Bien que les cérémonies du mariage chinois moderne aient beaucoup évolué depuis la Chine ancienne, une chose n’a jamais changé : le marié doit se rendre chez sa fiancée pour aller la chercher le jour de leur mariage. Pourquoi est-ce nécessaire ?
Le mariage chinois, une tradition de 3 000 ans
Aprèsque le duc de Zhou ait établi les rites il y a 2 000 à 3 000 ans, il existait un ensemble de procédures fixes pour un mariage chinois, connues sous le nom des « Six Rites ».
1. La demande en mariage par la famille du jeune homme (Na Cai, 納彩)
La demande en mariage ou Na Cai signifie que la famille du jeune homme demande à l’entremetteuse de proposer le mariage à la famille de la jeune fille. Une fois la proposition acceptée, la famille du jeune homme envoie un messager à la famille de la jeune fille pour lui offrir un cadeau : une oie cygnoïde vivante.
2.Le questionnement sur le nom de famille de la mère de la jeune fille (Wen Ming, 問名)
Après la première étape, le messager procède à l’étape Wen Ming pour questionner sur le nom de famille de la mère de la jeune fille afin de connaître la relation familiale de la future belle-mère du jeune homme et éviter qu’un mariage entre deux familles du même nom se produise. Selon la tradition chinoise, un tel mariage peut nuire aux prochaines générations. Le messager demande également l’heure, la date, le mois et l’année de naissance de la jeune fille pour vérifier si sa destinée est compatible avec celle du jeune homme.
3. La famille du jeune homme informe la famille de la jeune fille qu’il n’y a pas de contradiction entre leurs destinées (Na Ji, 納吉)
Si les noms et les destinées des deux jeunes sont compatibles, la famille du jeune homme envoie un messager à la famille de la jeune fille pour annoncer la bonne nouvelle et leur union, ce qui est appelé Na Ji.
4. Les fiançailles (Na Zheng, 納徵)
Ensuite, la famille du jeune homme envoie un cadeau à la maison de la jeune femme, qui à l’époque pré-Qin, était de la soie et de la peau de daim. C’est ce qu’on appelle le Na Zheng, l’équivalent des fiançailles de nos jours.
5. Les deux familles conviennent de la date du mariage (Qing Qi, 請期)
Après les fiançailles, la famille du jeune homme choisit une date propice pour le mariage à l’aide de la divination et, en signe de respect pour la famille de la fiancée, envoie un messager à la famille de la fiancée pour confirmer la date, un rituel connu sous le nom de Qing Qi. La famille de la fiancée laisse souvent la famille du jeune homme confirmer la date, après quoi le messager informe la famille de la fiancée quelle est la date définitive.
Les cinq procédures mentionnées ci-dessus devaient être effectuées le matin et, à chaque fois, les messagers apportaient une oie cygnoïde parmi les autres cadeaux. Pourquoi l’oie cygnoïde ? Parce que les oies cygnoïdes sont des oiseaux migrateurs qui ne manquent jamais leur migration annuelle. Ils partent en automne et reviennent au printemps, ce qui est une métaphore pour le mari et la femme qui restent fidèles l’un à l’autre.
De plus, le vol des oies est très organisé, les oies fortes à l’avant et les oies jeunes et faibles à l’arrière, ce qui n’est pas le cas des autres oiseaux migrateurs, et est utilisé dans le mariage comme métaphore de l’ordre des jeunes et des vieux.
6. Le jeune fiancé se rend chez sa fiancée le jour de leur mariage pour aller la chercher (Qin Ying, 親迎)
Le jour J, le fiancé doit se rendre chez sa future épouse pour l’accueillir en personne, à l’heure du crépuscule. Dans l’ancien temps, le crépuscule était l’opposé de l’aube, c’est-à-dire environ une heure et demie après le coucher du soleil. Selon l’interprétation confucéenne, le marié se rend chez la mariée pour l’accueillir, et la jeune fille suit son mari jusque chez lui, ce qui signifie une interaction entre le yang et le yin. Alors le crépuscule correspond au moment où le yin et le yang se rencontrent. C’est de là que vient le caractère chinois pour le mariage ( 婚 , Hun), qui se prononce comme le crépuscule (昏, Hun).
Le père du marié instruit ce dernier avant qu’il ne parte, tandis que la mariée, sur son trente-et-un avec la tenue de mariée chinoise, attend dans sa chambre, face au sud, l’arrivée de son mari. Lorsque le marié arrive, le père de la mariée sort pour l’accueillir, puis le marié s’incline devant ses beaux-parents pour les saluer. La mariée quitte sa chambre et suit son mari pour faire la cérémonie de mariage chez sa belle-famille.
Pourquoi le marié se rend-il chez sa fiancée pour l’accueillir ?
Il y a probablement trois raisons principales. Premièrement, c’est un signe de respect pour la mariée et une caractéristique de l’institution du mariage chinois ancien selon laquelle les femmes vivent avec la famille de leur mari.
Deuxièmement, l’accueil de la mariée par son mari était considéré comme un critère déterminant la relation mari et femme. Dans la Chine ancienne, si le mari mourait avant la cérémonie, la femme pouvait se remarier. En revanche, si le mari décédait après la cérémonie de mariage, la femme ne pouvait plus librement se remarier.
Troisièmement, les Chinois ont également adopté une mentalité commune selon laquelle « les femmes sont timides par nature et l’homme doit prendre l’initiative d’aller chercher son épouse », car le yang est actif et le yin passif.
Bien qu’en cette époque moderne, les Chinois ne savent plus ce que sont les « Six Rites », ils continuent à suivre inconsciemment les anciens rituels de se rendre chez la mariée pour l’emmener à la cérémonie de mariage. Et si les Chinois retournaient un jour à cette tradition millénaire ?
Rédacteur Jessica Wang
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