Un ancien idiome chinois très décrié, nan zun nü bei (男尊女卑), est souvent compris comme signifiant « homme supérieur, femme inférieure ». Cependant, la langue et l’interprétation chinoise moderne ont obscurci le sens de ces mots, créant une confusion sur la façon dont la culture chinoise traditionnelle considérait la relation entre les hommes et les femmes.
En apparence, le caractère zun (尊) signifie respect ou exaltation, tandis que bei (卑) implique la modestie et l’humilité. Il n’y a pas de jugement posé sur la prédominance d’un rôle sur l’autre, il s’agit davantage de complémentarité et de différence dans la spécificité du rôle de chacun. Compte tenu de la façon dont les deux caractères sont utilisés pour former des mots dans le chinois moderne, le vieux dicton a été compris comme un affront fait aux femmes.
En particulier dans la Chine d’aujourd’hui, qui a connu des changements radicaux pendant et après la révolution communiste, les connotations authentiques et la sagesse qui se cachent derrière l’idiome ont été encore plus mal comprises.
La signification de l’expression nan zun nü bei
Dans la philosophie chinoise et notamment le taoïsme, le yin et le yang sont deux éléments complémentaires, qui sont utilisées dans l’analyse de tous les phénomènes de la vie et du cosmos. Dans la culture traditionnelle chinoise, la relation entre mari et femme est fondée sur l’harmonie entre le yin et le yang – le yang représentant le masculin, la force, la dureté, l’action, la lumière, la chaleur, le manifeste, l’agitation tandis que le yin incarne le féminin, la douceur, la passivité, la réceptivité, l’obscurité, le froid, l’intuition, la tranquillité. Le yin et le yang peuvent être considérés comme le concept philosophique de base d’une grande partie de la culture chinoise, comme le Taiji, le Livre des changements (le Yi Jing) et les méthodes utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise ou le feng shui.
Selon le principe du yin et du yang, la masculinité incarne la force yang, qui est tempérée et équilibrée par la nature yin de la féminité. Sans une importance égale entre ces forces opposées, l’harmonie serait perdue.
Par conséquent, les femmes ne recherchaient généralement pas à rivaliser avec les hommes dans la vie publique ou au travail, les normes traditionnelles chinoises en matière de genre considéraient les femmes comme complémentaires, et non inférieures, aux hommes.
Malgré leurs significations modernes, les deux caractères zun et bei proviennent du Livre des changements, où ils décrivaient l’équilibre entre le yin et le yang. En raison des contrastes entre les hommes et les femmes, ils sont généralement adaptés à des rôles différents dans la famille et la société. Lorsque les hommes et les femmes respectent leurs prédispositions naturelles, l’humanité s’épanouit. Tout est harmonieux.
L’expression nan zun nü bei – « hommes respectueux et femmes humbles » – signifie en fait une harmonie complémentaire entre les sexes, et non l’infériorité des femmes devant les hommes.
Zun et bei font référence à une polarité : le ciel en haut et la terre en bas. Le Livre des Changements déclare : « Comme le ciel en haut est digne et que la terre en bas est humble, les positions du ciel et de la terre, qian et kun (乾坤), sont ainsi déterminées. Dans le positionnement du bas et du haut, les humbles et les dignes ont chacun leur place… Les hommes héritent de la voie du qian (ciel) et les femmes portent la voie du kun (terre). »
L’harmonie dans l’équilibre
Selon le Livre des changements et d’autres ouvrages de la philosophie taoïste chinoise, l’humanité suit les schémas du ciel et de la terre pour prospérer, s’écarter de la voie naturelle entraîne misère et désastre.
Confucius a parlé du jun zi (君子) ou « gentilhomme » qui a atteint un haut niveau de raffinement moral. Selon le Livre des changements, « les cieux sont sans cesse en mouvement, les jun zi s’exercent constamment. » « La nature de la terre est généreuse, tolérante, le jun zi supporte tout avec vertu. » De même, les femmes aspirent à l’idéal moral du shu nü (淑女) – une femme digne, modeste, respectueuse et persévérante.
Les trois reines Tai Jiang, Tai Ren et Tai Si, épouses de trois rois successifs il y a 3 000 ans, en sont l’illustration. Les « trois Taï » ont aidé leurs maris vertueux à établir les bases de la dynastie Zhou, qui a duré 800 ans (de 1046 à 256 av. J.-C.).
Tai Si, décrite dans le Classique de la poésie comme un archétype de shu nü, un bon parti pour son mari, le roi Wen de Zhou, s’occupait de l’éducation des dix princes du couple royal et de la gestion du harem.
Selon les Biographies de femmes exemplaires (列女傳), cela permettait au roi de se concentrer sur sa gouvernance et de civiliser le pays. Tai Si est honorée en tant que wen mu (文母), la « mère cultivée », et il est dit du couple royal que « le roi Wen gouvernait l’extérieur tandis que Wen Mu gouvernait l’intérieur. »
Lorsque les hommes sont droits et nobles et que les femmes sont humbles et tolérantes, la famille sera naturellement harmonieuse. Une société qui fonctionne selon ce principe respectera et valorisera les femmes.
La sagesse traditionnelle dévalorisée
Avant et après son arrivée au pouvoir, le Parti communiste chinois a prôné la « libération » des femmes. Mao Zedong, fondateur de la Chine communiste, a proclamé que « les femmes représentent la moitié du ciel ».
Souvent considérée comme une déclaration en faveur des droits et de l’égalité des femmes, cette attitude visait en fait à effacer les différences, et donc l’équilibre, entre les hommes et les femmes. Pendant la révolution culturelle et d’autres campagnes communistes, les femmes chinoises étaient méprisées ou punies pour s’être habillées à la mode.
Les dégâts d’un tel endoctrinement sont profonds. Le Parti communiste chinois, loin de « libérer » les femmes, a remplacé les vertus familiales traditionnelles par une culture de la lutte, dressant les hommes et les femmes les uns contre les autres et plongeant la société dans le chaos. De nombreuses personnes qui ont grandi pendant la révolution culturelle se sont habituées à des modèles de comportements grossiers et non civilisés qui étaient valorisés et encouragés à cette époque. Ces valeurs sont totalement à l’opposé de celles que l’on trouve dans la civilisation chinoise ancienne.
La politique de l’enfant unique du PCC, responsable de l’avortement d’environ 400 millions de femmes, a encore aggravé la tendance. Des millions de garçons et de filles ont fini par être élevés comme des « petits rois » ou des « princesses » gâtés par leurs aînés, sans que leur éducation morale soit vraiment prise en compte.
Dans la Chine d’aujourd’hui, le divorce et l’infidélité sont monnaie courante. Les hauts fonctionnaires sont connus pour leurs nombreuses maîtresses et leur vie de débauche. Les mariages et les enfants sont de moins en moins fréquents, ce qui laisse présager un sombre avenir démographique pour la Chine.
Rédacteur Swanne Vi
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