La Fête des Lanternes, également connue sous le nom de « Festival Shang Yuan » (上元節) est la première nuit de pleine lune de la nouvelle année chinoise d’après le calendrier traditionnel connu sous le nom de Calendrier Jaune (黃曆) car il aurait été créé par l’Empereur Jaune (黃帝), premier empereur de Chine. Ce jour-là est également le dernier jour des célébrations du Nouvel An chinois annonçant l’arrivée du printemps. C’est un grand jour qui donne lieu à une variété de célébrations rituelles telles que le rite pour la première pleine lune, le rite du culte des ancêtres et la réunion de famille.
Manger des Yuanxiao durant la Fête des Lanternes
Manger des Yuanxiao (元宵), boulettes fourrées de pâte de riz gluant, pendant la Fête des Lanternes est une coutume populaire dans tout le pays. Cette spécialité culinaire sucrée est apparue pour la première fois sous la dynastie Song (宋, 960-1279). Le poète de la dynastie Song, Jiang Baishi (姜白石) a écrit dans un poème intitulé Poème pour la Fête des lanternes (詠元宵) : « Les précieux invités lèvent le rideau pour contempler la grande rue de la ville Impériale, les trésors de la ville y viennent pour un certain temps ». Ces trésors de la ville font référence aux Yuanxiao.
Zhou Bida (周必大), un autre poète de la dynastie Song a également écrit un poème relatif à la cuisson des Yuanxiao : « Cette nuit, quelle nuit sommes-nous ? C’est le soir des retrouvailles, le chef des sommeliers va à la rencontre d’anciennes saveurs, la cuisinière se surpasse en cuisine et dévoile son savoir-faire, des étoiles sont visibles au travers des nuages et des perles flottent dans de l’eau farineuse, ce poème est improvisé pour le Nouvel An afin de mettre en valeur les traditions familiales qui perdurent ».
Les Yuanxiao sont appelés aussi Tangyuan (湯圓) qui signifie littéralement « ronds dans la soupe ». Ces boulettes sont fourrées au sucre blanc, à la rose, avec de la purée de graines de sésame, de la purée de haricots rouges sucrés, des noix, de la purée de jujubes etc. Ces boulettes de riz sont faites à base de farine de riz gluant. C’est le plus souvent une spécialité végétarienne sucrée avec différentes saveurs. Les boulettes une fois fourrées peuvent être cuites à la vapeur, frites ou bouillies dans de l’eau.
On les sert le plus souvent flottant dans un bol d’eau bouillie, comme des lunes suspendues dans le ciel. Dans le ciel, il y a une lune pleine, dans le bol, il y a des boules rondes, toutes deux signifient les retrouvailles et le bonheur (N.D.R. : Le mot rond en chinois symbolise les réunions familiales tout autour de la table).
Contempler les lanternes
Pendant le règne de l’Empereur Hanming de la dynastie Han (漢明帝, 58-75 après J.-C.), l’Empereur prônait le Bouddhisme venu d’Inde, alors qu’un moine chinois appelé Cai Yin (蔡愔) revenu d’Inde après avoir obtenu les enseignements Bouddhiques, expliqua que le 15ème jour du premier mois en Inde, les moines se réunissaient pour vénérer les reliques du Bouddha, ce qui était un moment propice pour honorer le Bouddha. Afin de promouvoir le bouddhisme, l’Empereur a ordonné d’allumer des lanternes dans le palais et les monastères le 15ème jour du premier mois pour célébrer le Bouddha.
Depuis lors, la coutume d’accrocher des lanternes lors de la Fête des Lanternes s’est répandue dans toute la population, elle n’était plus réservée qu’au Palais de l’Empereur. En d’autres termes, le 15ème jour du premier mois, les nobles et les gens du commun se mirent tous à accrocher des lanternes et les villes et les campagnes étaient éclairées toute la nuit.
La coutume d’allumer des lanternes et de les accrocher durant la Fête des Lanternes s’est transformée en festival des lanternes de plusieurs jours, sans précédent sous la dynastie Tang. A cette époque, la capitale Chang’an (長安) était déjà la plus grande ville du monde avec une population de plus d’un million d’habitants, et sa société était prospère.
Le Poète Su Weidao (蘇味道) de la Dynastie Tang décrit cela dans son poème La Quinzième nuit de la première lune : « Les branches sont couvertes de lanternes colorées et allumées. On dirait un arbre en feu et des petites fleurs d’argent. Le pont est plein de lumières. Les flammes et les lumières des lanternes ressemblent à des étoiles. Il n’y a plus de couvre-feu la nuit et les gens peuvent en profiter. Les gens qui regardent les lumières sont nombreux comme les montagnes et la mer immense, alors que les lumières brillantes éblouissent les étoiles dans le ciel. »
Marcher contre les cent maladies
En plus des célébrations, il existe aussi une autre coutume populaire qui consiste à « marcher sur le pont », aussi appelée « marcher contre les cent maladies », « tuer les cent maladies » ou « disperser les cent maladies ». Les gens marchent par deux ou en groupe, soit pour traverser le pont, soit pour se diriger vers la banlieue, le but est de chasser les maladies et d’éloigner les catastrophes.
La médecine chinoise estime que le printemps est le moment où tout naît, c’est le meilleur moment pour restaurer la vitalité du corps. Profiter de cette période pour marcher à l’extérieur, pour se balader sur le pont pourraient contribuer à revivifier les méridiens du corps, étirer les muscles et les os, ainsi qu’améliorer le métabolisme.
Rédacteur François René
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