – VIe siècle avant notre ère) et Shang (v. 1570 - 1045) ont été des périodes importantes dans ce domaine.

La dégustation du thé était déjà très répandue dans l’Antiquité en Chine et avait une fonction médicinale

Les gens d’aujourd’hui pensent toujours que la dégustation du thé a commencé après l’apparition des documents écrits et que les gens ont commencé à l’apprécier seulement lorsqu’ils ont disposé d’une base matérielle très riche. En réalité, ce n’est pas le cas.

Par exemple, nous avons appris que le peuple Oroqen, qui habitait depuis longtemps dans les forêts vierges des monts Daxingan au nord-est de la Chine, vivait encore dans une société clanique primitive au milieu du siècle dernier, mais qu’il avait l’habitude de « faire infuser les feuilles d’Astragale ». L’ancienne civilisation chinoise du fleuve Jaune (de la période des empereurs Yan et Huang, à l’étape des empereurs Yao, Shun, Yu et Tang) étant plus évoluée que la civilisation du peuple Oroqen, la consommation de thé dans l’Antiquité devait être encore plus répandue. Dans les temps anciens, le thé avait plus de valeur médicinale que de valeur gustative. Comme les gens de l’époque voulaient avant tout survivre, même la mastication des feuilles de thé servait principalement à des fins médicinales, le thé était rarement utilisé à des fins de divertissement, de sociabilité et d’amusement à cette époque.

À cette époque, les dieux utilisaient différents moyens pour éduquer les hommes, afin qu’ils maîtrisent certaines méthodes agricoles et pratiques nomades, ainsi que les solutions à certains problèmes rencontrés. C’est parce qu’en raison de l’élément de génération et de restriction mutuelles, un phénomène qui semble accidentel revêt souvent un caractère inéluctable. Par exemple, le célèbre artisan chinois Lu Ban (Ve siècle av. J.-C.) a inventé la scie après s’être coupé la main sur une plante épineuse.

Nous allons raconter ici deux histoires qui ne sont pas consignées dans l’histoire ni transmises de bouche à oreille. Elles se déroulent respectivement sous les dynasties Xia et Shang.

Dynastie Xia : la servante du dieu du thé sauva le roi

Un jour, le roi de la dynastie Xia, parti chasser avec ses gardes, se perdit dans les montagnes et eut très soif. Hélas, il n’y avait pas de source d’eau dans les environs, que pouvaient-ils faire ? Deux des gardes avaient tellement soif qu’ils virent un arbre autour d’eux et se précipitèrent pour en cueillir les feuilles et les mâcher. Ils s’effondrèrent tous les deux. Le roi paniqua, car le soleil se couchait et si cela continuait, lui et les autres gardes seraient dévorés par les animaux.

À ce moment-là, il pensa à l’époque où l’empereur jaune avait combattu Chi You, et à l’époque où des empereurs tels que Yao, Shun et Yu avaient vu les dieux leur venir en aide dans des moments de détresse. Le roi se mit alors à genoux et supplia les cieux de lui venir en aide.

Aussitôt après, une belle femme est apparue. Elle semblait âgée de seize ou dix-sept ans, avec une feuille verte sur la tête et vêtue d’une robe rose pâle. Un plumeau à la main, elle se rapprocha du roi et lui dit : « J’ai entendu dire que mon roi est en danger ici, et je suis venue pour l’aider ». Sur ce, elle ôta la feuille verte de sa tête et, d’un coup de plumeau, des gouttes d’eau en sortirent.

Le roi se précipita pour laper, et il se sentit rapidement rafraîchi. Le roi demanda à la jeune dame de donner les gouttes d’eau à ses gardes à tour de rôle, de ranimer, avec les gouttes d’eau suintant des feuilles vertes, les deux gardes évanouis.

Le roi fut très reconnaissant envers la jeune femme et lui demanda d’où elle venait. Elle sourit et dit : « Je suis une servante du dieu du thé, qui m’a envoyée ici pour vous aider. Vous devez désormais vous rappeler que toutes les feuilles ne peuvent pas être mâchées. Le but de la dégustation des cent herbes par Shennong était d’identifier les propriétés médicinales et diététiques des différentes plantes. Vous pouvez tenir compte de l’expérience que Shennong a laissée derrière lui. Si vous consommez par erreur des feuilles nocives pour votre santé, ce ne sera pas bon. De plus, vous, les hommes de cette dynastie, allez renaître dans des lieux lointains dans le futur, et vous devrez là aussi apprendre à survivre ». Sur ce, la déesse les conduisit hors de la forêt, puis disparut.

Dynastie Shang : la bonne façon de déguster le thé fait naître un grand maître des arts du bronze

Les dynasties Xia, Shang et Zhou sont connues sous le nom d’âge du bronze, la dynastie Xia étant le début, la dynastie Shang le développement et la dynastie Zhou l’apogée. La dynastie Shang a consacré beaucoup de main-d’œuvre et de ressources matérielles à la fonte du bronze, ce qui a coûté la vie à de nombreuses personnes.

Un jour, un jeune homme quitta la province du Sichuan pour apprendre le métier auprès d’un maître fondeur de bronze. Pour plaire au maître, le jeune apprenti avait apporté du thé de sa ville natale. Mais ce maître était un homme peu attentif, qui se contentait de savoir que le thé était bon, mais qui ne demandait pas quel était le meilleur moment pour le boire.

Un jour, au milieu de son travail de fonte, tout en sueur et assoiffé, le maître mit un peu de thé dans l’eau chaude et commença à le boire, mais très vite il fut pris de vertiges et s’écroula. Un surveillant qui passait par-là, le vit allongé et pensa qu’il ne faisait rien, il lui donna des coups de fouet et l’aspergea d’eau. Très vite, le maître se réveilla et crut que son jeune apprenti avait voulu lui faire du mal. Le maître se vengea sur le jeune homme, le battit et le renvoya.

Le jeune homme se sentait lésé et n’avait nulle part où aller, il se mit en route en direction du Sichuan. À mi-chemin, plus il y pensait, plus il se sentait frustré et, désespéré, il décida de se pendre à un arbre. L’arbre n’était pas solide et se brisa. Le jeune homme tomba et ne se releva que peu de temps après. Encore plus découragé, il pensa que c’était la faute des feuilles de thé et jeta le reste des feuilles à ses pieds. Peu de temps après, il commença à pleuvoir. Il se mit à bouger, et, tout à coup, il sentit un parfum rafraîchissant autour de lui, et l’eau sous ses pieds changea de couleur. Il prit le thé, le renifla et se sentit beaucoup plus en forme. Il comprit alors que boire du thé était un art qui demandait des occasions et de la patience, et qu’il n’était pas possible d’en boire à n’importe quel moment et dans n’importe quelle circonstance.

À ce moment-là, un vieil homme arriva. Le voyant dans cet état, le vieillard lui demanda pourquoi. Il lui raconta ce qui s’était passé, puis lui fit part de ses doutes : pourquoi mon maître était-il ivre après avoir bu le thé, alors que moi je reniflais les mêmes feuilles de thé mais me sentais rafraîchi ? Le vieil homme lui expliqua alors dans quelles circonstances on pouvait boire du thé et dans quelles circonstances on ne pouvait pas en boire. Le jeune homme a pris tout cela à cœur. Quand le vieil homme vit qu’il avait compris, il prit congé et partit.

Après avoir compris cela, il retourna chez le maître fondeur de bronze et lui en fit part. Son maître y prêta attention et, après avoir bu ce thé, il se sentit vraiment rafraîchi, fut très heureux et enseigna à l’apprenti toutes les techniques qu’il avait maîtrisées. Enfin, le jeune apprenti devint lui aussi, un forgeron très célèbre.

Rédacteur Yi Ming
Collaboration Charlotte Clémence

À suivre...

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